Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/01/2007

Dictum de omni et nullo

« [I]l faut se faire une représentation bien inversée du pouvoir pour croire que nous parlent de liberté toutes ces voix qui, depuis tant de temps, dans notre civilisation, ressassent la formidable injonction d'avoir à dire ce qu'on est, ce qu'on a fait, ce dont on se souvient et ce qu'on a oublié, ce qu'on cache et ce qui se cache, ce à quoi on ne pense pas et ce qu'on pense ne pas penser. » (Foucault)

« La signification, c'est ce que devient l'essence, une fois divorcée d'avec l'objet de la référence et remariée au mot. » (Quine)

« Nous autres philosophes, nous partons des choses et non des mots. » (Platon)

 

medium_eugenio_recuenco-02.jpg

 

 

A l'instar de Saussure, Lacan définit le langage comme la conjonction de la langue et de la parole. Mais pour ce dernier,  ainsi que Borch-Jacobsen sut le remarquer, la parole se fait langue morte et la langue, parole de personne.

 

Car outre son fameux dictum relatif à l’isomorphie entre langage et inconscient, ses nombreux emprunts aux diverses sciences du langage, se résument – comme il le disait d’ailleurs lui-même – à ce qu'il nomma une « linguisterie ». Notons, en passant, qu’il en est tout autrement de son rapport à la logique mathématique, puisque, en particulier et sans faire preuve d’un aristotélisme excessif, il n’y a pas de science de la science.

 

Contrairement à ce qui est répété, donc, malgré sa virtuosité langagière et son style baroque, ainsi que nonobstant le jeu du signifiant qui constitue le sujet pour l’être langagier, il n’en reste pas moins que l’intérêt majeur de Lacan pour l’histoire de la pensée – si l’on prend bien garde à son nihilisme – relève paradoxalement de la mise au jour de l’ancrage de nombreux faux problèmes philosophiques dans le corps. Et ceci est loin d’être trivial.

 

En cela, au moins, il aura été fidèle à son premier maître, à savoir Spinoza. Et s’il dégrossit le biologisme de Freud, son second maître, il n’échappe toutefois pas à un scientisme fatal. En effet, sa volonté exaspérée de faire du sujet psychanalytique le sujet de la science laisse s’échapper l’essence du désir ; désir qui n'est pas manque et qui peut être l’objet d’un savoir, non d’une science. Car ne nous y trompons pas, Lacan est sans conteste un grand génie, à la fois théorique et clinique, et sur l’inconscient, il est certain qu’il « en connaît un bout ». Mais bien qu'il l'invoque souvent, il n’est pas Socrate. Ne fut-il pas bien plutôt une sorte d’Alcibiade, lui, séducteur hors pair qui se vantait d’être un self-made man ? Car l’algèbre transférentielle et contre-transférentielle n’est pas une dialectique, elle est à peine une dioptrique proto-géométrique. Dès lors, il est inévitable que les neuro-sciences ne voient dans la psychanalyse qu’une psychologie qui, à l'inverse du comportementalisme, ne donne que de médiocres résultats. Et, ironie de l'histoire, c’est le spinozisme qui devient leur modèle.


Oui, stratégiquement, il lui fallait refuser l’ontologie et s’allier au parti de la science pour que le discours de la psychanalyse ne soit pas rabattu sur le philosophique. Lacan aura toutefois permis de rendre possible la création d’un concept philosophique de l’inconscient et, corrélativement, contribué à l’histoire d’un matérialisme (y compris celui du signifiant) en acte. Anti-philosophe, il l’aura été pour avoir voulu faire de la psychanalyse, sinon une science (car ce rêve a tôt pris fin), mais du moins, un analogon de celle-ci, c'est-à-dire le verso de son recto.

 

Le philosophe ne peut cependant pas oublier qu’une singularité est universelle et que l’anamnèse n’est pas réminiscence. Oui, accoucher la vérité du sujet ne suffit pas à faire advenir le sujet de la vérité.

 
 
 

Commentaires

"Nous autres philosophes, nous partons des choses et non des mots" - que Spinoza l'affirme partout est bien connu, mais que ce soit Platon, c'est la première fois que je l'entends, lui, idéo-logue, grapho-logue et si peu - "chosiste" ...

