29/11/2005
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« N’écoute les conseils de personne, sinon du vent qui passe et nous raconte les histoires du monde. » (Debussy)
Comment expliquer la genèse de l’ego ?
Prenons, comme représentation d’un individu-ego, une surface plane déformable. L'ego est le centre de gravité qui impose sa position à tout le reste du champ psychique. Mais, on le constate tous les jours, l’individu-ego est conscient du fait qu’il diffère de son image et c’est ce qui explique d’ailleurs son comportement. Dans cette modélisation, le « moi-histoire » (compression du passé et de l’expérience propre), se trouve dans l’orbite la plus proche de l’ego autour duquel il gravite. Le moi-histoire impose aussi une force de déformation à la surface plane (le champ intensif) mais il s'agit d'une déformation de déformation car la surface n’est plus plane dès lors que le moi-histoire la déforme. En effet, elle est déjà déformée par l’ego. Le moi-histoire subit donc la force de gravité de l’ego et voudrait être en son lieu pour coïncider avec son image. Ce qui est impossible. En effet, l’ego n’a pas de contenu mais n’est qu’une force de déformation. L’illusion et le piège sont précisément ici. Il n’y a pas d’image déployée au lieu de l’ego mais simplement une force. Car ce qu’on croit être substantiel dans ce lieu s'avère en fait situé dans un autre plan, parallèle. Imaginons un miroir au lieu de l’ego. Il ne fait pas face au moi-histoire mais est incliné et reflète un contenu situé sur l’autre plan. Qu’est-ce que cet autre plan ? Il a les mêmes caractéristiques que le premier ; il modélise également un individu-ego. Le reflet sur le miroir incliné du plan 1 est celui du moi-histoire du plan 2. Donc le moi-histoire du plan 1 prend comme contenu de son ego le moi-histoire du plan 2. De même, il y a un autre plan parallèle au plan 2 qui n’est pas le plan 1 mais un plan 3. Ce processus est prolongeable à l’infini. Reflet de reflet de reflet … Pur reflet donc. Sans rien à refléter.
L’image est donc fortuite, contingente, et n’a d’autre intérêt que de permettre de connaître les autres plans connexes. Le moi-histoire ne peut se référer à son ego comme miroir puisque celui-ci est incliné par nature. La fonction référentielle traverse tous les plans mais elle est vide, totalement. Pourquoi invoquer le Socius ? Car celui-ci est présent en chaque individu mais ne l’est tout entier en aucun. L’ego est donc le lieu du Socius en tant que trancendant à chacun. C’est pourquoi on attribuera au Surmoi l’illusion de l’ego ; c’est en effet le plan 2 de notre exemple qui joue le rôle de Surmoi parce qu’il crée et est créé par l’illusion de l’ego substantiel.
Conçu ainsi, il est possible de définir une nouvelle organisation des plans, mais il faudrait dire du plan. En effet, on a vu que l’ego n’était image que par la distinction des plans qui autorise le reflet. Considérons maintenant qu’il n’y a qu’un plan. Nommons-le P. L’ego est le même dans tous les cas en tant que force de transformation. Notons malgré tout que son coefficient de déformation diffère à chaque fois mais ne le fait que par la distinction des plans et donc par les reflets des différents moi-histoire. L’ego en tant que force de transformation pure s'avère identique dans les plans 1, 2 etc. Y a-t-il une information perdue si l’on considère qu’il n’y a que P au sein duquel il y a l'ego pur ? Non, puisque la force de gravitation de l’ego au sein des plans 1, 2 etc. était suffisante. En effet, elle relayait celle du moi-histoire de l’autre plan. Elle n’était que cela. L’ego s’avère donc une pure fonction de réflexion. Qu’est-ce que cela signifie ? L’ego n’est plus que miroitement, fonction miroir, qui allie les fonctions de réflexivité et d’unification. Nommons-le dans ce cas R/U. Ce qui est réfléchi dans R/U trouve une unité mais il est réfléchi au sens de transformé ; ce n’est pas une image qui y est vue.
Qu’est-ce donc ? Pour répondre à cette question, il convient de déterminer d’abord « ce qui est réfléchi ». Il s’agit d’un moi-histoire auto-référentiel instantané. Par R/U, il est transformé en un autre moi-histoire. Ce qui est vu dans le pseudo-miroir que constitue R/U est un troisième moi-histoire. Il apparaît donc évident que R/U joue précisément le rôle d'un temps pur, non chronologique. Si l’on se place du point de vue du moi-histoire qui se réfléchit, ce qui est réfléchi dans le pseudo-miroir se situe chronologiquement entre le moi-histoire qui se réfléchit et le moi-histoire réfléchi par R/U. Mais qu’est-ce que R/U ? C’est un autre moi-histoire qui opère comme réflecteur, transformateur, différenciant. Du point de vue de ce moi-histoire 2, la chronologie est différente puisqu’il s’est lui même réfléchi, transformé par le moi-histoire qui se transformait en lui. Ce qui est premier pour le moi-histoire 2 est second pour le moi-histoire 1 et réciproquement. Seul le moi histoire 3 est considéré comme simultané par les moi-histoire 1 et 2. Mais ce moi-histoire 3 lui-même est double. Il a une partie de lui-même dans le moi-histoire 1 et une autre dans le 2 et perçoit conséquemment une autre chronologie. Les autres moi-histoires ont évidemment la même structure. Le 3 n’en reste pas moins un ou plus exactement unique car il ne peut pas se totaliser ; c’est une singularité. Il s’agit donc de concevoir P comme un champ d’intensités. Chaque zone d’intensité au sein de ce champ peut être conçu comme une partie d’un moi-histoire. S’il est éclaté c’est parce qu’il est constitué de différentes intensités, et donc de différents instants c'est-à-dire que celles-ci sont le matériau d’autres moi-histoires. Mais P n’appartient à aucun d’entre eux, contrairement à ce que croient les individus-egos. L’impression de chronologie vient du fait qu'entre l’intensité I1 et l’intensité I2, il doit y avoir continuité, c’est-à-dire une intensité i1 et une intensité i2 contiguës l’une à I1 l’autre à I2 etc.. Et ce, pour être simplement conçue, c’est-à-dire pour que I1 et I2 « tiennent » ensemble. Mais, en réalité, on a affaire à une harmonique d’éternité qui s’exprime selon un mode particulier.
