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02/07/2005

Nataraja

« Nous autres méditatifs-sensibles, sommes en réalité ceux qui produisons sans cesse quelque chose qui n’existe pas encore : la totalité du monde, éternellement en croissance, des appréciations, des couleurs, des poids, des perspectives, des degrés, des affirmations et des négations. » (Nietzsche)

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« Du possible sinon j'étouffe » (Beckett)


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Il est d'étranges visages, variables et beaux. Fascination ? Non, ni artifices ni pétrification : plutôt un raptus, un déssaisissement. Précisons. Leur beauté finalement, même extrême, est seconde. Car ceux-ci échappent crânement à la malédiction de l'objet partiel et à la logique coruscante de l'objet petit a. Bien plus, de ces traits finement mobiles, on peut à peine dire qu'ils sont. Car avant d'être des visages, ils sont des expressions. Ce n'est pas qu'ils soient expressifs au sens vulgaire, mais, in se et per se, deviennent la fusion en acte de l'exprimé et de ce qui s'exprime. Oui, immédiatement, ils déclosent la gravité, la réalité de mondes possibles. Il ne s'agit pas ici d'imaginaire, de jets de simulacres dans le champ neutralisé du virtuel. En eux-mêmes, ils sont un univers qui s'exprime, et sa réalité en tant que perçu. Ces visages sont en fait de pures perceptions, des mimes poignants et de parfaits miroirs sans tain. C'est un prodige : ils ont la grâce singulière de n'être ni masques ni reflets. A les admirer, l'on découvre bouleversé qu'ils ne se distinguent pas de nos yeux de chairs ; ils sont nos prunelles multipliées, nos rétines intimées, le tissu de l'être différemment froissé, autrement plié, déplié et replié, mais de la différence déchirante des sensibilia authentiques. Perplication. Une telle proximité, si intense qu'elle risque l'inaperçu, coupe le souffle car sature la lumière. Incarnation absolue. Inactricité aristocratique. Don du visage. Oui, c'est simplement la splendeur d'une vie brûlée sans résidu, d'une danse vitale perpétuée par immolation.

Commentaires

"Le seigneur avait l'apparence d'un homme de basse condition. Ses mains agitaient un tison enflammé. Ses yeux étaient rouges et bruns. Parfois il riait violemment , parfois il chantait de manière surprenante. Parfait il dansait lascivement, parfois il poussait des cris. Il errait autour des ermitages comme un mendiant...

Malgré sa peau de couleur sombre, il était d'une surprenante beauté. Il riait, il chantait, lançait des clins d'oeil qui séduisaient les femmes. Lui, qui avait vaincu le dieu de l' Amour, inspirait le désir par sa seule beauté. Malgré son étrange apparence et sa couleur bronzée, les femmes les plus chastes étaient attirées par lui." (Linga purâna)

"Certaines épouses des sages furent effrayées à sa vue, d'autres femmes, étonnées, excitées, s'approchèrent du seigneur. Les unes l'embrassèrent , d'autres lui prirent les mains. Elles se disputaient entre elles pour le toucher."

"Sur un sourire de lui, celles qui se trouvaient devant leurs huttes dans la forêt ou celle qui logeaient en haut des arbres quittèrent leurs occupations. Elles arrachèrent leurs vêtements, laissèrent leurs cheveux se dénouer. Certaines se roulaient par terre. Elles s'étreignaient les unes aux autres et barrant le chemin à Rudra, lui faisaient des gestes lubriques en la présence même de leurs époux. Le seigneur Rudra ne leur dit rien, ni en bien, ni en mal." (Linga Pûrâna)

Écrit par : Distinction | 02/07/2005

Bonjour à vous tous. Votre note est très belle, Anaximandrake. Ces rêves, ce monde imprimés sur ce visage et ce corps ont aussi l'air de profondes blessures. Maintenant je m'en vais à l'Océan.

Écrit par : Alina | 02/07/2005

Merci Alina. Saluez de ma part le "grand célibataire". A bientôt.

Écrit par : Anaximandrake | 02/07/2005

c tjs dla merd pourten

Écrit par : ltiuè'" | 05/07/2005

Merci de votre courage, de votre distinction et de votre intelligence dont la capacité argumentative n'est pas le moindre joyau.

Écrit par : Anaximandrake | 05/07/2005

lol kler

Écrit par : rç_tè | 05/07/2005

Quand le regard de l’autre
est un miroir sans tain,
du haut de soi
on est pris de vertige.

Écrit par : Amanda | 10/07/2005

le mouvement serait-il la déviation du sphérique ?

Écrit par : kolymbëtës | 19/07/2005

Souffleur de fleur
Sous l’effet de la brûlure insoutenable, la rose se désintégra dans un soupir apocalyptique. Les innombrables grains de sable qui la composaient s’éparpillèrent en un nuage sans forme, que la vive fusion réduisit aussitôt.
Et voilà que, par l’art incomparable du poète, advint une seconde fleur, d’une nature différente, fraîche, légère et translucide, aux multiples facettes qui reflétaient l’éclat de ses yeux clairs.

Écrit par : Amanda | 19/07/2005

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