09/04/2005
Péripatétisme
Dans l'Athènes antique, certaines hétaïres parvinrent, et notamment grâce à Plutarque, à l'immortalité classique.
Clepsydre fut ainsi nommée parce qu'elle accueillait et congédiait ses amants en se référant à l'instrument éponyme. Thargélie, espionne des Perses, se spécialisa quant à elle dans la fréquentation des hommes d'Etat athéniens. Théoris et Archippe se partagèrent les faveurs du vieux Sophocle. Platon fut diverti par Archeanessa. Ce sont Danaé et Léontie qui initièrent Epicure, le philosophe qui accueillait les femmes en son Jardin. Gnathaena demandait mille drachmes à quiconque désirait passer une nuit en compagnie de sa fille, tant celle-ci avait reçu une "bonne éducation".
La célébrissime Phryné avait coutume de déambuler totalement voilée. Mais, un jour, lors de la fête d'Eleusis et des Poseidonia, cachée à la vue de tous, elle déploya sa chevelure et alla se baigner dans la mer. C'est elle qui fut le modèle de l'Aphrodite de Praxitèle. Il semble que, de même, Apelle s'en inspira pour son Aphrodite Anadyomène. Ses amours enrichirent tant Phryné qu'elle offrit aux Thébains de reconstruire les murs de leur cité à la condition que son nom y fut inscrit. Ils refusèrent. Il arriva aussi qu'un certain Euthias, à qui elle avait demandé des honoraires exorbitants, se vengea en l'attaquant en justice pour impiété. Mais, l'un des membres du tribunal était un client fidèle et l'orateur Hypéride, qui la défendait, lui vouait un véritable culte. Celui-ci, pourtant fort éloquent, conclut sa plaidoirie en délestant Phryné de sa tunique. Ecce mulier. Ainsi, à la différence de Socrate, fut-elle unanimement acquittée.
Selon Athénée, Laïs de Corinthe « paraît avoir surpassé en beauté toute les femmes qu'on ait jamais pu voir. » Tous les peintres et sculpteurs la suppliaient de poser pour eux. Peine perdue. Seul Myron, un vieillard, finit par la convaincre. Fasciné par sa splendide nudité, le sculpteur oublia son art et lui offrit sa fortune contre une nuit d'amour. Elle rit et s'en fut. Le lendemain, Myron rasa sa barbe et coupa ses cheveux, puis revêtit ses plus beaux atours : tunique écarlate, chaînes et anneaux d'or. Il alla trouver Laïs qui, amusée, lui déclara : « Mon pauvre ami, tu me demandes ce que j'ai refusé à ton père pas plus tard qu'hier. » A l'instar de Phryné elle finit par acquérir une immense fortune. En effet, tel Aristippe, nombreux sont ceux qui lui versaient des honoraires mirobolants au point de scandaliser leurs amis, sans doute moins aisés. Elle frustra le modeste Démosthène en lui demandant mille drachmes pour ses faveurs tout en se donnant gratuitement à Diogène le cynique. Généreusement, elle finança temples et constructions publiques au point de se retrouver aussi pauvre qu'à ses débuts. Néanmoins, à sa mort, on la gratifia d'un tombeau splendide.
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