Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/02/2006

Transigere est alienare

« Le théâtre n'est fait que pour être vu. » (Molière)

medium_bergman-septieme_sceau.jpg


Il n'y a pas de néant pour Nietzsche. Il y n'a que cette conscience qui prend les reflets pour le soleil, qui hallucine le néant. La conscience, non l'âme qui est comme mélodie du corps. Car la conscience, Nietzsche la remet à sa place, c'est-à-dire la définit comme la manifestation de la limite entre un corps et ce qui lui est extérieur.

Il n'y a pas de néant pour Nietzsche, il y a le chaos, à la fois créateur et destructeur. Son oui est affirmation des gouffres, de l'absurde et de la joie. Le tragique de l'existence n'est donc en aucun cas corrélatif de la mort. Contrairement aux Stoïciens pour qui le rôle qu'ils jouent dans la pièce leur vient de l'extérieur, ici, le sens doit être créé ; c'est dans la vie qu'il se donne, ce n'est pas par la mort qu'il advient.

Le néant n'est pas même ombre puisqu'il n'est rien, c'est-à-dire ne tire son prestige que du langage. Les ombres, ce sont les fantômes d'une conscience faible ou affolée.

C'est la singularité d'une vie qui lui donne son éclat, c'est-à-dire l'éternité de son essence qui est sans rapport au temps, ni donc à la mort.



Commentaires

OUI .

Écrit par : Simone | 21/02/2006

« Nul être connaissant plus que celui qui philosophe ne se tient à chaque instant, nécessairement et avec une telle dureté, au bord de l’erreur » (Kojève)

Écrit par : Carna vale | 21/02/2006

C’est un Nietzsche très spinoziste que vous peignez là. Si le sauvage sage ne médite rien moins que la mort, le « tragique » de l’existence ne fait l’objet d’une assomption héroïque qu’à travers le défi que la conscience de soi lance à l’angoisse, se sachant –et se voulant- jouée des Dieux et jetée irrésistiblement vers l’ultime impossibilité de ses possibilités, la mort. Car enfin, ramener la totalité de l’étant au seul principe ontologique de la volonté de puissance n’est-ce pas affirmer que seul le tout autre de la vie, est condition d’effectuation et de compréhension affirmative de celle-ci, et vice versa. De sorte que la vie contient toujours déjà son tout autre, structuralement, vers lequel elle est irréversiblement en marche. Que le sens doive être créé « dans et par la vie », ne subsistant pas dans quelques cieux éternels, n’implique pas moins que la tâche n’incombe qu’au mortel et dont l’urgence ne se pressent qu’à travers la saine conscience de sa finitude radicale. L’on ne dévoile jamais assez l’irréductible pendant du oui nietzschéen de l’affirmation tragico-joyeuse de l’éternel retour de la vie et qui est le non, crié tout aussi fort, envers tout ce qui est faible, déviant, vieux et dépérissant. L’infinité des variations des marches monadiques vers la mort représente ainsi autant de degrés de puissance de la vie. C’est parce qu’il est mortel que l’existant crève de vouloir donner sens aux gouffres, à l’absurde, au chaos. L’essentialisme spinoziste des singularités en Dieu, les sauvant de leur existentielle inquiétude au nom d’une certaine éternité, semble difficilement trouver écho dans la déperdition dionysiaque consubstantielle au devenir-soi.

Écrit par : Ju | 21/02/2006

La volonté dans la puissance c'est le degré celcius dans la puissance, qui détermine la hiérarchie dans l'immanence du devenir sélectif .

Écrit par : Simone | 21/02/2006

Quand Nietzsche dit "ce n'est pas l'intensité mais la durée d'un grand sentiment qui fait l'homme supérieur " il faut visionner ce corrolaire : ce n'est pas la durée mais l'intensité(sans rapport au temps en effet, donc à la mort) d'un grand sentiment qui fait le surhomme .

