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27/01/2005

D'une sortie spinoziste de la Caverne

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Il est tout simplement impossible de nier son essence.

On peut bien s’aveugler, se bercer d’illusions. Mais l’essence singulière subsiste néanmoins, et cette part obscure irradie partout sa non-effectuation et donc le manque-à-être.

Chacun possède un certain seuil d’intensité maximale variable certes selon les individus. Mais refuser d’atteindre ce seuil personnel, c’est se condamner. On ne sait pas d’avance de quoi l’on est capable.

L'univers est infini. Il est en fait absolument infini. Il est composé de particules infiniment (d'un infini actuel, non potentiel) petites. Elles composent donc des essences ou singularités qui sont individualisées par un rapport différentiel de vitesse entre particules. A l’infini, une singularité est donc à la fois composée de singularités et composante de singularités. Elle est vague de vagues. La substance absolument infinie s'avère être la singularité infiniment grande.

Nous ne connaissons que deux attributs de la substance, la pensée et l’étendue, puisque nous sommes un complexe de modes des attributs pensée et étendue. Ainsi, la singularité que nous sommes est-elle un composé de corps et d’âme et chaque idée dans la pensée est celle d’une partie du corps. Ce concept d’idée à une forte extension. En effet, les modes de l’attribut pensée, les idées, sont les sensations, les sentiments, les imaginations, les intellections...

A un instant donné, une singularité possède une configuration particulière, ses parties infiniment petites ont entre elles des rapports définis de vitesses différentielles, c’est-à-dire de mouvement et de repos relatifs. Cette coupe instantanée définit parallèlement un état d’affection de la singularité. Celle-ci a une certaine valeur différente de celle qu’elle avait lors de l’instant immédiatement précédent ; c’est même grâce à cela qu’on sent le temps passer. C'est dans ce passage atemporel, situé entre deux états infiniment proches d’une singularité donnée, que surgit l’affect qui se définit comme le passage d’une affection à une autre : l’affect peut être de croissance ou diminution, de joie ou de tristesse.

Ne pas savoir ce que nous pouvons, ne pas connaître à l’avance les affects que nous sommes susceptibles d’éprouver implique par conséquent d'adopter une attitude très spéciale.

Si nous renonçons à exprimer notre essence, c’est-à-dire à créer des joies actives, c’est l’essence d’autres singularités qui affectera la nôtre. En effet, toute singularité en rencontre d’autres puisque la substance est unique, c'est-à-dire qu’il n’existe qu’un seul plan de réalité. Mais comme elle est absolument infinie, elle ne les rencontrera pas toutes. Il est fatal que toute singularité soit d’abord soumise au hasard des chocs, qu’elle subisse des passions. Ces compositions pourront respecter notre essence et former un tout supérieur avec elle, nous éprouverons dans ce cas une joie passive. Mais il se peut au contraire que les deux singularités disconviennent et qu’une de nos parties soit détruite, alors nous serons affectés de tristesse.

Toujours, nous serons le jouet de déterminismes externes. Cependant, puisqu'il est inévitable que nos premiers affects soient passifs, il importe de sélectionner les joies passives. Ainsi acquérons-nous assez de force pour commencer à former des notions communes, des concepts qui pourront nous permettre d’exprimer notre essence, d’avoir des affects actifs. Notre essence commencera à se remplir, et notre puissance, notre capacité d’intensité, augmentera peu à peu : nous pourrons atteindre l’entrée dans le troisième genre de connaissance, le domaine du percept, peut-être même du "mystique".

Quel est ce sentiment qui exprime l'atteinte du seuil singulier d’intensité maximale, qui indique que notre essence est intégralement effectuée ? L'état de grâce.

 

 

 

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