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04/12/2005

Alter et ego

« Je comprends qu’on soit l’ami d’un pauvre animal, d’un cheval ou d’un âne condamné aux plus durs labeurs, sans défense, muet. Je ne comprends pas qu’on puisse être, à notre époque, l’ami du Peuple.

Qu’est-ce que le Peuple ? C’est cette partie de l’espèce humaine toujours respectueuse des conventions sociales, qui n’est pas libre, pourrait l’être et ne veut pas l’être ; qui vit opprimée, avec des douleurs imbéciles ; ou en opprimant, avec des joies idiotes. C’est la presque totalité des pauvres et des riches, c’est le troupeau des moutons avec le troupeau des bergers. » (Darien)

 

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Dans certains systèmes logiques, q (p => (non-p => q)) est un théorème. Ce qui se dit aussi : si p est démontrable, alors non-p l'est aussi, ce qui implique que toute proposition q est démontrable dans ledit système. En effet, dans un tel système, toute proposition est un théorème. On peut démontrer tout et son contraire, c'est-à-dire qu'on ne peut rien démontrer. Ces systèmes sont dits inconsistants; il est impossible d'y raisonner, c'est-à-dire d'individualiser et d'assumer.

 

Pourquoi certains élisent-ils ces systèmes comme leurs ? Réfléchissons. Il appert qu'il s'agit pour eux d'éviter des systèmes incomplets. En effet, dans un système incomplet, on ne peut pas trouver toutes les propriétés des objets, ce qui, cependant, n'empêche pas de raisonner. Mais la phobie des systèmes incomplets est caractéristique des individu-egos. L'imaginaire y est souverain. L'incomplétude est pour eux génératrice d'angoisse. Le manque ne peut pas être géré ; il est donc décrété inexistant. Pour cela, il s'agit de se rabattre sur un système inconsistant. Tout ce qui est autorisé par la syntaxe est un théorème. Rien n'y est pensable. C'est la rançon relative à la conservation du fantasme du tout. C'est la condition pour que le rien puisse être dit quelque chose. C'est la dialectique du Moi, du Moi comme tout. Car le Moi est prisonnier de l'imaginaire. Par peur de la séparation, le Moi forclôt le symbolique. En effet, il échappe au Moi que la séparation est la condition nécessaire de la connection. Dans les faits, pourtant, le Moi préfère l'exclusion à la connection. La relation n'est que relation de Moi à Moi. Pur narcissisme. Certes, le Moi connaît la négation ; cela est hors de doute. Le non-Moi, pour le Moi, c'est l'Autre, pas le Soi. Le Moi ne prend pas sa substance hors de lui. Non, pour le Moi, c'est le non-Moi qui prend sa substance dans le Moi. Et, fatalement, le non-Moi a pour essence la confusion entre Soi et non-Soi. Bref, une dimension manque : celle de l'endo-consistance.

 

Avec de tels systèmes logiques, on a affaire à une angoisse panique. Une angoisse territoriale. On refuse de penser. Le Moi se décrète propriétaire de son point de vue. Comment peut-on en arriver là ? Refuser le symbolique, c'est-à-dire le Soi, signe une structure incapable de saisir que son identité est hors langage. Elle préfèrera s'autistiser, se solipsiser, donner foi - comme dans la schizophrénie - à des voix dans la tête, plutôt que de donner voix à autrui dans le langage. Pour ce genre de structure, Il est Toi qui est Moi. L'angoisse conduit d'abord à considérer autrui comme un ennemi puis finit par le nier. Pour elle, il n'y a qu'un individu dont la structure est le monde. Voilà le délire du Moi. Puisque l'inconsistance est ce qui caractérise le système logique du Moi, celui-ci doit donc trouver une cohérence hors de soi. Il est dépendance pure. Oui, un Moi ne peut tenir debout que grâce à l'image. Sa cohérence est hors de soi et revendiquée comme telle. Il est servile par nature. En effet, autrui étant nié, il surgit dans le réel sous l'espèce de l'Autre. L'autonomie est manquée. Oedipe, Oedipe...