Écrit par : simone | 21/02/2006

Un Nietzsche spinoziste ne vaut-il pas mieux qu'un Nietzsche heidegerrien ?
"Le vivant n'est qu'un genre du mort - et un genre fort rare."
La pensée de la mort est premièrement une épreuve : la pense-t-on en limite (et donc en interface vers un autre, un au-delà) ou la pense-t-on comme déjà présente ? La juste pensée de la mort procèderait à ce renversement : juger la vie au regard de la mort, non comme le pour-quoi de l'homme, non comme pro-jet de sa finitude, mais comme unique domaine de sa fortuite apparition. Ce regard de monotonie permet alors l'ingestion ultime de l'insignifiant. Une fois celui-ci digéré, comme tout le reste, d'autant plus insoutenable qu'il est insignifiant, se dévoile la possibilité de la joie. Possibilité intensive, il est vrai, possibilité hors temps puisque corrélative de ce "chaos de toute éternité". L'assomption du tragique hasardeux en nécessaire inscrit la pensée dans l'éternité - "l'éternel oui" à la mort toujours déjà là, toujours recommencée, toujours à RE-venir.

Écrit par : nicolas | 21/02/2006

Si l'homme libre sait qu'il va mourir, il vit souverainement et n'a pas la vilenie de faire de sa vie une méditation de la mort. Celle-ci n'est qu'une rencontre, la dernière, mais elle est externe à l'essence de la singularité que nous sommes. C'est cela la "grande identité Nietzsche-Spinoza" invoquée par Deleuze : "nous sentons et nous expérimentons que nous sommes éternels". Au contraire, la caractéristique des nihilismes, c'est d'halluciner la mort comme interne et essentielle. Ces métaphysiques sont masques d'impuissance et adéquates à la faiblesse d'une vie épuisée. Oui, la lâcheté est de tenir le néant pour quelque chose ; il n'est qu'une idée, celle de l'être doublée de sa négation. C'est par un tour semblable que, du fait qu' "on meurt", on voudrait tirer la pompeuse instance de la mort. Comme disent les Stoïciens, la mort n'est rien pour nous, car quand je suis, elle n'est pas, et quand elle paraît, je ne suis plus. Tragédie ? Non, pathos sans fondement. Le véritable sens du tragique est lié à la singularité, à l'unicité, à l' "idiotie" d' "une vie". Or le nihilisme, qui inverse l'antériorité de l'être sur le langage ( le plus plat des sophismes), opère, comme dirait Rosset, la duplication du réel. Oui, pour Nietzsche on assiste là à la constitution d'arrière-mondes ; néant et mort sont comme des excitants, de vulgaires "spiritueux". En effet, la vie est injugeable et n'a d'ailleurs pas à être jugée ; elle ne se mesure qu'à elle-même, certainement pas au néant ni à la mort qui ne sont que flatus vocis, c'est-à-dire ni être ni devenir.

Écrit par : Anaximandrake | 21/02/2006

La mouche suit le coche mais c'est le coche qui franchit . Ainsi du NON pour le OUI

Écrit par : Simone | 22/02/2006

Le sophisme, c’est de dire que le non-être n’est qu’un jeu de langage. Allez donc dire à qui perd tragiquement son enfant que le non-être n’est qu’un être de raison, la négation fictive, ne résidant qu’en l’esprit, de ce qui est et ne peut qu’être.
Si au regard de Dieu ou de la totalité, le non-être n’est effectivement « rien », le mode, lui, s’y confronte constamment. Le non-être est relatif, mais il est. La volonté de puissance, ou de persévérance en son être est indissociablement fuite face à et lutte contre le non-être, son non-être. Se pourrait-il que la vie, partout et toujours, soit fuite devant ce qui n’est pas et ne peut être, que tout pressentiment de ce qui ne se donne pas à voir du fait qu’il n’est jamais proprement notre, ne soit qu’auto-création fantasmatique d’affect devant le purement et simplement « rien » ?
« L’unicité, la singularité, l’idiotie » d’une vie se donnent elles à voir indépendamment de son caractère éphémère, fini et de l’idée qu’une même totalité éternelle est condition de possibilité de ce qu’elle peut ravir à tout instant ?
Alors oui, la vie n’a pas à être jugée, aussi Nietzsche se pose-t-il en s’opposant aux pessimistes et autres décadents. Mais concevez-vous quelque valeur qui ne soit pas acte de jugement ? Celles, « crées », du surhomme ne combattent-elles pas le non-être envahissant qui fait face à la vie en son sein ? Certes la maladie, c’est encore la vie qui se tue elle même, mais c’est bel et bien au non être que s’expose le soi à travers elle.

Écrit par : Ju | 22/02/2006

"oh toi, le plus remplaçable des êtres!"

si beau...