Beaucoup de choses changent dès lors que l’on conçoit les individus ainsi.
22:00 | Lien permanent | Commentaires (12)
Commentaires
Effectivement j'y vois déjà beaucoup plus clair
- sans blague.
Écrit par : Segall | 30/11/2005
Mais c'est Debu, Debu, Debubu, Debussssssy ici, aussi ausssssi ?!
Écrit par : sk†ns | 30/11/2005
Eureka ! ou comment tout expliquer dans l'optique de la géometrie plane ...
Écrit par : Danielle | 30/11/2005
il vaut mieux avoir l'oreille musicale en plus de l'esprit de géométrie. Beaucoup de choses changent, mais par rapport à qui ? (Baruch n'aurait sans doute pas été mécontent.)
Écrit par : antares | 30/11/2005
En passant le lit des rivières anaximandresques au tamis, on finit toujours par trouver quelque pépite, dirait-on. Un travail de garimpero sous-alimenté.
J'aime bien votre peinture du Socius (une fois les scories de langage et autres gangues spécieuses dignes d'un gourou d'une secte de quatrième catégorie nettoyées, comme il se doit).
Dites, avez-vous songé que la lumière qui se réfléchit sur les miroirs se déplace à sa vitesse, c'est-à-dire à la vitesse de la lumière ? La transmission de l'information entre les moi-histoires et/ou les egos serait donc soumise à de forts effets relativistes, d'où il appert que le champ gravitationnel des egos serait perturbé par la présence des moi-histoires du fait de la distortion de l'espace-temps dans lequel se meut le Socius, à moins que ce ne fusse le contraire, ce qui reviendrait en fin de compte au même.
Merde, je me suis encore projeté. Tenez, voici un torchon pour vous essuyer.
Écrit par : Big Brother | 01/12/2005
Ah, cher Big, vous cédez toujours aussi vite au vertige de l'analogie et à ceux des petits bonheurs. C'est déjà ça, malgré un manque d'endurance certain. Courage, émotif passant.
Écrit par : Anaximandrake | 01/12/2005
Euh...
Écrit par : Kate | 01/12/2005
Sans compter sur le Paradoxe d'Einstein-Podolsky-Rosen (EPR) ou " Téléportation quantique "...
Écrit par : Danielle | 01/12/2005
Mais vint Alain Aspect qui donna expérimentalement raison à Bohr contre Einstein...
Écrit par : Anaximandrake | 01/12/2005
Ce qui nous ramène au Principe d'incertitude d'Heisenberg, et le doute s'améliore, Dieu joue aux dés oui mais pour gagner ! (je pense)
Écrit par : Danielle | 01/12/2005
Hey, Magister, ce n'est tout de même pas à vous que je vais apprendre que le grand bonheur n'est jamais que la limite du vertige de la somme des petits (bonheurs), non ?
Bon, certes, il faut savoir rendre la série convergente, mais pour ce faire, je me fie aux aspects d'Alain.
(Plus sérieusement, il convient ici d'avoir une pensée pour Mr. Aspect, qui, s'il n'avait eu la malchance de connaître la génération des de Gennes, Charpak et Cohen-Tannoudji, serait aujourd'hui nobélisé à juste titre).
Écrit par : Big Brother | 02/12/2005
Quand Paul Winkler revient en France après guerre, il fait renaître l'agence de presse qu'il avait créée en 1928 et qui avait connu le succès avec Le journal de Mickey.
Serge Gainsbourg a chanté le "Copyright Opera Mundi"
Il emploie les mêmes méthodes : la diffusion du puissant "syndicate" américain KFS (Blondie, Rip Kirby, Popeye...) et il y ajoute la collaboration avec des auteurs français. La réussite sera toute aussi forte.
Plusieurs dessinateurs y travailleront presque exclusivement durant plus de 20 ans (Bressy, Bozz, Degournay, Blondeau...), d'autres y feront un passage remarqué (Marcello, Larraz...).
Devenu Agepresse, Opera Mundi ne cesse ses activités qu'au début des années 90.
Écrit par : rob | 26/02/2006
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