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28/07/2005

Barycentrisme aigu

« La fausse évidence dont le moi se fait titre à parader de l’existence. » (Lacan)

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« [...] ces systèmes ne sont pas formés de souvenirs juxtaposés comme autant d’atomes. Il y a toujours quelques souvenirs dominants, véritables points brillants autour desquels les autres forment une nébulosité vague [...]. Le travail de localisation consiste en réalité dans l’effort croissant d’expansion par lequel la mémoire étend ses souvenirs sur une surface de plus en plus large... » (Bergson)

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« L'esprit court sur ses propres surfaces, mais ce qui l'électrise, trempe d'or le fil de ses figures, c'est le rêve tapi dans le profond sommeil. » (Alina Reyes)

 

 

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Une singularité ou essence singulière est un composé étendue-pensée. Telle est la leçon de Spinoza. De même, toute affection du corps donne lieu parallèlement à une affection de l’esprit ou de l’idée. Et inversement. Comme dit Deleuze, nulle éminence d’une série sur l’autre. Tout corps, toute idée, sont composés à l’infini de particules infiniment petites : la singularité essentielle réside dans l’ensemble des rapports entre particules. Existent donc des zones d’intensités différentes au sein d’une même singularité. Nous dirons que les zones les plus souvent affectées sont davantage « pondérées » et forment de véritables concrétions. Métaphoriquement, on assiste à l’incurvation de la surface de l’essence. Ces dénivellations tendent à orienter les nouvelles affections dans ces domaines fortement pondérés. On peut comparer ce processus à la force gravitationnelle de la théorie de la relativité générale. Ainsi appelle-t-on point de Lagrange le centre de gravité du système solaire. Tout objet dont le centre d’inertie coïncide avec ce point y restera pour une durée indéfinie. Lieu du S.

Corollaire : on appelle communément intelligence la rapidité et la multitude des chemins possibles entre ces points massiques. Précisons que l’intelligence n'est pas l'inverse exact de la bêtise, car la bêtise s’accroît lorsque le nombre de concrétions diminue. Or, tout point remarquable est en réalité une constellation infinie de points. La position de problème ou problématisation est donc en ce sens le processus d’atomisation d’un point remarquable et l'intellection de sa synthèse. La vision s’affine. C’est un gain de profondeur, c'est-à-dire de grain. Notons qu'il arrive qu'au sein d'un système de dimension n, l'on discerne un point déjà rencontré dans un autre de dimension n+p. C'est l'un des aléas de l'auto-appartenance. Il s'agira simplement de l'indexer correctement.

Autre corollaire : la capacité d'affecter et d’être affecté croît proportionnellement selon le nombre de points remarquables. C’est une sensibilisation. Bien entendu, il est clair que ces points ne cessent pas d’agir même s’il ne sont pas pris en compte par la conscience. Si pour chacun « la grande activité principale est inconsciente », c'est la conquête de l’inconscient qui entraîne l'intensification. Son corrélat est une dissipation énergétique ; il convient de ne pas l'oublier. En effet, seule l’accélération induit l’auto-gravitation. Pur punctum, le sujet est ce qui choit hors du processus mental. Ainsi, l'identité est-elle absolument réciprocable à la mémoire.

Mais le plus difficile à concevoir reste probablement ceci : la chronologie est seconde. Elle n'est que la marque de la finitude de la singularité, le déploiement de sa limitation dans l'éternité.

 

 

Commentaires

"En réalité nous ne cessons jamais d'être en voyage depuis l'instant de notre constitution originelle et celui de la constitution de nos principes physiques, jusqu'à l'infini. Quand t'apparaît une demeure, tu te dis: voici le terme; mais à partir d'elle s'ouvre une autre voie dont tu tires un viatique pour un nouveau départ. Dès que tu aperçois une demeure, tu te dis: voici mon terme. Mais à peine arrivé, tu ne tardes pas à sortir pour reprendre la route." Ibn Arabî, pérégrin.

"La singularité est dangereuse en tout" Fénelon, cancérologue.