Écrit par : Scythe | 07/01/2007

Traditionnellement, Platon n'est pas considéré comme un matérialiste. Il reste qu'il est un tenant du réalisme, si ce n'est du "chosisme". Pour lui, les Idées sont plus réelles que le réel matériel, et seules a posséder cette stabilité d'ordinaire réservée aux choses. Les Idées sont d'ordre ontologique et l'idéalisme de Platon est un réalisme. Ainsi, sont-ce les matérialistes qui peuvent, par exemple, le qualifier, en un autre sens, d'idéaliste ou du moins, plus clairement, d' "idéologue des propriétaires d'esclaves". Ce titre, d'ailleurs, serait presque a contrario une preuve de réalisme matérialiste, mais il est vrai plus éternitaire qu'historique ou dialectique. Bref, pour ce passage, voir 'le Cratyle' qui est un dialogue, et qui plus est, aporétique.

Écrit par : Anaximandrake | 07/01/2007

Non, je n'y trouve pas cette formule anti-mallarméenne : ni aimer le geste de l'Idée ni l'idée du geste, - mais l'objet du geste. Cette opposition entre Mots et Choses surprend chez celui qui les voyait fondus dans l'Idée. En tout cas, je lui prête une préférence du Logos (mot) face au Ontos (chose). Et du Cratyle je ne garde que l'écho de calembours, d'étymologies, de morphologie, d'orthographe.
J'avoue être plus près d'Hermogène que de Cratyle : le mot n'est pas un moyen de représentation mais d'interrogation ; il s'attache au modèle de la chose pour interroger la chose ; la langue adamique ne peut donc pas exister.
Socrate, dans ce dialogue, penchait, en effet, en faveur de Cratyle ; et si l'on charge le mot de cette fonction impossible qui est la représentation (réservée aux concepts), alors on comprend votre interprétation de la préférence donnée à la chose au détriment du mot.
En tout cas, je suis sceptique quand à l'existence de cette formulation trop tranchante que vous citez.

Écrit par : scythe | 07/01/2007

Σωκράτης

ὅντινα μὲν τοίνυν τρόπον δει̂ μανθάνειν ἢ εὑρίσκειν τὰ ὄντα, μει̂ζον ἴσως ἐστὶν ἐγνωκέναι ἢ κατ' ἐμὲ καὶ σέ: ἀγαπητὸν δὲ καὶ του̂το ὁμολογήσασθαι, ὅτι οὐκ ἐξ ὀνομάτων ἀλλὰ πολὺ μα̂λλον αὐτὰ ἐξ αὑτω̂ν καὶ μαθητέον καὶ ζητητέον ἢ ἐκ τω̂ν ὀνομάτων.

Écrit par : Anaximandrake | 08/01/2007

Le mot "analogon" me taraude l'esprit ; faites-vous référence à Aristote ? au quel cas, si j'en suis sa Poétique, il s'agirait d'un rapport et non d'un avers ; mais vous saurez éclairer ma lente, terne, éternelle inerte. (Propos du béotien que je ne finis pas d'être)

Écrit par : Segall | 10/01/2007

"Τὸ δὲ ἀνάλογον λέγω, ὅταν ὁμοίως ἔχῃ τὸ δεύτερον πρὸς τὸ πρῶτον καὶ τὸ τέταρτον πρὸς τὸ τρίτον· ἐρεῖ γὰρ ἀντὶ τοῦ δευτέρου τὸ τέταρτον ἢ ἀντὶ τοῦ τετάρτου τὸ δεύτερον. Καὶ ἐνίοτε προστιθέασιν ἀνθ᾽ οὗ λέγει πρὸς ὅ ἐστι. Λέγω δὲ οἷον ὁμοίως ἔχει φιάλη πρὸς Διόνυσον καὶ ἀσπὶς πρὸς Ἄρη· ἐρεῖ τοίνυν τὴν φιάλην ‘ἀσπίδα Διονύσου’ καὶ τὴν ἀσπίδα ‘φιάλην Ἄρεως’. Ἢ ὃ γῆρας πρὸς βίον, καὶ ἑσπέρα πρὸς ἡμέραν· ἐρεῖ τοίνυν τὴν ἑσπέραν ‘γῆρας ἡμέρας’ ἢ ὥσπερ Ἐμπεδοκλῆς, καὶ τὸ γῆρας ‘ἑσπέραν βίου’ ἢ ‘δυσμὰς βίου’."