 

Les tenants d'un tel système logique sont bien loin de Blanchot commentant Mallarmé : « La parole seule se parle. » Car ici, Blanchot parle en auteur. Il est capable de mettre le langage à distance, de, symboliquement, s'en séparer, c'est-à-dire d'activer sa fonction symbolique. L'auteur est tout sauf un être de langage. Ce qui est se dit aussi : il est capable d'oeuvre. En revanche, le Moi ne peut se distinguer de ses oeuvres, c'est-à-dire donc qu'il en diffère absolument. Il ne peut que produire. Pour être apte à l'oeuvre, il lui faudrait avoir son principe de cohérence en soi, donc être apte à le transmettre.

 

« Pourquoi » ? « Pourquoi » ? Régression à l'infini. Définition de la définition. Recherche de la référence absolue. Voilà les conséquences et symptômes de l'inconsistance. On attend d'autrui qu'il fournisse la preuve de la preuve. On forclôt ainsi l'épreuve de l'altérité, c'est-à-dire l'expérience du Soi. Celui-ci, en effet, n'advient qu'à la relation comme troisième terme. De plus, un nom propre y est requis pour toute chose ; ce qui est mépris de toute pensée. Il faut être tout car si autrui n'est pas rien, il pourrait menacer la cohérence imaginaire du Moi. On s'approprie alors le langage commun pour n'en conserver que l'usage conjuratoire (on croit que le mot remplace la chose) et l'usage fasciste. Oui, « ça boucle ». Et pour cause : il n'y a plus qu'un unique sujet grammatical possible. Autrui n'a pas de place ; le symbolique comme requisit conjonctif a disparu. Inceste et dévoration. Sans symbolique l'altérité ne peut être que menaçante. Hypostasier l'absolu en Moi, voilà le paralogisme de l'esclave. L'imaginaire qui est possession fantasmatique d'un point de vue devient donc souverain. L'angoisse s'incarne comme implication de l'inconsistance. Transfert d'angoisse sur un point de consistance. On conserve son tout fantasmé par la médiation d'autrui considéré comme rien. C'est bien une forme de servitude volontaire.

 

Néanmoins, passer du Moi au Soi requiert la capacité permutative, c'est-à-dire l'aptitude à dépasser l'angoisse fusionnelle et l'illusion subséquente de la propriété d'un point de vue. L'accession au domaine du transcendantal est d'abord assomption de sa liberté. Mais l'imaginaire, on l'a vu, a sa cohérence hors de soi. On comprend pourquoi Oedipe est convoqué comme paradigme fondamental, comme structure indépassable. Il faut que le symbole, encore, soit une image. Oui, c'est bien la "névrose de base" décrite par Bergler. L'esclave, par nature, crée le maître.

 

Moi = Moi. Voici ce que, selon la logique classique, profère l'hystérique . Donc tu n'es rien, répond l'obsessionnel, le petit juge, inféodé à la vérification, c'est-à-dire exclusivement aux choses. Mais l'aphasie de l'obsessionnel est adéquate au désir bavard et projectif de l'hystérique.

 

Quoi qu'il en soit, on ne sort pas du classique aveuglement selon lequel la négation de la négation est affirmation. Ultimi barbarorum : avec de la méfiance, on prétend aboutir à de la confiance. Autrui ne serait admissible que s'il était servile, c'est-à-dire si le symbolique était homogène à l'imaginaire. Voilà ce que prône l'adversaire de l'intuitionnisme.

 

Mais, non, la survie n'est pas une vie.

 

 

 

Commentaires

Lemme : "Et in arcadia ego" = Les faux bergers . Ou la "jeune fille et la mort" ?

