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30/01/2005

Le maître du soupçon

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Avec Marx et Freud, Nietzsche compte parmi ceux qui furent nommés "philosophes du soupçon" par la vulgate universitaire.

Que recouvre une telle terminologie ? En quoi le "soupçon" se distingue-t-il de la critique telle qu'elle fut initiée par Spinoza et dont la rigueur prussienne d'un Kant en fixa le canon?

Le critique aborde les textes de front. Il débusque les contradictions de l'auteur, traque les déformations qu'il a pu faire subir aux sources, exhibe l'inconsistance des notions construites.

Le maître du soupçon, lui, ne s'engage pas si allègrement dans les méandres du texte auquel il s'attache. Loin de s'installer d'emblée dans l'universel, il reste à la surface, interroge les mots mêmes. Pourquoi l'auteur utilise-t-il tel terme plutôt qu'un autre ? Des précisions sont réclamées sur ce qui va de soi. Au lieu de multiplier les chicanes théoriques sur la pertinence des concepts mis en jeu, il sonde la nature des champs sémantiques. C'est un travail de philologue, non d'herméneute.

Aussi, à la différence du critique en quête d'une idéologie sous-jacente, celui qui soupçonne se donne-t-il pour tâche de découvrir quel filtre, quelle grille interprétative, sont à l'oeuvre dans le texte. Plus que les ruses et détours d'une rhétorique spécifique, ce qui est visé ici est la mise au jour d'un mode d'évaluation vital, d'une axiologie inconsciente ; le factum derrière le dictum.

D' émane la nominationen tant que telle ? Voilà ce que demande le maître du soupçon.

 

 

 

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