22/10/2005
Mea culpa
« C'est la dissymétrie qui crée le phénomène. » (Pierre Curie)
La culpabilité est liée à l'orgueil, donc à l'Ego, c'est-à-dire à la bêtise, entretenue ou non.
Pour qui te prends-tu pour te croire coupable ?
Le Mal est une conception puérile, et le Bien, une fadaise pédagogique destinée à maintenir l'humain dans l'enfance.
Néanmoins, malgré le spectacle abject de ces infantiles orgueilleux, aux visages empourprés, il faut se garder d'éprouver de la pitié. Car elle-même est bêtise. En effet, celle-ci revient à postuler un sujet sain et virtuel, coexistant parallèlement dans quelque arrière-monde. Cette pitié n'est qu'indulgence effrénée envers soi-même dans ce miroir déformé. Ce qui est indigne et disgracieux.
10:00 | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
Mais cher Anaximandrake, sans culpabilité et sans pitié, comment rester humain ? Couper toutes ces vanités ci, n'est-ce pas risquer de devenir buste d'intouchable et de glaciale statue ?
Écrit par : Une enfant | 22/10/2005
"Se garder", oui, mais pour quoi ? La vie veut aussi des passions.
Et puis, en fin de compte, on trouve toujours à rire de la comédie, et ce serait tellement dommage de laisser passer les occasions de s'amuser !
Écrit par : Alina | 22/10/2005
Ce sont en fait ces vanités-là qui paralysent et coupent bras et jambes. En effet, si l'humanité est liée au narcissisme, n'est-elle pas un avatar de ce qui prétend, de ce qui n'est pas ? Ce qui est humain en l'homme, son humanité, n'est-ce pas plutôt sa puissance réalisée au profit de ses semblables et de soi-même, acte réfléchi et non reflet impuissant ? En somme, même l'iconoclasme est crypto-humanisme.
En tous cas, merci de votre voix.
Écrit par : Anaximandrake | 22/10/2005
"Se garder de la pitié", non de la joie. Alina, votre propos n'implique-t-il pas que la passion serait bête ? Ce qui n'est pas le cas. Jamais la tristesse n'a rendu intelligent, c'est-à-dire joyeux. Une joie est active si elle découle de notre essence et est expliquée par elle. Mais il existe aussi des joies passives qui préparent les actives et sont nécessaires à leur advenue. Cependant, le rire du satirique n'est-il pas l'envers et donc finalement le même affect que le soupir mélancolique ? La comédie et la tragédie ne sont-elles pas les deux faces d'une même réalité ? Nommément : le spectacle comme catharsis. La purgation est-elle vraiment adéquate aux passions ? Cet aristotélisme strict n'est-il pas un médicalisme fondé sur la chair pensée comme triste et sans esprit ?
Écrit par : Anaximandrake | 22/10/2005
Oh cher Anaximandrake, je ne sais pas ce que ça veut dire philosophiquement mais c'est ainsi, moi je suis très "bon public", je ne peux pas m'empêcher de rire, et vraiment je ris beaucoup, cette nuit encore je me suis endormie en riant, et souvent sans ironie, de grand coeur ! Moi aussi je me fais rire, c'est peut-être de "l'indulgence effrénée" envers moi-même, mais en fait l'indulgence ce n'est pas mal, et "effrénée" c'est parfois très bon !
Et ce qui me fait rire, ce qui me met en joie, c'est le visage de la vérité qui, tel votre ancien masque d'or, luit doucement au-dessus de la scène.
Écrit par : Alina | 22/10/2005
C'est bien, tu t'endurcis : tu pourras bientôt jouer pour le Stade Français, avec des éclairs sur le maillot rose.
Écrit par : sk†ns | 22/10/2005
Vrai Alina. Si pour Hobbes, le rire naît de l'avantage de la comparaison et, pour Bergson, du mécanique appliqué sur du vivant, il est clair que le rire franc s'en distingue. De même, le fameux "non ridere" de Spinoza référait à "rire de" et non pas au rire comme libération de puissance.
Cher sk†ns, je suis inquiet, qu'éprouves-tu à la vision des rugbymen du Stade Français, "ces infantiles orgueilleux, aux visages empourprés", si ce n'est pitié ou indifférence stoïco-rationnelle ? Endurcissement ? Il s'agit de ne pas remettre ta réponse aux calendes grecques.
Écrit par : Anaximandrake | 22/10/2005
Cette belle sculpture, s'agit-il d'un MESSERSCHMIDT, le maître des grimaces ?
Écrit par : all_zebest | 23/10/2005
Absolument. C'est "Le mélancolique ou tête de caractère n°14" (plomb patiné, vers 1775-1780). On peut voir ce buste dans le cadre de l'actuelle exposition au Grand Palais.
Écrit par : Anaximandrake | 24/10/2005
Anaximandrake, je me réjouis de vous entendre à nouveau chanter, d'une voix chère, la joie de l'homme en devenir.
Écrit par : Amanda | 26/10/2005
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