Écrit par : Danielle | 04/12/2005

Très bon diagnostic. Un des moyens les plus sûrs de tenir à distance les emmerdeurs et les cons lorsque leur présence devient intrusive. "Le viol est inévitable, détends-toi et profite" "Ecoute, non, en fait, je préfère devenir schizophrène et nier ta sale gueule." Le tout est de savoir remonter pour ceux qui en valent la peine. Ou quand ça en vaut la peine.

On sent le vécu. Je vous souhaite le bonsoir.

Écrit par : Saphyre | 04/12/2005

Peut-être est-ce cela le voeu ultime de l'homme libre : que les myriades égoïques cessent leurs guerres de tranchée pathétiques ; ce qui revient à désirer que la dimension symbolique du langage soit préservée. Tertium datur.

Bonsoir à vous.

Écrit par : Anaximandrake | 04/12/2005

Comme il est bon, l'homme libre, de vouloir ultimement le bien du bas peuple ! Comme il est magnanime dans ses désirs à son endroit, mais surtout à son envers ! Sentez vous bien ma grosse dimension symbolique, mon ami ? Que les hommes librent montent en chaire et dispensent la bonne parole ! Enfin, des cerveaux dignes d'espérer pour nous, de nous montrer la voie de la justesse le Littré sous le bras et l'étymologie grecque à la boutonnière ! Je serais un mec, je banderais.

Écrit par : Saphyre | 04/12/2005

Non au faSSisme.

Écrit par : sk†ns | 04/12/2005

La caricature : encore de l'image. Mais elle parle des désirs de la caricaturiste, désirs qui ne semblent pas si éloignés de ceux qu'elle dénonce. Etrange de parler de prêche alors que c'est justement le contraire dont il est question ici. Poser des références communes, égalité des places au sein d'un langage antérieur à chacun. Enfin... Je le répète, la reconnaissance est un concept d'esclave. Celui-ci est incapable d'alliance, c'est-à-dire de confiance. Que toute différence soit une opposition, que toute position autre soit une agression : tel est le déni tyrannique qui n'est que l'expression d'une peur abyssale.

Écrit par : Anaximandrake | 04/12/2005

D'esclaves en valets à qui on n'accordera jamais un regard, encore moins une pensée.. Car aux ames bien nées ...

Écrit par : Danielle internaute vulgaris simplex | 05/12/2005

Ce qui définit l'esclave, c'est le consentement ; c'est cette intériorisation qui le constitue comme tel. Rappelons que c'est toujours un esclave qui commande à d'autres esclaves ; il veut être "reconnu". Mais, même opprimé, l'on n'est pas esclave si l'on résiste et sait s'allier.

Écrit par : Anaximandrake | 05/12/2005

Comment promouvoir un Etat éclairé lorsqu'il y a surabondance d'esclaves ?! Que faire du troupeau de bergers serviles ? Divide...

Écrit par : antares | 06/12/2005

"Dans certains systèmes logiques, (p => (non-p => q)) est un théorème. Ce qui se dit aussi : si p est démontrable, alors non-p l'est aussi, ce qui implique que toute proposition q est démontrable dans ledit système."

Votre traduction semble plutôt correspondre à la conjonction des deux formules :
(1) p => non-p ("si p est démontrable, alors non-p l'est aussi")
(2) (p => non-p) => q ("(1) implique que toute proposition q est démontrable")

Pour : (0) p => (non-p => q) , je propose :
si p est démontrable, de non-p on déduit n'importe quoi (n'importe quelle proposition q) ;
ou encore, mais c'est plus lourd :
si p est démontrable, alors : si non-p est également démontrable, toute proposition q l'est aussi ;
ce qui correspond enfin, en allégeant, à :
si p et non-p sont démontrables, toute proposition q aussi,
ce qui traduit la formule : (3) (p et non-p) => q , équivalente à la proposée.

La logique des mathématiques courantes admet l'axiome (0), équivalent à la formule (2) et à la formule (3). C'est dire que ces formules, à elles seules, ne rendent pas le système inconsistant. Elles disent plutôt ce qui risque de rendre le système inconsistant : la rencontre d'un seul théorème du type (p et non-p), ou du type (1) équivalent.