"Je dis qu'il y a analogie (ou proportion) lorsque le second nom est au premier comme le quatrième est au troisième ; car on dira le quatrième à la place du second et le second à la place du quatrième ; quelquefois aussi l'on ajoute, à la place de ce dont on parle, ce à quoi cela se rapporte. Citons un exemple : La coupe est à Bacchus ce que le bouclier est à Mars. On dira donc et "le bouclier, coupe de Mars", et "la coupe, bouclier de Bacchus". Autre exemple : Ce que le soir est au jour, la vieillesse l'est à la vie. On dira donc : "le soir, vieillesse du jour," et "la vieillesse, soir de la vie ;"ou, comme Empédocle "couchant de la vie." Poétique, XXI, VIII. (http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Aristote/poetique.htm)

La traduction est prétendûment la plus récente, mais l'idée est claire - du moins en ce qui concerne la métaphore.
Platon voyait-il les choses sous un autre angle ?

(je profite de ma remarque inopportune pour corriger : "revers" et non "avers" ; propos de béotien, mais qui en aurait douté ?).

Au plaisir de vous lire.

Écrit par : Segall | 11/01/2007

Mes notions de grec sont assez rudimentaires. Ma "traduction" serait :
"Socrate:
Ni toi ni moi, j'en ai bien peur, nous ne sommes en mesure de juger comment la réalité doit-elle être étudiée. Toutefois, il est permis d'admettre que la connaissance des choses ne doit pas provenir des noms. Au contraire, elles doivent être étudiées en elles-mêmes".

Je continue à ne pas voir pas comment on peut en déduire une sentence "philosophique" aussi abstraite que : « Nous autres philosophes, nous partons des choses et non des mots » que je n'arriverais jamais à placer dans la bouche de Socrate/Platon.
En tout cas, il y a, pour moi, une différence énorme, incommensurable, entre "nom" et "mot". Et Platon, certainement, part plus souvent des mots que des choses. Il est mallarméen anachronique.

Écrit par : scythe | 11/01/2007

Scythe, si Platon est un mallarméen anachronique, on ne pourrait pas dire que Mallarmé soit platonicien, ni d'ailleurs qu'il soit hégélien comme on l'a déclaré souvent, et même si lui-même a pu le croire quelque temps. Bref, il est vrai que Mallarmé a la faveur des platoniciens contemporains. Par exemple Badiou, auteur de la traduction en question présentée ici (pour le son et le grain de sel) de ce passage du 'Cratyle', dialogue qui, comme vous l'indiquiez de biais, est d'un lacanisme anachronique, au moins en ce qui concerne les calembours. En effet, on sait (en tous cas outre-Manche) ce qu'il en est des citations et traductions badiousiennes. Toutefois, notons qu'on peut s'autoriser de Bailly pour affirmer que 'τὸ ὀνομα, ατων' peut aussi bien signifier 'nom' que 'mot', et même 'expression'. Qu'il les singe ou pas, signe, il représente ou tout du moins désigne les 'choses'. Car, plus que la traduction par 'nom' ou 'mot', le problème réside surtout dans celle de 'choses'. Car que traduit-on ainsi ? 'τὰ ὄντα'. Heidegger, maître en étymologie lui aussi, et presqu'autant qu'un Jarry, ne pourrait nier qu'il s'agit là d'une forme du mot 'être'. Devrait-on dire 'les êtres' ? Non. Comme je l'affirmais dans ma première réponse ci-dessus, il n'y a qu'un platonicien authentique ou (non exclusif) un matérialiste qui, en traduisant ce terme grec par 'choses', n'est pas dans l'erreur. Littéralement, il s'agit de 'ce qui est'. Car rappelons que Platon ne fusionnait pas mot et chose dans l'Idée, mais c'est de celle-ci - dynamisme et réalité purs, ontologiques - qu'ils tenaient, par participation, la leur, quasi onirique, d'ombres imaginaires. Le terme de 'réel' semble donc meilleur, terme qui permet de rallier aussi les anti-platoniciens, du moins ceux de bonne volonté. Ainsi, pour faire entendre un peu de symbolique, proposons : "Ce n'est pas des mots qu'il faut partir mais, pour apprendre et pour découvrir le réel, c'est du réel qu'il faut partir bien plutôt que des mots." D'aucuns pensent que la philosophie naît d'un écart entre les langues, et donc que toute traduction est une assertion philosophique, consciente ou non. A contrario et symptomatiquement, n'est-ce pas un linguiste, nommément Benveniste, qui a prétendu que la philosophie grecque n'était que le décalque de ses catégories grammaticales, tandis qu'un Heidegger fait de la possession du mot 'être' le miracle grec ? Toutefois, pour revenir à une science inexacte, la psychiatrie, les mots sont, mais ne sont pas des choses ; leur confusion, c'est ce qu'on appelle la schizophrénie. Lacan, à propos du psychanalyste : "Pour dire les choses autrement : son action sur le patient lui échappe avec l'idée qu'il s'en fait, s'il ne reprend pas le départ dans ce par quoi elle est possible, s'il ne retient pas le paradoxe de ce qu'elle a d'écartelé, pour réviser au principe la structure par où toute action intervient dans la réalité."