Écrit par : arthur | 22/02/2006

" Lerntet ihr nun mein lied ? Errietet ihr, was es will ? Wohlan ! Ihr höheren Menschen, so singt mir nun meinen RUNDGESANG!
Singt mir nun selber das lied, des Name ist " Noch einmal ", des Sinn ist " In alle Ewigkeit! "-singt, ihr höheren Menschen, Zarathustras RUNDGESANG !

O Mensch ! Gib acht !
Was spricht die tiefe Mitternacht ?
"Ich schlief-
Aus tiefem Traum bin ich erwacht:-
Die Welt ist tief,
Und tiefer als der tag gedacht.
Tief ist ihr Weh-
Lust-tiefer noch als Herzeleid:
Weh spricht:Vergeh!
Doch alle lust willEwigkeit-
-will tiefe, tiefe Ewigkeit! "

( Die trunkne Lied :12 ) Also sprach Zarathustra )

Écrit par : Simone | 22/02/2006

"Il y n'a que cette conscience qui prend les reflets pour le soleil, qui hallucine le néant. La conscience, non l'âme qui est comme mélodie du corps."

Écrit par : Adam kadmon | 22/02/2006

Et le théâtre a été fait pour cela!J’aurai voulu être vu,on est l’essence

Écrit par : miroir.du.mystère | 22/02/2006

Il y a une différence entre l'être et l'étant, nommément la différence ontico-ontologique. Mais je présumerai qu'il s'agit d'un oubli. De même et plus simplement, l'essence n'est pas réciprocable à l'existence. Ce genre de préalable me semble requis avant toute manipulation de transcendantaux.

Écrit par : Anaximandrake | 23/02/2006

A Anaximandrake,
Ben voyons, c’est votre deleuziannisme-spinozisto-nietzschéen qui vous autorise autant de pédantisme en si peu de mots ? bla bla L’essence intensive qui ne dure pas et est donc éternelle, laquelle éternité se donne à vivre « expérimentalement », bla, de sorte que l’existant, bien que non réciprocable avec son essence, « devient » éternel, par sa science intuitive, dans la durée. Cela va de soi. Mais voyez-vous, je lis chez Nietzsche moins de sérénité, une éternité qui doit être voulue, héroïquement, plutôt que simplement constatée. Nietzsche me semble à mille lieues de cette thématique scolastique de la coupure essence/existence. Quant à la différence ontologique, seule une certaine négativité de ce qui se retire en se donnant, se voile en se dispensant, permet de l’entendre. Mais je vous fais perdre votre temps.

Écrit par : Ju | 23/02/2006

Oui, une éternité constatée parce qu'elle est devenue et ne cesse de devenir. Quant à la distinction essence-existence, qui n'est pas une coupure mais une non-identification, il est heureux que Nietzsche n'y insiste pas et la considère comme entendue, ayant mieux à faire que de rappeler des évidences, id est que l'être n'est pas l'étant, ou encore que ne pas exister n'est pas ne pas avoir été, etc. Un peu d'attention, à défaut de sérénité, est nécessaire en effet ; Nietzsche est subtil, certainement pas confus. De même, la négativité n'est pas inexistante, tout en n'étant pas ontologique. Enfin, le devoir être ou le devoir vouloir, ou même la volonté de volonté, ne sont pas nietzschéens mais nihilistes, c'est-à-dire relèvent d'un "héroïsme" sacrificiel et posthume, non pas souverain et actuel.

Écrit par : Anaximandrake | 23/02/2006

Il y a sans doute autant de « distinctions non-identificatrice de l’essence-existence » que de penseurs. Et je ne vois pas que pour l’auteur de la différence ontologique celle-ci recoupe celle-là. Enfin je ne comprendrais jamais comment peut-on ne pas voir que zarathoustra est l’épreuve du vouloir par excellence, et comment Nietzsche s’y fait le plus grand des moralistes. Toute valeur est un devoir être ou un devoir vouloir, s’opposant ainsi au nihilisme primaire. Que le devoir-être doive être tiré du cœur même de l’être pour ne pas être mortifère, que le caractère de l’éternité doive s’inscrire dans le devenir, voilà ce que professe le prédicateur de la création des valeurs. Un héroïsme sacrificiel mais non moins souverain et actuel.

Écrit par : Ju | 23/02/2006

Etre est, non être n'est pas. Univocité ontologique et non différence ontologique. Parménide et Nietzsche ont tous deux compris qu'il y avait certaines choses et que c'est tout.