Écrit par : béotien | 06/12/2005

Merci de votre vigilance, Béotien. Ici, comme l'indique textuellement la suite, c'est évidemment q (toute EBF) qui est théorème du système inconsistant puisqu'il est impliqué par (p et non-p). Quant à p => (non-p => q) (nul besoin de parenthèses extérieures...), c'est un théorème logique. Il fallait donc lire :

"Dans certains systèmes logiques, q (p => (non-p =>q)) est un théorème."

Et non :

"Dans certains systèmes logiques, (p => (non-p =>q)) est un théorème."

Écrit par : Anaximandrake | 06/12/2005

"Dans certains systèmes logiques, q (p => (non-p => q)) est un théorème. Ce qui se dit aussi : si p est démontrable, alors non-p l'est aussi, ce qui implique que toute proposition q est démontrable dans ledit système. En effet, dans un tel système, toute proposition est un théorème. On peut démontrer tout et son contraire, c'est-à-dire qu'on ne peut rien démontrer. Ces systèmes sont dits inconsistants; il est impossible d'y raisonner, c'est-à-dire d'individualiser et d'assumer."

"Poser des références communes, égalité des places au sein d'un langage antérieur à chacun"

Ouais ! Posons des références communes à 3 ! MDR ! Le fameux langage antérieur à chacun, si parfaitement partagé que n'importe quel labo transdisciplinaire ne peut fonctionner sans une équipe de linguistes pour redéfinir et préciser l'ensemble des acceptions des termes utilisés au quotidien. Sans celà les chercheurs ne se comprennent pas. Alors le commun des mortels... un blog... Connerie Anaximandrake, vous nagez dans l'utopie la plus envahissante. Et votre discipline, toute "chaoïde" qu'elle soit doit parfois se trouver sécante aux deux autres mégères, science(S, dois-je en mettre 2) et arts pour enfanter de quelque nouveauté. VOTRE langage n'est pas l'universel. J'irais jusqu'à affirmer avec Dante que chaque identité porte une combinatoire lui étant propre, et que c'est parfois en explorant l'extrême spécificité, le noyau dur parfois insaisissable propre à UN être que l'on touche à la compréhension de ce qui EST (tiens, lézard !). Oui, le "code", bien entendu. Mais le code n'est pas tout, et à assécher sans cesse le sens, on finit par perdre ce qui tient le vivant : le désir. Vous me direz, le désir n'a rien à foutre dans l'écriture, ne sublimons pas ce qui mène nos vies, ce qui oeuvre au lien. Entièrement d'accord. Alors que sublimez vous ici puisqu'il n'est pas non plus question de reconnaissance, de transmission ou de... pouvoir ?

Primus inter pares ?

Mêêêêê oui, je projète, comme à mon habitude.

