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09/01/2006

Nihil confirmari nequit

« La psychose est due à une créativité qui a mal tournée. » (Ehrenzweig)

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« Nous n’avons jamais vu de schizophrènes ! » (Deleuze & Guattari)

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Il apparaît que tout délire est expression inadéquate d'une injustice générationnelle. Il y a forclusion. Le délirant s'avère un révolté qui n'a pas les bons concepts, c'est-à-dire qui n'est pas doté des armes mentales efficaces pour faire advenir ce qu'il revendique.

Pourquoi ?

Le psychotique s'est égaré dans le langage, faute d'allocutaire. Notons que l'on n'a pas affaire ici au style d'une « langue mineure », mais au pidgin d'une langue morte sans pierre de Rosette. La langue de la psychose inconsiste, elle est fuite en avant, déséquilibre déséquilibré, cris d'horreur de principes détachés errant sans logique. Il s'agit de production aléatoire, non d'un chaos créateur. Car l'oeuvre doit tenir seule, ce qui implique qu'auteur et oeuvre co-naissent.

En effet, les phases narcissiques doivent dépasser le Moi, c'est-à-dire en passer par l'intellect qui est pensée en acte, c'est-à-dire pensée sans images. C'est bien pour cette raison que la philosophie s'est historiquement constituée contre la vieille sagesse « pensant par Figures ». Le Soi ne se constitue pas grâce à un Autre de type lacanien, c'est-à-dire par un avatar du Dieu mort, mais par l'échange symbolique avec un autre être rationnel. Car le sage ne peut que montrer et commander ; il ne peut convaincre c'est-à-dire argumenter. Il lui faudrait pour cela une cohérence qui ne soit pas celle de l'image mais celle propre au symbole. Ce n'est que par le biais du symbolique que les expériences sont connectables et intégrables à toutes autres, et ce, même si elles restent parfaitement hétérogènes en réalité.

Précisons.

En effet, le Logos peut se définir comme capacité de moduler cette matière signifiante nommée lalangue par Lacan. On peut donc le qualifier de force de liaison entre signifiants. Or le noûs est le « langage de la pensée », il est l'intellect en tant qu'instance active produisant le passage d'une intensité n à une intensité n+1. Ainsi le Logos est-il le noûs en tant qu'il a rapport au signifiant. Il est donc diversifiant de diversification et différenciant de différence.

Avant tout, le Soi est cohérence réelle grâce au symbolique. Il n'est pas le Moi qui est tentative de conjuration imaginaire de la « case vide » circulante qui meut les signifiants. Ce narcissisme primaire est mystique du Tout, ce qu'il n'est pas abusif de désigner comme désir de fusion avec la mère. L'Autre n'est ici que le travestissement imaginaire du Même, c'est-à-dire négation forcenée de tout autre réel dans une auto-parturition sans issue. Le Moi n'est donc qu'une illusion locale, un reflet d'absolu dans une mare latérale. La Chose : stase et abolition. C'est ce rejet du symbolique qui pose le psychotique comme tel. Lapsus mentis : la psychose confond génitif objectif et génitif subjectif.


Bien loin de l'affirmation totalitaire du Moi, l'auto-référentialité conquise grâce à l'instance symbolique s'avère remède contre la régression à l'infini. En effet, contrairement au Cogito cartésien qui est perclus de Dieu et d'image (et donc auto-négateur), il s'agit d'intuitionner un Cogito dont il ne serait pas même nécessaire de se « ressouvenir » : un Cogito une fois pour toutes. Oui, la pensée seule se pense. Non, il n'y a pas de sujet.

 

 

 

Commentaires

Ça cogite.

Écrit par : sk†ns | 10/01/2006

Oui ou comme dirait Spinoza : "l'homme pense." Baste. En effet et plus exactement : "je pense que ça cogite" est une cogitation vide. Un "phatisme" en quelque sorte. Or, puisque toute conscience est conscience de quelque chose - étant dit que la conscience n'est pas une chose -, une cogitation vide est un vide de cogitation. C'est du refus de cette évidence que naissent les avatars du Surmoi, dont le Dieu cartésien. Inconcevable, forcément inconcevable.Mais s'il y a du réel, il y a de l'inconscient structuré comme un langage. Bref : en lieu et place du langage, le psychotique veut que le réel passe par sa bouche.

Écrit par : Anaximandrake | 10/01/2006

"Ça" craint alors !

Écrit par : sk†ns | 11/01/2006

Les commentaires sont fermés.