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08/12/2005

Sine cortice nare

« Ecrire, c'est se livrer à la fascination de l'absence de temps. » (Blanchot)

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« L'orgueil ou l'effacement suprême est la suprême ignorance de soi. » (Spinoza)
 
 
 

 

Commentaires

Ou entrer dans la plénitude du temps. Et évoluer dans un soi qui pourrait ressembler à votre illustration, mais dont les cercles concentriques, autour du caillou, seraient ouverts en leurs accès.

Écrit par : Alina | 08/12/2005

C'est-à-dire, autour du noyau, une spirale centrale qui se déformerait pour donner lieu à une infinité de chemins.
Ecrire, c'est comme dans ces jeux d'enfant où il faut trouver le chemin de la sortie dans le labyrinthe ; comme on n'a pas envie de gagner du premier coup, on s'amuse d'abord un peu à suivre les autres, pour voir... Un éloignement de soi, mais il faut partir de soi ! Et une fois tracé, le chemin se lit dans les deux sens, il ramène au centre.

Écrit par : Alina | 08/12/2005

Ecrire, c'est se vouer à l'oubli.
Le chemin qui mène hors de soi ne ramène pas à soi. On retombe sinon dans la tautologie du moi.

Écrit par : Attendant | 08/12/2005

'Le chemin SE LIT dans les deux sens", disais-je...Le chemin ne ramène pas l'auteur à soi, il amène le lecteur au soi de l'auteur. Et de là à l'oubli du soi.

Écrit par : Alina | 08/12/2005

Intéressant, je n'y avais pas pensé.
Mais le lecteur n'emprunterait-il pas le chemin qui mène plutôt au soi de l'oeuvre ? L'auteur ne s'y lirait-il pas, si elle est bien écrite, que sous la forme de l'absence ? D'où l'extériorité du lecteur à l'auteur, dans les deux sens.

Écrit par : Attendant | 08/12/2005

Je ne sais pas, Attendant. Lisant Kafka par exemple, j'ai bien le sentiment de pénétrer jusqu'à lui en personne. Procès, attendus, attendant... que de cheminements !

Écrit par : Alina | 08/12/2005

Étrange, non, que pour l'Occidental, au Centre se trouve le Moi alors que ce soit l'inverse pour l'Oriental, où le Centre est vide, se doit d'être vide. Toute une imagerie de centrité et centrifugité. Comme par un phénomène inexpliqué, mystérieux. Autour du roc, des concentrations parfaites, infinies. Puis, d'un trait vacillant une ligne qui n'y aboutit ni n'en part.

Écrit par : Kate | 08/12/2005

Et qu'est-ce qui compte en "absence du temps" ? - le souvenir de l'émotion initiale, l'intensité, le feu. Ecrire serait les entretenir par des mots électifs, dont la pureté limiterait la fumée et anoblirait les cendres. Entretenir le feu de l'illusion par l'aliment de l'allusion. Devenir lisible pour chacun et, pour soi-même, indéchiffrable. "Le poème est un voile qui rend visible le feu" - MB. Ecrire au nom de la hauteur - "selon le fragmentaire qui détruit la surface et la profondeur" - MB.

Écrit par : Ruinae | 09/12/2005

Le Combat des Arbres : Après notre victoire qui signifie votre extermination, les Ronces écrouleront les murailles et tous les toits de vos demeures.... Culmination !

Écrit par : Morgane | 09/12/2005

Bravo ; je n'ai pas de réponse en une ligne, ni même trois, mais je remarque une seule chose :

Deux contradictions :

- la fascination de l'absence de temps ne semble être que pour le travail accompli ; mais lorsqu'il se fait, on jure, on peste, on sue, le temps "réel" certes paraît disparaître, mais à quel prix ? L'autre temps, le temps qui semble "perdu" sur l'ouvrage apparaît entièrement dans sa cruauté de temps, le temps des non-jeunes ;

- comment s'effacer par orgueil ?

Je sais, cela paraît digne d'un béotien ; mais 'pliz', Anax., pouvez-vous expliciter ?

Écrit par : Segall | 10/12/2005

"Amor Fati" ; le suicide est-il amour ?

Écrit par : Segall | 12/12/2005

Et dire q'il n'y a pas si longtemps j'ai vu de tels jardins... Toujours de belles photos chez vous.

Écrit par : all_zebest | 12/12/2005

Merci à tous.