Écrit par : Saphyre | 07/12/2005

De ce que vous citez ou de la note elle-même, je me demande le rapport avec vos conclusions à son et à mon sujet. Sauf à me les imputer arbitrairement. Bien entendu.
Pourquoi dites-vous que je parle de "3". Je parle de tiers, ce qui est tout différent. Qu'il y ait langage implique qu'il y ait tiers. Que le langage soit antérieur à chacun, signifie que personne ne peut le revendiquer intégralement, et ce quels que soit ses titres scientifiques. L'universel est en droit. D'où la nécessité de la consistance.
Je suis étonné, vous m'opposez ce que vous faites. Vous prétendez dire quelque chose, et oas simplement que vous dites. Dire que vous dites, vous le dites en disant quelque chose. En effet, vous voulez être comprise et donc donnez un sens au mot que vous employez au sein d'un système consistant. C'est-à-dire que vous ne prétendez pas aussi dire le contraire de ce que vous dites. Sinon, vous ne diriez rien du tout.
Il n'y a que vous ici qui cherchiez la vérité absolue, c'est-à-dire la référence absolue (introuvable quel que soit le nombre de linguistes ou de disciplines, ils vous le diront eux-mêmes). Celle-ci n'existe pas dans le langage. Chercher un extérieur du langage au sein du langage lui-même. L'inconsistance désigne les limites du langage et indique qu'à côté du langage, il y a des choses. Non le langage n'est pas tout ; les mots ne sont pas les choses. La sublimation est nécessaire pour qu'il y ait langage, mais elle a une limite pour que les choses ne disparaissent pas dans la folie.
Ni reconnaissance, ni pouvoir, ni transmission. Echange et collaboration. Comme je le dis explicitement. Et pour cela, il faut des conventions (immanentes celles-là) et une cohérence. Evidemment. Quant au sens et au désir, il est évident, pour qui fait l'effort de s'y intéresser, que la philosophie n'en est pas dépourvue.
Je crois simplement que vous refusez qu'il y ait d'autres conventions expressives différentes des vôtres. Ce n'est pas mon cas. En tous cas, l'incomplétude n'est pas tragique.
J'ai du mal à comprendre votre agressivité. Mais enfin, puisque nous communiquons par le langage...

Écrit par : Anaximandrake | 07/12/2005

De ce que vous citez ou de la note elle-même, je me demande le rapport avec vos conclusions à son et à mon sujet. Sauf à me les imputer arbitrairement. Bien entendu.
Pourquoi dites-vous que je parle de "3". Je parle de tiers, ce qui est tout différent. Qu'il y ait langage implique qu'il y ait tiers.

JE dis 3. 3 personnes réelles capables de partager le langage que vous employez ici.
Qu'il y ait langage implique qu'il y ait un deuxième pôle.

Que le langage soit antérieur à chacun, signifie que personne ne peut le revendiquer intégralement, et ce quels que soit ses titres scientifiques. L'universel est en droit. D'où la nécessité de la consistance.

Merci maître, j'apprends à chaque ligne.

Je suis étonné, vous m'opposez ce que vous faites.

Non.

Vous prétendez dire quelque chose, et oas simplement que vous dites. Dire que vous dites, vous le dites en disant quelque chose. En effet, vous voulez être comprise

Pas toujours, parfois, je m'en fous complètement, je fais de la musique et je l'assume très bien merci.

et donc donnez un sens au mot que vous employez au sein d'un système consistant. C'est-à-dire que vous ne prétendez pas aussi dire le contraire de ce que vous dites. Sinon, vous ne diriez rien du tout.

Les polysémies à interprétations contraires signent bien souvent la présence du symbolique. Et pourquoi le rien n'aurait-il pas sa place dans le langage ? Il a bien sa place dans l'art.


Il n'y a que vous ici qui cherchiez la vérité absolue, c'est-à-dire la référence absolue (introuvable quel que soit le nombre de linguistes ou de disciplines, ils vous le diront eux-mêmes).

Non. J'ai dit "c'est parfois en explorant l'extrême spécificité, le noyau dur parfois insaisissable propre à UN être que l'on touche à la compréhension de ce qui EST (tiens, lézard !)." Je n'ai jamais affirmé que ce qui EST était une vérité absolue ou une référence. J'irais même jusqu'à proposer le contraire. J'ai utilisé deux fois "parfois", ce qui pourrait laisser supposer que l'éxpérience de l'être passe par "la foi", une forme de confiance dans et par le langage.

Celle-ci n'existe pas dans le langage. Chercher un extérieur du langage au sein du langage lui-même. L'inconsistance désigne les limites du langage et indique qu'à côté du langage, il y a des choses. Non le langage n'est pas tout ; les mots ne sont pas les choses. La sublimation est nécessaire pour qu'il y ait langage, mais elle a une limite pour que les choses ne disparaissent pas dans la folie.

C'est pas vrai !!!! (je vous laisse à la polysémie et aux hypothèses générées par cette exclamation).

