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16/01/2006

Remis velisque fugere

« Enfin, mon âme fait explosion, et sagement elle me crie: "N'importe où ! n'importe où ! pourvu que ce soit hors de ce monde !" » (Baudelaire)

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Ce n'est pas tant que le Tout soit un mirage hors d'atteinte, une illusion spécifique à la suspension des sens. Le problème est plutôt que le Tout est en fait homogène à un repos modelé sur la mort, mort qui est la vérité de toute transcendance. Cependant, la folie ne sera jamais assez folle pour que ontique et ontologique deviennent indistincts. Transcendance versus chaos ? Non. Soyons clairs : la sagesse adéquate au chaos, c'est-à-dire à une folie véritablement inhumaine, c'est le discernement.

Il convient en effet de saisir que le point d'être s'avère jonction du réel, de l'imaginaire et du symbolique. Aucune préséance d'aucune de ces dimensions sur aucune autre. Sinon, la transcendance en tant que coupure asymétrique advient comme hallucination provoquant des effets réels. Cette césure, hétérogène à la symbolique, est avènement du néant comme tel, c'est-à-dire du non-être comme fantasme. Car c'est bien de la castration que s'origine la réelle prise de pouvoir de l'imaginaire. En effet, l'image souveraine est négation de la puncta coacta qui la constitue, et donc affirmation du Tout par déni. Déni de la castration ? En fait, c'est le délire du Tout lui-même qui avère la castration. Le réel de la castration, c'est le délire, non comme processus mais comme légitimation de la prise de pouvoir de l'une des dimensions de l'être. Oui, la césure symbolique diffère de la castration puisqu'elle est condition de la connexion et de la déconnexion, c'est-à-dire de la formation de touts.

En effet, il n'y a de tout que fragmentaire, donc relatif. Un tout n'est tout que s'il existe des composantes possibles qu'il ne totalise pas. Oui, le multiple pur est intotalisable. Sinon, l'absolu, formalisé, se nierait lui-même à l'infini. C'est la bêtise de toute religion : la foi comme strict envers du doute, corrélat de l'exclusion de leur sursomption.

Bref : le Tout est indice de transcendance, c'est-à-dire de la coalescence entre réel et imaginaire, donc du refus du symbolique, c'est-à-dire d'autrui. Les différences, craintes, sont alignées sur la catégorie de l'opposition. Il est remarquable que c'est le rejet d'autrui qui donne naissance à l'Autre, c'est-à-dire à la possibilité même de l'aliénation. On voit donc que c'est un tropisme sophistique qui rend possible la servitude volontaire, puis déniée, donc parfaitement intériorisée. Mais, non, tout n'est pas dans la langue, et "Tout" n'est que dans la langue.

Reflet de rien, l'être apparaît comme chaotique, vide, ou multiplicité éternelle se disséminant sempiternellement. Ainsi, la présence en tant qu'éternitaire est-elle assomption du temps comme événement de la différence pure, cette substance paradoxale. Mais atteindre le Tout - la fin du temps - revient, pour exclure autrui, c'est-à-dire Soi, à rejoindre l'Autre, c'est-à-dire rien.

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