Écrit par : nicolas | 23/02/2006

"Toutes les grandes choses périssent par elle-même, par un acte "d'auto-supression" : ainsi le veut la LOI DE LA VIE, la loi d'une FATALE "VICTOIRE SUR SOI MÊME" dans L'ESSENCE de la vie- toujours, pour le LEGISLATEUR lui-même finit par retentir l'arrêt " patere legem quam ipse tulisti". .."
"...Et me voici revenu à mon PROBLEME ..."Que serait pour NOUS le sens de la vie tout entière, si ce n'est qu'en nous cette volonté de vérité arrive à prendre conscience d'elle-même EN TANT QUE PROBLEME? ...LA VOLONTE DE VERITE , une fois consciente d'elle-même ce sera- la chose ne fait aucun doute-LA MORT DE LA MORALE: c'est là le spectacle grandiose en cent actes, réservé pour les deux prochains siècles d'histoire européenne,
spectacle terrifiant entre tous, mais peut-être fécond entre tous en magnifiques espérances "

Nietzsche: la généalogie de la morale troisième dissertation (27)

Écrit par : Simone | 23/02/2006

Il y a certainement autant de telles distinctions qu'il y a de penseurs, ce qui implique justement que ladite distinction existe. Elle empêche de rabattre l'étant sur l'être, et conséquemment de faire du néant une instance ontologique (et ce, que l'être soit univoque ou équivoque). Le faire revient à mettre le Verbe avant l'être, ce qui est pure servitude. Il est évident que l'éternité et le devenir se croisent et ne cessent de se croiser ; c'est d'ailleurs le corrélat de la distinction entre essence et existence. Que l'éternel retour soit épreuve du vouloir, cela est non moins évident. Mais le vouloir échoue justement s'il est dégradé en devoir. Le devoir s'impose à l'esclave pas au créateur. Il va de soi que la valeur est un devoir-être pour celui qui ne la crée pas, c'est-à-dire pour l'esclave. On ne sort pas du nihilisme par devoir et celui-ci n'est primaire que comme qualité des forces réactives. En tant que réactif, le devoir, qui est subordination du vouloir, est expulsé de l'éternel retour : de la volonté de néant, qui est la volonté de l'impossible, on arrive logiquement au néant de volonté. La nécessité de l'essence est manquée. Or l'être est justement ce qui réussit l'épreuve de l'éternel retour sélectif. Non, il n'y a pas de rédemption chez Nieztsche, les forces réactives vont au bout de leur négation, c'est-à-dire se nient elles-mêmes. Car le sacrifice, nihiliste et servile, est le contraire de la souveraineté. Oui, la souveraineté est active et affirmative tandis que le sacrifice est négation et auto-destruction. Il me semble que rendre justice à Nietzsche, c'est le considérer comme un philosophe, pas comme un maître.

Écrit par : Anaximandrake | 23/02/2006

Toute ontologie pure est impossible puisque l'homme est entrelacé dans l'être et l'étant. Que faire ?

Heidegger et Nietzsche ont bien tenté de s'affranchir de cette condition. Il n'ont fait que retomber sur une anthropologie en fuyant l'homme, le drame ontologique, comme il y a un drame cosmologique pour tous les physiciens en quête de la théorie unifiée

Seule une théologie spéculative peut viser l'universel !

Écrit par : Fulcanelli | 23/02/2006

Pourtant c'est bien à des maîtres qu'on a affaire en lisant Nietzsche et Héraclite . Des maîtres à penser soi-même, à vivre soi même, comme entrer soi-même, en puissance et en existence, dans le flux d'une source ETERNELLEMENT jaillissante .