Ni reconnaissance, ni pouvoir, ni transmission. Echange et collaboration. Comme je le dis explicitement. Et pour cela, il faut des conventions et une cohérence. Evidemment. Quant au sens et au désir, il est évident, pour qui fait l'effort de s'y intéresser, que la philosophie n'en est pas dépourvue.

C'est bien ce que je disais, vous êtes donc ici trois à discuter et à échanger (et encore). Vous feriez mieux d'échanger directement des mails avec Béotien.

Je crois simplement que vous refusez qu'il y ait d'autres conventions expressives différentes des vôtres.

Vous me connaissez, Anaximandrake, et il vous suffirait de comparer la diversité de mes modes expressifs avec l'érection monodirectionnelle du vôtre pour douter de cette assertion. Je fais l'effort, très souvent, de parler votre langue et il arrive que nous nous comprenions. Parlez vous parfois la mienne ? Rarement.

Ce n'est pas mon cas. En tous cas, l'incomplétude n'est pas tragique.

Pourquoi parlez vous d'incomplétude ?
Le vide n'est pas un manque. Dois-je vous rappeler la géographie de mon corps ?

J'ai du mal à comprendre votre agressivité. Mais enfin, puisque nous communiquons par le langage...

J'ai du mal à comprendre votre froideur analytique et vérificatrice. Un problème de confiance, peut-être ?
Une parole est ce qu'elle est; le troisième terme de la relation a ses raisons que la raison ignore. Je n'appesantirai donc pas, laissant libre cours à une émotion en laquelle j'ai foi.

Écrit par : Saphyre | 07/12/2005

Au fait, j'oubliais,

ego et Alter eut été plus pertinent.

C'est bon, ne vous agacez pas, je plaisante.

