Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/07/2005

Objectivité partiale

« La conscience de l'être était graduellement devenue plus confuse, et celle de localité avait en grande partie usurpé sa place. L'idée d'entité s'était noyée dans l'idée de lieu. » (Poe)

 

medium_dsc015.jpg

« Il est récurrent, chez Deleuze, de soutenir que les multiplicités, à la différence des ensembles, n'ont "pas de parties". C'est bien, à notre avis, ce qui fait que leur opposition aux ensembles se fait sous le signe de l'Un. Certes, nous voyons qu'il s'agit de sauver la singularité qualitative, et la puissance vitale qui s'y attache, mais nous ne croyons pas qu'on y puisse parvenir par ce moyen. Au vrai, c'est tout le contraire : l'excès immanent qui "anime" un ensemble, et fait que le multiple est intérieurement marqué par l'indécidable, résulte directement de ce qu'il a non seulement des éléments, mais aussi des parties. C'est un grand point de faiblesse, dans toute théorie des multiplicités, que de ne pas distinguer leurs éléments (ce que le multiple présente, ou compose) de leurs parties (ce qui est, par le multiple, re-présenté par un sous-multiple). Déjà l'énoncé selon lequel les multiplicités n'ont pas de parties indifférencie les deux types d'immanence, les deux formes fondamentales de l'être-dans, que la théorie des ensembles sépare dès lors qu'elle distingue l'appartenance (élémentaire) et l'inclusion (partitive). Or le rapport entre ces deux formes est la clef de toute pensée du multiple, et à le méconnaître, on ne peut que soustraire la philosophie à une de ses plus astreignantes conditions contemporaines. » (Badiou)

 

 

Commentaires

Toi que j'avais pour horizon
Belle étendue nue
Et vierge comme un désert fertile
Je te trouve à présent dressée
Dune majestueuse et parée pour la noce

Écrit par : amanda | 15/07/2005

Certes Badiou distingue deux manières, pour un ensemble A, d'être "dans" un ensemble B, comme deux types d'immanence de A à B, appartenance et inclusion. Mais Deleuze, lui, distingue deux types de multiplicités, les multiplicités de type "ensembles", comme des "tout" qui admettent des "parties" (et sans doute aussi des "éléments", la distinction entre parties et éléments, appartenance et inclusion, n'étant pour lui pas capitale), et des multiplicités d'un autre type, qui ne se divisent pas sans changer de nature. Le second type de multiplicités et ce que Deleuze entend par "se diviser" doivent pouvoir être approchés par analogie avec certaines mathématiques, peut-être une théorie des "variétés".

Qui reste sous le signe de l'Un, celui qui se donne deux types de multiplicités façon Deleuze, ou celui qui se contente d'un seul de ces deux types ? D'ailleurs, Badiou n'échappe pas à l'autre type de multiplicité à la Deleuze, véritable fantôme ou démon métaphysico-poétique qui hante L'être et l'événement.

Écrit par : Béotien | 17/07/2005

Béotien, vous êtes dans le vrai. Cependant, Badiou, à demi mot, ne reconnaît-il pas cette ukase, dans une hardie prosopopée : "La séduction de la proximité poétique, j'y succombe à peine l'ai-je nommée [...]" Ce démon que vous invoquez, n'est-il pas cet être singulier et paradoxal de "l'intervention" ? Et puis, il y a le "générique", au vénusien symbole, qui fusionne les multiplicités, et crée le nouveau, l'inconstructible, l'hors encyclopédie. Malgré la fin de non-recevoir que Deleuze opposait à la "présence", à laquelle Buydens tentait de ramener sa métaphysique, Badiou renchérit, et la rapproche de celle de Heidegger. La "présence" est encore ce par quoi nous sommes pieux, et nihilistes apostats. Nietzsche ou Mallarmé ? Les deux ne sont-ils pas encore prisonniers d'une alternative religieuse ? Badiou est cependant plus pertinent lorqu'il invoque Pessoa. Finalement, faut-il, encore une fois, en revenir aux oppositions que Badiou dispose entre lui-même et Deleuze ? Cela, prima facie, semble à rejeter. A voir. Car il n'est pas sûr que le piège du mathématisme ne se referme pas en fait sur Badiou :
"Résumons-nous. La tentative de subversion de la transcendance "verticale" de l’Un par le jeu du clos et l’ouvert, qui dispose la multiplicité dans l’intervalle mobile d’un ensemble (inertie) et d’une multiplicité effective (ligne de fuite), produit une transcendance virtuelle "horizontale", qui méconnaît la ressource intrinsèque du multiple, suppose la puissance chaotique de l’Un, et analogise les modes d’actualisation là où il faudrait saisir la singularité. On aboutit à la fin à ce que nous appellerons une mystique naturelle." (Badiou)

Écrit par : Anaximandrake | 18/07/2005

Les commentaires sont fermés.