(Segall, n'hésitez pas à préciser)

Écrit par : Anaximandrake | 12/12/2005

(merci)

Séparons tout d'abord les choses :

Il me semble que la définition de Blanchot « Ecrire, c'est se livrer à la fascination de l'absence de temps. » masque bien des complexités qui gagneraient à être dévoilées, bousculées, remises en « questions », si tant est que cela ne soit pas déjà votre but, obtenu par le jeu de chat et de souris que constitue la dialectique des carNets, malheureusement bien souvent étalage exophasique. J'ai trivialement mis l'accent sur « le temps du travail à faire », en relation avec le temps conventionnel, ou du moins j'ai tenté ce parallèle simpliste, et puis j'ai relu hier ceci :

« C'était le pouvoir fatal de ces poèmes représentés qu'ils se complètaient et s'élargissaient toujours de nouveau, qu'ils s'accroissaient jusqu'à compter des dizaines de milliers de vers, de telle sorte que le temps en eux était le temps véritable ; c'était comme si l'on avait fait un globe, en grandeur naturelle de la terre... » (R.M. Rilke, les Cahiers de Malte Laurids Brigge). Rilke parle ici des mystères, ces rites moyenâgeux auquels participe Charles VI. Mais j'avoue qu'en lisant ces lignes je me suis demandé si Blanchot n'était pas trompé - pardonnez la crudité du terme - par la mise en exergue d'un apophtegme qui demanderait explication, tout comme j'aurais pu laisser la phrase de Rilke ainsi, sans dire ce dont il s'agissait.

J'ignore d'où vient la définition de Blanchot (de l'Espace Littéraire ?) et ne peux certes pas m'exprimer en son nom. Disons que je la comprends ainsi : « Au fond de l'écriture est l'absence de temps - i.e. l'espace intemporel -, y demeurer est mourir ou folie ; écrire est sans cesse interroger, repousser cette évidence et attendre ses séductions, bref, être fasciné. »

Concernant Spinoza et « L'orgueil ou l'effacement suprême est la suprême ignorance de soi. », j'ai été saisi par la contradiction des deux premiers syntagmes, a priori totalement opposés, et par le chevauchement d'un terme du raisonnement avec un terme de sa conclusion par le biais de l'adjectif (« suprême »). J'ai tenté de résoudre cette apparence d'imbroglio en tranchant le noeud d'un coup de hache nietzschéen (« amor fati ») et d'appeler à la rescousse la mort de la mort (« le suicide »), mais rien n'y fit.

Ici encore, la difficulté m'apparaît dans l'ambivalence des termes utilisés ; il faut s'entendre, et rien ne paraît moins assuré qu'en ces temps de néo-communication - question franche au demeurant...

Que signifie « ignorance » ici ? Méconnaissance ? Oubli ? Disparition ? J'avoue que les degrés de cette échelle n'assurent pas ma progression.

Enfin, je reconnais ma totale incompétence pour qualifier le type de rapports qu'entretiennent les deux textes l'un à l'autre, et à la photographie - dessus, dessous, à côté, derrière, ailleurs ? - ou l'inverse. Peut-être ne faut-il entendre ici que l'art. Peut-être.

(merci de votre attention)

Écrit par : Segall | 14/12/2005

"Ecrire , c'est se livrer à la fascination de l'absence de temps. Nous approchons sans doute ici de l'essence de la solitude. L'absence de temps n'est pas un mode négatif. C'est le temps où rien ne commence, où l'initiative n'est pas possible, où avant l'affirmation il y a déjà le retour de l'affirmation......Le temps de l'absence de temps est sans présent, sans présence. ..........De ce qui est sans présent, de ce qui n'est même pas là comme ayant été, le caractère irrémédiable dit: cela n'a jamais eu lieu, jamais une première fois, et pourtant cela recommence à nouveau, infiniment. C'est sans fin, sans commencement. C'est sans avenir.
Le temps de l'absence de temps n'est pas dialectique.............Dans l'absence de temps, ce qui est nouveau ne renouvelle rien; ce qui est présent ne présente rien , se représente, appartient d'ores et déjà et de tout temps au retour. Cela n'est pas mais revient, vient comme déjà et toujours passé, de sorte que je ne le connais pas, mais le reconnais, et cette reconnaissance ruine en moi le pouvoir de connaître, le droit de saisir,, de l'insaisissable fait aussi l'indessaisissable, l'inaccessible que je ne puis cesser d'atteindre, ce que je ne puis prendre, mais seulement reprendre-et jamais lâcher."

C'est l'approche du neutre " Quelqu'un est le IL sans figure, le ON dont on fait partie, mais qui en fait partie ? Jamais tel ou tel , jamais toi et moi. Personne ne fait partie du ON

..........

Là où je suis seul, le jour n'est plus que la perte du séjour, l'intimité avec le dehors sans lieu et sans repos. La venue ici fait que celui qui vient appartient à la dispersion, à la fissure où l'extérieur est l'intrusion qui étouffe, est la nudité, est le froid de ce en quoi l'on demeure à découvert, où l'espace est le vertige de l'espacement. Alors rêgne la fascination ."

Maurice Blanchot . L'espace littéraire folio page 25

Écrit par : Simone | 14/12/2005

En effet.

Peut-être.

Reprenons :
"L'Orgueil consiste à avoir de soi, par Amour, une meilleur opinion qu'il n'est juste" (Ethique, III, Définition XXVIII)
"L'Effacement, consiste à avoir de soi, par Tristesse, une moindre opinion qu'il n'est juste." (Ethique, III, Définition XXIX)

Ainsi et bien plus :

"L'orgueil ou l'effacement suprême indique la suprême impuissance de l'âme." (Ethique, partie IV, proposition LVI)

(Merci à vous)

Écrit par : Anaximandrake | 14/12/2005

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