Écrit par : Simone | 24/02/2006

On ne se dé-deleuziannise jamais assez. Il y aurait, par delà bien et mal, d’un côté le mauvais, de l’autre le bon, le faible-le fort, l’homme du ressentiment-le gai savant, le réactif-l’actif. C’est ainsi que l’infinie diversité des singularités modales serait catégorisable en deux rangs. J’ai peur que les choses ne soient un peu plus compliquées. Nietzsche est un penseur de l’affect, et son rapport au christianisme et à la pitié est plus profond qu’une simple opposition dénonciatrice. C’est d’une ultra sensibilité que naît cette exigence de dureté envers et contre tout, et surtout soi même, seule condition de dépassement, d’élévation. Etre capable de se renier soi même, acceptant ainsi l’essentiel caractère de transition de l’homme. C’est un marteau qui sonde, plus qu’il ne détruit, pour faire vibrer en soi même ré-activement la profondeur de ce qui rayonne en apparence. Toute action est réaction, et réciproquement. C’est en ré-actif que Nietzsche fait face à Schopenhauer, Wagner, Rée, Andréas-Salomé. L’amor fati ne vaut que s’il est une épreuve constante, un devoir vouloir aimer-accepter, jamais acquis comme nouvelle qualité essentielle d’un sujet substantiel qui se contenterait, une fois avoir atteint sa forme finale, d’être le simplement et constamment même, pur contemplateur de l’éternité de soi. Il y a chez Nietzsche une dimension d’exigence, de mérite, d’aristocratisme que sa gauchisation moderne passe sous silence et transpose en un hédonisme libertaire béat. Il n’y aurait qu’à être un soi singulier, un moi-je coïncidant avec son essence éternelle auto-suffisant et satisfait de ne vivre qu’en, par et pour lui même.
Le devoir-être est l’irréductible dimension de l’existant qui est temporel et temporalisant, et non attaché au pieu de l’instant tel l’animal. Le vouloir humain est à lui-même son propre devoir-être. Une volonté qui ne se subordonne pas est pure pulsion. Qu’elle en vienne à se vouloir elle même, et l’être et le devoir-être se fondent en un même fleuve.

Écrit par : Ju | 24/02/2006

"Au milieu des deux armées place mon char, ô immortel!"

Écrit par : Arjuna. | 24/02/2006

Fulcanelli, si cet entrelacement de l'être et de l'étant était réellement caractéristique de l'homme, il obérerait certes l'ontologie mais aussi l'anthropologie. Car cette science est science de l'étant, non de l'être. Il est clair en effet que la cosmologie et l'anthropologie ne sont pas " scientifiques ", et ce, par définition, compte tenu du statut leurs objets qui justement n'en sont pas. Que, selon Heidegger, seul un Dieu puisse nous sauver, est certes adéquat à sa théologie du Dasein. Mais, quant à cette " théologie spéculative ", elle est, on le sait depuis Feuerbach puis Kojève, une anthropologie (voire d'ailleurs une phénoménologie), et donc ne peut pas " viser l'universel ", et ce contrairement à l'ontologie. Oui, si on refuse cette dernière, il s'agit d'assumer un protagorisme sceptique qui est aussi, consécutivement, ruine de la science de l'étant.

Je suis amusé, Ju, par vos tacites palinodies et par l'exhibition de votre Surmoi. Comme vous dites, les choses sont plus compliquées que votre catégorisation hâtive " faible-fort " (et autres déclinaisons), mais je vous rappelle qu'en l'espèce c'est la vôtre. Effectivement, comme je le disais, l'essence n'est jamais acquise à l'existant dans le devenir. C'est rabattre l'être sur l'étant, l'essence sur l'existence, qui aboutit justement à rendre indistinct le Moi et le Soi, c'est-à-dire à promouvoir une régularité de type moïque. Oui, cette confusion entraîne un narcissisme dépendant du regard : on prend l'image pour la réalité, la représentation pour l'action, la volonté de volonté pour le vouloir etc. Il s'agit bien de réactivité et de servitude. Et c'est ne pas avoir lu Deleuze que d'en faire un libertaire permissif et béat, promouvant des moi autosuffisants. C'est absolument et textuellement l'inverse. Même Badiou, son seul adversaire conséquent, le reconnaît. Simplement, l'exigence envers soi, si elle est réellement
envers soi, n'a rien avoir avec le devoir ni avec la théâtralité, sauf à accepter la topique Moi-Ca-Surmoi, qui manque par conséquent le Soi et le devenir, c'est-à-dire finalement l'éternité. Et, oui, bien sûr que le "pieu de l'instant ", coupe du temps, est animal, et même impuissance. Qui dit le contraire sinon vous ? De même, la hiérarchie des instincts n'est pas subordination de la volonté mais assomption du désir. Car Nietzsche, philologue émérite,
n'est ni freudien ni kantien. Ainsi, comme je l'affirme, l'éternité est-elle possession de sa propre essence singulière qui est puissance souveraine.

