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05/02/2005

Il n'y a pas de sujet

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La critique du sujet est un topos de la philosophie post-cartésienne, et ce dès les Objections aux Méditations Métaphysiques. Cependant, après l’épisode humien, celle-ci se généralise à la suite de Mach et de Nietzsche, auteurs qui donneront naissance à deux traditions philosophiques par ailleurs divergentes. De même, la psychanalyse modifie profondément la notion de sujet en mettant en exergue l’instance de l’inconscient ; Heidegger, quant à lui, rompant ainsi avec la phénoménologie husserlienne fondée sur un cogito amendé hérité de Kant, substitue le Dasein au sujet classique et transcendantal.

La liste des détracteurs de la subjectivité au XXème siècle est fort longue. Mais, cette notion, bien que modifiée parfois drastiquement, n’est jamais abandonnée. Au contraire, Deleuze, affirme en 1988 dans l’entretien Signes et événements qu’ « il n’y a pas de sujet », « il n’y a que des processus qui peuvent être d’unification, de subjectivation, de rationalisation, mais rien de plus. »


En effet, dès Empirisme et Subjectivité, Deleuze cherche, à travers l’œuvre de Hume, si la subjectivité se constitue dans le donné, dans le « flux du sensible ». Il apparaît en fait que la critique de la subjectivité constitue un fil rouge de l’œuvre deleuzienne ; cette question croise en effet ses problèmes et ses concepts majeurs et s’avère comme l’une de leur condition de possibilité : désir, multiplicité, CsO, « en finir avec le jugement », plan d’immanence et champ transcendantal… Cette critique ne se réduit donc pas à une simple mise en question du sujet. Deleuze promeut un autre type d’individuation, « l’individuation non personnelle », les heccéités et singularités. La construction de ces concepts croise et enrichit les problématiques d’auteurs tels que Foucault, Klossowski, Blanchot ou Artaud entre autres. Avec le concours de Guattari, elle s’oppose en outre à la psychanalyse afin de substituer un inconscient machinique à l’inconscient scénique. Enfin, les critiques actuelles de Badiou – qui ne renonce pas à une conception non phénoménologique du sujet inspirée de Lacan et confrontée à la théorie mathématique post-cantorienne des ensembles – semblent les plus pertinentes même si elles achoppent sur l’ontologie et la question de la transcendance.

Ainsi, en ce sens, Deleuze prolonge-t-il le geste nietzschéen. La mort de Dieu a pour corrélat celle de l’Homme. Et si avec Nietzsche l’athéisme devient un « acquis de la philosophie», avec Deleuze c’est dorénavant le cas pour l’a(nti)-humanisme.

 

 

 

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