Écrit par : K.B | 28/07/2005

« — Non, je veux frapper à l'endroit douloureux, à l'endroit que tu veux dérober à mes coups. Va, maintenant, chercher la couche des vierges, en désertant celle des femmes que tu as rendues mères.
— Mais un seul doit suffire à ta vengeance.
— Si j'avais pu me contenter d'une seule victime, je n'en aurais immolé aucune. Mais c'est même trop peu de deux pour apaiser l'ardeur de ma colère. Je vais fouiller mon sein pour voir s'il ne renferme pas quelque autre gage de notre hymen, et le fer l'arrachera de mes entrailles.
— Achève et comble la mesure de tes crimes, je ne te fais plus de prières ; seulement ne prolonge pas davantage la durée de mon supplice.
— Jouis lentement de ton crime, ô ma colère, ne te presse pas : ce jour est à moi, je dois profiter du temps qu'on m'a laissé.
— Mais ôte-moi la vie, cruelle !
— Tu implores ma pitié ! C'est bien, mon triomphe est complet : je n'ai plus rien à te sacrifier, ô ma vengeance. Ingrat époux, lève tes yeux pleins de larmes : reconnais-tu Médée ? Voilà comme j'ai coutume de fuir : un chemin s'ouvre pour moi à travers le ciel ; deux serpents ailés se courbent sous mon joug et s'attèlent à mon char. Tiens, reçois tes enfants, et moi je m'envole à travers les airs.
— Oui, lance-toi dans les hautes rgions de l'espace, et proclame partout, sur ton passage, qu'il n'y a point de dieux. » (Sénèque)

Écrit par : Lagan | 28/07/2005

« Le 9 septembre, la glace a commencé à céder, et nous avons entendu, au loin, des grondements pareils à des coups de tonnerre. La banquise éclatait. [...]
Sur son cercueil était penchée une silhouette que je suis impuissant à décrire. [...]
Adieu ! Je vous quitte. Vous êtes la dernière créature humaine que mes yeux auront contemplée. Adieu à toi aussi, Frankestein ! [...] Bientôt, le feu qui me tourmente s'éteindra. Je monterai triomphant, sur mon bûcher, et j'exulterai dans la torture des flammes. Graduellement, leur lueur s'atténuera ; le vent soufflera mes cendres dans la mer. Mon esprit dormira en paix ou, s'il peut encore penser, tout sera assurément changé. Adieu !
En disant ces mots, il sauta par la fenêtre de la cabine, sur le glaçon qui flottait le long de la coque et sur lequel se trouvait son traîneau. Il fut bientôt emporté par les vagues et se perdit au loin, dans les ténèbres. » (Mary W. Shelley)

Écrit par : Lagan | 28/07/2005

« Chez les spectateur également l'activité principale est temporelle. L'oeil est ainsi construit qu'il fournit des morceaux successifs à la cavité oculaire. Pour s'ajuster à un nouveau fragment, il doit abandonner l'ancien. Il finit par s'arrêter et poursuit son chemin, comme l'artiste. S'il le juge bon, il revient, comme l'artiste. »
« Dans l'oeuvre d'art, des chemins sont ménagés à cet oeil du spectateur en train d'explorer comme un animal pâture une prairie. » (Paul Klee)

« Je suis resté presque un mois sur les lieux avant de tourner, à humer tous les parfums, tous les souvenirs, tous les poisons les plus subtils. Par la force des choses, à l'intérieur de moi se construit quelque chose qui donne au paysage son importance dans le film. »
« Il n'y a aucune raison pour qu'un petit voleur italien entrant dans la cellule et voyant un homme qui ne parle pas, terrorisé par la peur, s'en sente immédiatement esclave, se sente l'allié de cet homme car il en perçoit la grandeur spirituelle. Cette attitude, dans un sens aussi bien religieux que laïque, peut s'appeler la grâce. » (Valerio Zurlini)

Écrit par : Lagan | 29/07/2005

C'est intéressant, ça continue même dans les commentaires.
Au final, vous pourriez ouvrir une bibliothèque nationale.

Écrit par : vacuité | 01/08/2005

Larme en cristal de rire

Écrit par : Les fleurs de joie | 02/08/2005

La chronologie est (nano)seconde pour qui porte l'Etoile au front pur et blanc.

Bien à vous Magistère.

(sourire gentil et coloré)

Écrit par : Bromios | 06/08/2005

Les commentaires sont fermés.