Simone, mais ce n'est qu'une question de mots, il me semble que le philosophe se distingue du maître en ceci qu'il est auteur d'un pensée qui vaut par soi, même si, évidemment, celle-ci est corrélative d'une vie singulière.

Écrit par : Anaximandrake | 24/02/2006

Nietzsche lui-même n'en appelait-il pas aux cent faucilles, pour sa moisson ?

Écrit par : Simone | 24/02/2006

C'est donc malgré lui que je le considère comme philosophe.

Écrit par : Anaximandrake | 24/02/2006

C'est aussi malgré lui que je l'aurai considéré comme un maître . Ne rejetait-il pas les disciples en même temps qu'il les appelait ?

Écrit par : Simone | 24/02/2006

Certes. Mais c'est un problème qui ne se pose qu'aux disciples. En effet, dans un cas le "malgré lui" est accidentel et secondaire, dans l'autre premier et essentiel.

Écrit par : Anaximandrake | 24/02/2006

« […] l'essence n'est jamais acquise à l'existant dans le devenir. »
« […]l'éternité est-elle possession de sa propre essence singulière qui est puissance souveraine. »

Je préfère penser ne pas vous comprendre plutôt que de vous imputer quelque palinodie.

Par ailleurs je ne pensais pas à Deleuze quant à l « hédonisme libertaire », mais arrêtons donc ici, car d’amusement je n’en trouve pas.

Écrit par : Ju | 24/02/2006

Qui a dit que ce lieu était amusement, parc d'attraction, fête foraine ?

Écrit par : Sunsiaré | 24/02/2006

Que de barbares et rébarbatifs commentaires peut-on lire ici!
Que de fumeux résidus d'artistes y croise-t-on sans prendre garde...

La vraie vie est ailleurs...
Et hors d'eux...

Hors de leurs "intellectuelles" préoccupations...

Qui n'ont pour seul intérêt que de leur fournir pour eux-mêmes, la plus abominable des raisons trouvée à l'explication qu'ils se font de l'incompréhension de leurs congénères qui les mine...

Écrit par : Franz | 24/02/2006

Que de blabla et que vous êtes amusant Franz, et pas rébarbatif dans vos litanies creuses !
Que vous écrivez donc de choses convenues, sans même y prendre garde...

La vie est partout...
En, et hors...

Hors bien entendu de "toutes" vos obsessions...

Qui n'ont pour seul intérêt que de vous fournir pour vous-même qu'une scène des plus parfaites pour toute votre hystérie : vous vous minez tout seul, congénère incompris...

Écrit par : Pasticheuse | 24/02/2006

Ju, il n'y a là ni palinodie, ni contradiction. Il y en a une pour vous d'être réduit à pointer celle alléguée d'autrui sans vous aviser des vôtres qui furent pourtant généreusement et dûment indiquées précedemment. Et quant à votre mention de Deleuze, franchement, vous êtes de mauvaise foi, c'est-à-dire ne trompez au mieux que vous-même. Bref. Que l'éternité advienne dans le devenir sans être jamais définitivement acquise n'empêche pas qu'elle puisse être possédée. L'éternité n'est pas négation du temps ; elle ne se définit pas par lui. Je ne vois aucune difficulté à cette simple distinction classique. Je crois que vous confondez tout bêtement éternité et sempiternité, c'est-à-dire, comme je le montrais, que c'est vous qui êtes prisonnier de l'instant. Oui, Sun, finitude et fête foraine. Il appert que la machine infernale, pour ce genre de nihilistes, c'est le grand huit. Les moeurs évoluent, et, malheureusement, la post-modernité pacifie.

Franz, soyez plus discret dans vos projections fantasmatiques. Venir commenter ici en disant que la vraie vie est ailleurs, que l'incompréhension mine etc. etc. est, pour le coup, fort comique. C'est effectivement une jolie manifestation d'hystérie, surtout si on apparie votre intervention à celle que vous avez laissé sur l'autre note. Bref, vous ne parlez que de vous-même, opinant sans raisonnement.

Oui, le miroir, éminemment, fonctionne.

Écrit par : Anaximandrake | 24/02/2006

Par amusement il fallait bien sûr lire tout autre chose que ce que vous feignez d’avoir lu. Mais fête foraine ou cirque, cela me sied, tant qu’il nous est donné à voir, moyennant quelques évidentes distinctions, l’éternité jongler avec le devenir, ou l’inverse...

