26/12/2008
Bonus
« Dans la perspective impulsionnelle, le producteur et le consommateur se confondent. » (Klossowski, La monnaie vivante)
*
« [I]l était effectivement Ingénieur en Emotions [...]
— Avez-vous jamais éprouvé, demanda-t-il, la sensation d'avoir en vous quelque chose qui n'attend pour sortir que l'occasion que vous lui en donnerez ? Quelque excès de puissance dont vous n'avez pas l'emploi [...] ? [...] Je songe à une sensation bizarre que j'éprouve quelquefois, la sensation d'avoir quelque chose d'important à dire, et le pouvoir de l'exprimer, mais sans savoir quoi, et je ne peux pas faire l'usage de ce pouvoir. S'il y avait quelque autre manière d'écrire... Ou bien d'autres sujets à traiter... Il se tut ; puis : N'est-ce pas, reprit-il enfin, je suis assez habile dans l'invention des formules, vous savez bien, les mots d'une espèce telle qu'ils vous font brusquement sursauter, presque comme si vous vous étiez assis sur une épingle, tant ils paraissent nouveaux et produisent un effet de surexcitation [...] Mais cela ne semble pas suffisant. Il ne suffit pas que les formules soient bonnes [...] J'ai le sentiment que je pourrais faire quelque chose de beaucoup plus important. Oui, et de plus intense, de plus violent. Mais quoi ? Qu'y a-t-il de plus important à dire ? [...] Peut-on dire quelque chose à propos de rien ? Voilà à quoi ça se réduit en fin de compte. » (Huxley, Le meilleur des mondes)
— Avez-vous jamais éprouvé, demanda-t-il, la sensation d'avoir en vous quelque chose qui n'attend pour sortir que l'occasion que vous lui en donnerez ? Quelque excès de puissance dont vous n'avez pas l'emploi [...] ? [...] Je songe à une sensation bizarre que j'éprouve quelquefois, la sensation d'avoir quelque chose d'important à dire, et le pouvoir de l'exprimer, mais sans savoir quoi, et je ne peux pas faire l'usage de ce pouvoir. S'il y avait quelque autre manière d'écrire... Ou bien d'autres sujets à traiter... Il se tut ; puis : N'est-ce pas, reprit-il enfin, je suis assez habile dans l'invention des formules, vous savez bien, les mots d'une espèce telle qu'ils vous font brusquement sursauter, presque comme si vous vous étiez assis sur une épingle, tant ils paraissent nouveaux et produisent un effet de surexcitation [...] Mais cela ne semble pas suffisant. Il ne suffit pas que les formules soient bonnes [...] J'ai le sentiment que je pourrais faire quelque chose de beaucoup plus important. Oui, et de plus intense, de plus violent. Mais quoi ? Qu'y a-t-il de plus important à dire ? [...] Peut-on dire quelque chose à propos de rien ? Voilà à quoi ça se réduit en fin de compte. » (Huxley, Le meilleur des mondes)
*
« Restent à répartir les sursalaires et leurs taux. » (Milner, Le salaire de l'idéal)
21:50 | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Cher ami,
Votre montage photos / textes est excellent.
Je m'étais laissé dire que vous n'appréciez pas trop cette série dont l'un des sujets n'est pas le rien mais le désir de tout et par la même de rien.
Une excellente année à vous deux.
Écrit par : P/Z | 27/12/2008
Je vous remercie, dear friend, et vous envoie tous nos voeux.
En effet, il est question dans 'Mad Men' du désir, du désir comme manque, celui que rien ne satisfait, bref : de l'insatisfaction. Et c'est ce rien, ce manque, qu'il s'agit de susciter à travers la publicité, et ce, à partir de rien. C'est pourquoi (attention : spoiler), la conclusion de la saison 1 me semble très bien trouvée. Ce nouveau-né est bien ici le contraire du messie et s'avère la métaphore du déni ; une sorte de néantification. De même, il n'est pas innocent que ce soit le psychanalyste le medium de la transmission des "vrais messages" entre le publicitaire et son épouse.
Sinon, tu auras été insuffisamment renseigné : j'aime bien cette série. Je considère en effet que c'est, à part quelques exceptions, ce qui se fait de mieux actuellement, cinéma inclus. Ce qui reste inquiétant pour la production contemporaine en mal de chef-d'oeuvres, et qui partage avec 'Mad Men' le recours facile à l'empathie.
Quant au deuxième photogramme, et à l'attention de ceux qui ne l'auraient pas reconnu, il est extrait de 'The apartment' de Wilder. Outre la quasi homonymie (Olson/Olsen) de la secrétaire, on y retrouve la vie et la physionymie des bureaux de l'époque (around 1960 à NYC ; dans un cas la publicité, de l'autre, les assurances), ainsi qu'une scène de fête arrosée dans les locaux, etc. Même si, pour le Wilder, on a affaire à une comédie, la comparaison est assez amusante (us et coutumes dans les relations hommes-femmes, etc.)
Écrit par : Anaximandrake | 28/12/2008
Le film de Wilder est d'ailleurs littéralement cité dans l'un des épisodes de de la saison 1.
Je suis d'accord avec toi, cette série est ce que j'ai vu de mieux cette année (je dois préciser que je n'ai pas vu grand chose) avec Cloverfield, film de monstre dont le monstre a la caractéristique d'être évanescent.
Écrit par : P/Z | 28/12/2008
PS:
Pour l'anecdote, ajoutons une autre 'citation'. Dans la saison 2, apparaît un Kirkeby, nom du personnage joué par David Lewis dans le film de Wilder.
Écrit par : Anaximandrake | 29/12/2008
Les commentaires sont fermés.