Écrit par : Saphyre | 07/12/2005

Quant au titre de la note, votre avis est sans doute intéressant, il le serait davantage s'il était argumenté.
Agacé ? Non. D'ailleurs, mon calme n'est pas cette "froideur" dont vous me stigmatisez, et cette dernière ne s'oppose pas à l'émotion, mais à l'émotivité. Il y a en effet un gouffre entre sensibilité et sensiblerie.
Je rappelle sans doute ici des évidences, à l'instar de celles que vous désignez sous la proposition ironique "Merci maître, j'apprends à chaque ligne". Mais, lesdites évidences, je ne les rappelle que parce que vous les niez.
En tous cas, que vous vous manifestiez pour n'être pas comprise (parfois ? quand ? hic et nunc ? c'est secret ?) et pour dire que vous vous en foutez, a au moins l'avantage d'être comique. Si vous ne voulez pas être comprise ici, pourquoi parlez-vous et tentez-vous de répondre ? Pour donner votre point de vue et ce, sans prendre en compte celui des autres parce que vous vous en foutez ? Vous savez, le cogito peut être silencieux et néanmoins efficace.
Revenons à l'alléguée "froideur analytique et vérificatrice". Pour le dernier terme, il n'y a pas vérification, mais constation d'une inconsistance ; le couple sens-non-sens n'est pas homogène au couple vrai-faux. Bref. Vous émettez l'hypothèse que cette "froideur" serait causée par un manque de confiance. Précisons. Ce n'est pas un manque de confiance en soi puisque le point de vue est assumé. Et ce, contrairement à celui ou celle qui se place dans un système inconsistant. Par principe, il ou elle se pose au-delà de toute réponse, même possible, et donc, par conséquent, au-delà de tout accord et donc de toute convention. Une activité fort solitaire... Grosso modo, cela revient à dire : "je veux récupérer le langage qu'on m'a volé (quand ? qui ?) puisqu'il est exclusivement mien (drôle de conclusion qui légitime le voleur)." Bon. En tous cas, ce type de croyance absolue relève clairement d'un manque de confiance en soi. Oui, il y a manque de confiance par rapport à la confiance absolue. Une confiance absolue équivaut à n'avoir pas confiance puisque dans ce cas on ne peut pas ne pas avoir confiance. Etre obligé d'avoir confiance, cela ne correspond pas à une confiance qui est liberté de se donner. Si le manque de confiance dont vous parlez est liberté de faire confiance ou non, cela me va.
Oui, la confiance absolue est corrélative à un système inconsistant (car lié à l'absolu). Un tel système dit juste qu'il est et qu'il est le seul. Au contraire, penser par soi-même et avec les autres me semble nettement plus courageux et enrichissant.
"C'est bien ce que je disais, vous êtes donc ici trois à discuter et à échanger (et encore). Vous feriez mieux d'échanger directement des mails avec Béotien." Ceci est faux, il y a d'autres lecteurs et commentateurs. Notons que se lire réciproquement c'est également échanger. Rien ne vous empêche de vous initier à la philosophie ou à la logique. Que cela vous dérange qu'il s'agisse ici de philosophie, cela est votre problème. De plus, "C'est bien ce que je disais" est faux également parce ce n'est pas ce que vous disiez. N'hésitez pas à vous relire. Ou alors est-ce inutile parce que vous avez oublié l'émotion du moment ?
Une fois, de plus vous n'apportez aucun argument, comme si le fait que vous le pensiez ou l'éprouviez suffise à le légitimer. Si ça vous occupe ou vous amuse...
Venons-en à l'incomplétude. C'est vous qui égalez le vide au manque. Contrairement à ce que vous affirmez, jamais je ne l'ai fait. C'est en effet peut-être l'une de vos obsessions ; mais ce n'est pas la mienne. Il en effet étrange que l'incomplétude vous fasse penser à la géographie de votre corps. Car, au contraire, chacun est complet et aucun (individu, genre etc.) n'est le modèle de l'autre. Il ne l'est que si on le veut bien. Votre association d'idées laisse penser que cela est peu clair pour vous. Mais, je ne suis pas psychanalyste...
Non, je parle d'incomplétude pour dire qu'on peut penser sans le tout. S'il y a tout, il n'y a certes pas manque, mais il n'y a pas le désir qui est son assomption et sa métamorphose en tant qu'action dans le réel. Je disais que la stratégie du Moi comme tout était une parade à l'angoisse du manque, et donc de celle l'incomplétude (caractéristique des individus-egos). Par conséquent, qui ne manque pas peut soit se croire Moi-tout grâce au refus le symbolique qui est lien et ouverture (mais le réel revient malgré tout sous forme d'hallucinations), soit désirer et agir dans le réel.
Vous avez foi en votre émotion. Parfait. Que vous la mettiez en forme pour la transmettre, la communiquer et donc échanger, je suppose a priori que cela serait intéressant. Mais ici, vous parlez "de" votre émotion ; c'est-à-dire non pas d'elle mais à partir d'elle. C'est cela le mono-directionnel, le monothéisme. Votre guide est votre émotion. Fort bien. C'est votre droit. Personne (en tous cas pas moi) ne le conteste. Et alors ? Vous différez ? Eh oui, tout le monde diffère. C'est la singularité de la différence qui permet l'échange, pas de psalmodier le fait qu'on diffère ("Moi, Moi, Moi,..."). Ayez confiance en vous : parlez d'autre chose.
Vous dites que je n'essaie pas de parler votre langue. Laquelle ? Que fais-je sinon vous répondre ? La langue de votre émotion ? Pardonnez-moi de n'être pas vous.
Les émotions, je décide de les vivre dans le réel avec des autruis complets, pas de les exprimer ici sous forme d'opinion sans réplique ni sous forme d'oeuvre d'art (ce qui ne préjuge pas non plus que je serais capable d'art).
Je remarque tout de même avec intérêt que c'est pourtant ici que vous déclarez que vous avez foi en votre émotion. "Faites ce que vous voulez". Est-ce cela que vous vous voulez vous entendre dire en commentant en ce lieu ? Mais vous n'avez pas besoin d'autorisation pour être libre. Simplement, je continuerai à dire en substance que ce n'est pas en écrivant en capitales (EST, JE, etc.) que vous ferez rentrer le réel dans le langage. C'est précisément cela votre désir de référence absolue.
Vous n'êtes pas la seule à vous sentir exister. Vous êtes libre ? La belle affaire. Employez-la, cette liberté. Mais dans le langage, vous vous heurtez à celle des autres. Pour ne pas devoir nier perpétuellement (il ne faut pas croire Hegel, mais comprendre qu'il se place à la fin de l'histoire et des processus), il s'agit de parvenir à des conventions immanentes, et non pas venir dire : "c'est pas vrai !!!". L'enfant (ah, l'étymologie...) ne peut nier le langage existant qu'à partir de celui-ci. Même Derrida s'en est aperçu. C'est dire. Notons que contrairement à votre assertion, je n'ai pas dit que le langage était "parfaitement partagé" mais qu'il était "antérieur" (encore une évidence : on apprend à parler).
Donc, si cela ne vous convient pas, proposez et justifiez vos propositions. Si vous ne les justifiez pas, apprenez à ne plus être étonné si on ne les accepte pas. Vous croire sur parole ? Sur la foi de votre émotion ? Lorsque vous dites éprouver ceci ou cela : pourquoi pas. Mais s'il s'agit de comprendre quelque chose qui vaille quelle que soit votre émotion du moment : certainement pas. Dans cette optique, l'émotion est insuffisante (ne serait-ce que pour en éprouver de bonnes : joies etc.) même si elle est (bien sûr !) nécessaire.
Ma "froideur" ? Enfin, que voulez-vous ?