Écrit par : Ju | 25/02/2006

Il vous suffirait d'ouvrir un Lalande. Vous seriez moins impressionnable ; ce serait déjà un début.

Écrit par : Anaximandrake | 25/02/2006

L'instant n'est pieu que pour L'ESPRIT DE PESANTEUR
Ors l'instance de l'éternel retour c'est le DIVIN hasard .

Écrit par : Simone | 25/02/2006

Oui Simone, que, dans l'éternel retour, l'être se dise du devenir est au-delà de la conception de l'esprit de pesanteur, trop habitué à l'alternative Bien-Mal qui le fonde. Les conditions mêmes de son discours lui échappent, ne parvenant pas à comprendre que le langage est, mais que l'être n'est pas réciprocable au langage. Car cet esprit, mal dégrossi, manque de distinction et demeure en-deçà des principes, c'est-à-dire en reste à ce qui est constitué sans atteindre ce qui constitue.

Écrit par : Anaximandrake | 25/02/2006

Par divers liens je suis tombé sur un nid de tous petits frelons, qui se les piquent entre eux mais qui ne sont pas le moins du monde dangereux pour le passant désinvolte...
A peine le sont-ils pour eux...
Ils font du bruit, certes, mais c'est que du bruit...

Dieu est mort, Nietzsche aussi...
Et heureusement pour lui!

Car s'il venait à découvrir toutes les conneries qu'on dit en se servant de lui...
Il mourrait une seconde fois!

Écrit par : Franz | 25/02/2006

Du bruit ou des conneries ? Que vous prêtiez un sens à du bruit, un sens même apte à tuer Nietzsche est pour le moins étonnant. Du danger pour Nietzsche ou pour vous ? Qui peut s'aviser qu'il y aurait du danger sinon celui qui le ressent. Encore un effort Franz, pour être désinvolte. Mais le meilleur tout de même reste que vous ne compreniez pas que vous vous auto-réfutez intégralement du fait même de commenter encore et encore.

Écrit par : Anaximandrake | 25/02/2006

J'ai compris vos méthodes...
Elles n'ont rien d'une pensée...
C'est tout juste un système!
Très policé:
"peau lissée"
Je te renvoie une image inversée, et hop! le tour est joué!!!

Mais bon, ça a des limites...
Sur le plan de la physique j'entends...

Allez salut! Je vous fous la paix!

Écrit par : Franz | 25/02/2006

J'oubliais:

La meilleure des philosophies est celle qui se pense et s'ennonce sans l'aide de citations...

(encore une citation!)

Écrit par : Franz | 25/02/2006

La paix ? Mais avec vous, Franz, c'est un tel manque de mordant, que c'est carrément le jardin d'enfant. Ne désespérez pas, il n'est pas exclu que vous puissiez un jour assumer une position et une argumentation, c'est-à-dire vous respecter. Le problème est que vous ne pensez pas quelque chose puisque, aveugle et sourd, vous ne pouvez douter de rien. Ne vous déplaise : «Sutor, ne supra crepidam.»

Écrit par : Anaximandrake | 25/02/2006

Tiens, voilà que revient la messe en latin...
Question de vous rendre aveugle et sourd, c'est bien là le meilleur moyen!

Quand à l'enfance et à son jardin, ne vous inquiétez pas pour elle et eux!
Ils continuent d'exister... Mais sans vous...

Y'a trop longtemps que vous les avez quittés pour qu'on ne puisse aujourd'hui prendre vos délires d'adultes aux prises avec la solitude pour de la sincérité!

Écrit par : Franz | 25/02/2006

C'est bien là que vous vous trompez, vous qui voulez jouer dans la cour des grands. Comment dit-on ? Ah oui : "cum grano salis".

Écrit par : Anaximandrake | 25/02/2006

Jouer dans la cour des grands?
Si petits que vous êtes comment pouvez-vous avoir l'idée de la grandeur, du moment que vos jeux d'interdits faits se satisfont de l'étroitesse d'un bac à sable?

Écrit par : Franz | 26/02/2006

Avez vous jamais été enfant, Franz ? Le bac à sable n'est pas étroit. Votre esprit, lui, l'est. Car le bac à sable peut se faire univers infini si l'on sait penser, sentir, aimer et voir ; bref si l'on se sait être et si l'on sait tout court !

Écrit par : Bonnie (missing her Clyde) | 26/02/2006

Les commentaires sont fermés.