Segall, l'analogie est rapport. Et il est à parier que Platon n'en dirait pas du bien, notamment à cause du jeu du signifiant entraîné par une position hermogénétique, donc fort peu socratique.

L'argument du troisième homme serait-il finalement, non pas scientifique, mais dialectique ?

Écrit par : Anaximandrake | 11/01/2007

Merci, Anaximandrake, votre "mot" est plein d'esprit et de diplomatie. A vous lire, des envies, des curiosités, des étonnements surgissent irrésistiblement et nous chatouillent, excitent ou bouleversent.

"Benveniste a prétendu que la philosophie grecque n'était que le décalque de ses catégories grammaticales, tandis qu'un Heidegger fait de la possession du mot 'être' le miracle grec" - j'ignorais que Benveniste professait de telles vues sous lesquelles je souscrirais volontiers. Quant au second, en s'inspirant du grec, il a créé un "miracle allemand", avec ses Vorhandensein, Dasein, Mitsein, Zuhandensein, In-der-Welt-sein... J'avoue que mon peu de culture philosophique me fait voir dans le Parménide et dans Sein und Zeit - 80% de poésie, le reste étant également réparti entre la philologie, la philosophie et la rhétorique (dans le Ecce Homo ce taux monte à plus de 90%)...

Écrit par : scythe | 11/01/2007

Ni scientifique ni dialectique. Je suis trop "archaïque" (bête ?) pour être aussi subtil. Vous me mettez toujours dans le lieu indécidable, un peu comme un indien d' amérique qui va au cinéma et regarde un album de photographies un peu ennuyeuse (je ne dis pas cela de façon péjorative mais cela est vrai...)
Pourquoi faire autant d' images déployées (dévoyées ?) au lieu d'en faire une seule qui les contiendrait et les transcenderait toutes ? Il y a une escroquerie dans les arts cinétiques, mécaniques et temporels, un renoncement flagrant, un point de fuite et aveugle, un truc. Une forme d'impuissance à ne pouvoir saisir l' éternité (qui est le seul réel digne de ce nom) de l' icône immobile, une volonté d' épure impossible par l'emploi d' un langage relatif qui envahit tout dans des interstices de narration. En gros, "c'est un mur qui tient plus par le mortier que par la brique".

Le (et la) statique est ce qui contient la force, il la "régule" en proportion au sens hermétique ; le statique oblige le temps volatil et le contraint, la statique donne forme à la force. Le temps n'est plus rien qu'une plastique déclinée autour de l'objet posé. L' espace euclidien contraint la forme (doublement, de l'intérieur et de l'extérieur (ce qui crée la membrane)) qui à son tour contraint le temps (dont l'éventuelle relativité m'indiffère totalement, j 'ai un égo tenace désormais, indissoluble concrétion entre corps et âme...). La forme épurée se tient dans l' "éternité", elle ne s'abaisse pas ni ne se diffracte dans l' intellect saturé d'émotions fugaces et de réflexions en échos. Elle n'a ni début ni fin, elle n' est pas un prétexte au mouvement et à la psychologie ennuyeuse. Le statique met l'énergie en terre et l' incarne en réduisant les mots jusqu'au: "cela est ... Un(e)". A l' homme de "se prononcer", s'il veut exister, libre à lui de spéculer si ça le rassure et de continuer à tourner autour du pot. Démonter des moteurs ne fait pas mieux conduire.

