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15/10/2006

Requiem

« Nous ne prenons garde qu'aux pensées qui sont les plus distinguées. » (Leibniz)

 *

« Rien n'arrive. » (Sternberg)

 

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Terrible semaine, qui après celui de Danièle Huillet, est aussi celle du décès de Jacques Sternberg. Auteur confidentiel, rebelle angoissé mais tranquille, âme lucide mais pleine de fantaisie, il était une sorte de refusnik tout à la fois désespéré et stable, nihiliste et romantique. Bien qu'auteur de romans, il excellait dans les contes et histoires courtes. En quelques mots simples et banals mais empreints d'Unheimlichkeit, Sternberg savait provoquer des vertiges existentiels et métaphysiques (oui, vraiment...). Voyez ces titres : Contes glacés, La géométrie dans l'impossibleetc.

 

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Mais ce n'est pas le temps de l'analyse, et Jacques Sternberg, nous ne l'avions jamais rencontré. Toutefois, notre voix se fait aussi blanche, solennelle et compassée qu'à propos de Danièle Huillet. Car plutôt si, nous l'avons rencontré de la seule manière qui vaille lorsqu'il s'agit d'un artiste : par son oeuvre. Jacques Sternberg est en effet le scénariste de Je t'aime, Je t'aime, ce chef-d'oeuvre réalisé par Alain Resnais en 1968 (musique de Penderecki), et passé inaperçu en partie à cause des "événements" de mai, ainsi que des fameuses "perturbations" du festival de Cannes. Nous avons eu la chance de pouvoir assister à la projection de l'une des copies sans sous-titres de ce film, au cinéma Saint-André-des-Arts, avant qu'il ne sorte de nouveau en 2003, mais dans sa version sous-titrée en anglais. Oui, ce fut une véritable rencontre.

 

Je t'aime, je t'aime est à la fois un drame de la froideur et une célébration de l'amour absolu. Il s'avère être aussi une puissante réflexion sur le temps et la mémoire. Son montage, quasi riemannien, est conforme à la théorie du cône bergsonien ; il rend sensible le caractère essentiellement second de la chronologie et permet de suivre le réenchainement des événements-souvenirs par zones d'intensités.

 

R.I.P.

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Commentaires

merci pour cet éloge funèbre, pour cet auteur quasi inconnu et pourtant assez genial... ne serait-ce que pour "je t'aime...", film non moins inconnu alors qu'on nous rebat les oreilles à l'envie avec celui de son ami marker (remarquable également). il y'a avait eu une copie également en 2003 qui je crois n'était pas sous-titrée (au champo).on peut le trouver en divx sur internet. c'est toujours moins sympatique que les salles obscures, mais à défaut de grives...

RIP

(NB: j'étais tombé sur ton site il y a quelque temps et l'avais mis dans mes favoris puis oulblié. j'ai regardé quelques uns de tes articles aujourd'hui et je crois que j'y retournerai plus souvent... l'idée du tractacus comme preterition est très séduisante; je partage)

Écrit par : job | 29/10/2006

Merci à vous.

Écrit par : Anaximandrake | 02/11/2006

Je me souviens encore du jour où j'ai appris la mort de Jacques Sternberg..; Drame intérieur, raz-de-marée sentimal...
Quoi qu'il en soit, il reste un grand auteur. Malheureusement méconnu.
Il existe de puis peu un blog relatif à ce grand artiste qu'il était :
http://jacquessternberg.skyblog.com
Il existe aussi un site : jacques.sternberg.free.fr

Écrit par : CélinUH] | 03/03/2007

Les commentaires sont fermés.