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26/04/2005

La nature du lieu

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Dans la Critique de la raison pure, Kant expose les errances de la raison lorsqu'elle tente de dépasser les bornes de l'expérience. S'ensuivent ce qu'il nomme les antinomies de la raison pure. Tel est par exemple le premier conflit des idées transcendantales :

Thèse : Le monde a un commencement dans le temps et il est aussi limité dans l'espace.

Antithèse : Le monde n'a ni commencement dans le temps, ni limite dans l'espace, mais il est infini aussi bien dans le temps que dans l'espace.

Pour Kant, ce dilemme est indécidable. Cependant, si l'on prend au sérieux les mathématiques ou plus exactement la théorie des ensembles, les choses changent. Selon cette dernière en effet, l'auto-appartenance est prohibée, un ensemble ne peut appartenir à lui-même. Corollaire : il n'y a pas d'ensemble de tous les ensembles. Le monde n'est pas clos ; le Tout n'existe pas. Ce qui se dit aussi : "l'étant en totalité" est un non-sens. Donc, si à la manière d'un Badiou l'on pose que mathématiques et ontologie sont réciprocables (ce qui est une thèse non sur l'être mais sur le discours), alors c'est en faveur de l'antithèse qu'il faut trancher. C'est-à-dire : le monde n'a ni commencement dans le temps, ni limite dans l'espace, mais il est infini aussi bien dans le temps que dans l'espace.

Ou, comme le dit Lucrèce :

« Telle est donc la nature du lieu, du gigantesque espace :
S'ils glissaient pour toujours entraînés par le temps,
Les éclairs n'en verraient jamais la distance réduite,
Tout l'énorme réservoir des choses est ouvert
En toutes directions. »

 

 

 

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