Ni scientifique ni dialectique donc qui ne sont que des outils. A mes yeux, l' "éthique de la forme" (mon Dieu...) est la seule recevable du "point de vue" de l'art qui pose le monde comme représentation morale de la structure des formes, par le langage (modes opératoires) et les sens (proportionnalité et "mesure étalon" des anciens). J' ai conscience d' être terriblement classique et "orthodoxe" (Deleuze), mais c'est ainsi. Pour résumé: "Cela" est vrai car cela est beau et tombe juste". Et cela se vérifie depuis qu'il y a des descentes de charges morales et physiques acheminées entre le ciel et la terre.

Bien à vous Thomas ( merci de votre indulgence...)

Écrit par : Third man. | 12/01/2007

Ce qui est universel est ce qui, en droit, est commun à chacun, quelle que soit sa communauté de fait. Donc, si l'indien veut s'amuser, qu'il le fasse, où ça l'amuse.

Ce que vous nommez 'indécidable', c'est ce lieu de la souveraineté de la pensée, celui où, métaphoriquement, il est nécessaire de voler de ses propres ailes. Libre à vous de le refuser et de vous en remettre à une transcendance, à une image qui transcende toutes les autres, comme vous dites. La transcendance est le signe à quoi on reconnaît qu'il ne s'agit plus de philosophie mais de religion, c'est-à-dire de synecdoque. C'est bien plutôt s'inféoder à une transcendance qui est se rassurer à bon compte, pour ne plus cesser de tourner autour, comme autour d'un pot (tiens, nous en revenons à l'analogie...). Car donner une forme à l'absolu revient à le nier, et pour pouvoir croire l'affirmer malgré tout, à nier qui nie cette forme et donc à mettre la contradiction au sein de l'ontologie. Oui, l'Ego est projection de contradictions, celles qu'il n'a pas su dialectiser, donc comprendre. Bref, les guerres de religions sont des querelles imaginaires.

'Dialectique' et 'scientifique' qualifient des méthodes adéquates à une souveraineté immanente. Mépriser l'outil ("ne sont que"), me semble indigne d'un artiste, qui ne "s'abaisse" pas, lui ou l'éternité, en travaillant les matières et en créant des formes réellement singulières, atteignant ainsi à l'universel, contrairement à celui qui fabrique les clones d'une forme arbitrairement désignée comme LA forme, en l'absence d'idées. Nécessiter une "mesure étalon", bref un patron, c'est ceci qui une "morale" d'ouvrier aliéné (qui aurait donc besoin de dialectique), pas d'artiste qui, lui, est souverain et a affaire à l'indécidable et aux symboles (cf. encore l'étymologie), non à des modèles ou des réglements, posés abusivement comme incréés.

Ainsi parlerais-je à votre endroit certes d'orthodoxie, mais pas de classicisme, car, comme le dit Goethe, j'appelle "classique ce qui est sain et romantique ce qui est malade." Car attention, tout de même, à "ce" qui tombe du "ciel" ou y remonte, moralement ou physiquement. Mais, je m'en voudrais de vous avoir ennuyé en désignant la religion comme une partie de la psychologie, justement ennuyeuse en cela. Il faut s'y faire, "[t]out est brouillon en effet, l’idée de texte définitif ne relevant que de la religion ou de la fatigue " (Borges)

Bien à vous, Karim (je vous en 'prie').

Écrit par : Anaximandrake | 12/01/2007

Merci à tous. Prochain débat : linguistiquement, dans notre temps, n'y a-t-il de philosophie que germanophone ?

(Anaximandrake, j'en profite pour vous demander si 'Collapse' n'est rédigé qu'en anglais...)


Le tiers d'homme (et qui le revendique !)

Écrit par : Segall | 12/01/2007

Third man...bientôt direz vous comme Protagoras."l'homme est la mesure de toutes choses"...ce à quoi on lui répond "Rien d'imparfait ne peut être la mesure de toutes choses". Rejeter qq chose à toujours une apparence suspecte de soucis personnel.

Écrit par : chresto matt | 16/01/2007

Uniquement publié en anglais, Segall. Mais il est question que le numero 3 paraisse aussi en français.

Écrit par : Anaximandrake | 17/01/2007

Les commentaires sont fermés.