Écrit par : Anaximandrake | 07/12/2005

Ne laissez pas libre cours à votre emballement, je suis un pince sans-rire.

Écrit par : Anaximandrake | 07/12/2005

"Les émotions, je DECIDE de les vivre dans le réel avec des autruis complets, pas de les exprimer ici sous forme d'opinion sans réplique ni sous forme d'oeuvre d'art (ce qui ne préjuge pas non plus que je serais capable d'art)."

Au risque de m'emballer, je pense que vous en êtes capable, et puisque chez vous TOUT se DECIDE, Magister, pourquoi attendre? Avez-vous peur d'être incompris?

Les vulcains sont vraiment d'étranges créatures.

(sourire émotif)

Écrit par : un admirateur anonYme | 07/12/2005

Voyons, bien sûr que non, tout ne se décide pas.
En particulier, le désir n'est pas décision même s'il en entraîne, et notamment quant au mode de vie (et donc aux émotions réelles).
Le désir spécifique que vous m'attribuez n'est pas le mien, même si, généreusement, vous m'estimeriez, s'il existait, capable de le réaliser.

Bien à vous.

Écrit par : Anaximandrake | 07/12/2005

« Arras nous dit que la sainte chandelle Brûle toujours ; et la tienne s'éteint ! » (Dulaurens)
« Dans ce monde qui n'a ni queue ni tête, je n'en fais qu'à ma tête. Un mouchoir au creux du pantalon, je suis chevalier d'Éon. » (Mylène Farmer)
« Au vrai, ce fut ce qui se produisit. Dès que le chevalier fut redevenu « femme », personne ne le prit plus au sérieux. » (Alain Decaux)

Écrit par : Dumont d'Urville | 09/12/2005

Le temps passe et les vraies causes deviennent de fausses excuses.

Écrit par : Anaximandrake | 12/12/2005

Le temps passe et les vraies vies deviennent des survies mensongères .

Écrit par : Simone | 13/12/2005

Ou l'inverse. Mais, dans les deux cas, de plus en plus rapidement (Cf. loi d'Anaximandrake).

Écrit par : Anaximandrake | 14/12/2005

La loi d'Anaximandrake ?

Écrit par : Simone | 15/12/2005

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