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30/05/2005

Brise-glace

« Un être unilatéral dont le complément en miroir n'existe pas ou, du moins, ne nous est pas connu. » (Mach) Or, « la jouissance m'est ordinairement interdite par la faute de l'Autre s'il existait. » (Lacan) Donc, « les drogués, les masochistes, les schizophrènes, les amants, tous les CsO rendent hommage à Spinoza. » (Deleuze & Guattari)

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« Bref : ne cherchez pas le réel ailleurs qu'ici et maintenant, car il est ici et maintenant, seulement ici et maintenant. Mais, si l'on ne veut pas du réel, il est préférable, en effet, de regarder ailleurs : [...] n'importe où pourvu qu'on soit assuré de n'y jamais rien trouver. Car on n'y trouvera jamais rien d'autre que ce qu'on y cherchait réellement : c'est-à-dire, précisément, rien. » (Rosset)

 

 

 

25/05/2005

Hobbisme contractualiste

When the routine bites hard
And ambitions are low
And the resentment rides high
But emotions won’t grow
And we’re changing our ways,
Taking different roads
Then love, love will tear us apart again

Why is the bedroom so cold
Turned away on your side?
Is my timing that flawed,
Our respect run so dry?
Yet there’s still this appeal
That we’ve kept through our lives
Love, love will tear us apart again

Do you cry out in your sleep
All my failings expose?
Get a taste in my mouth
As desperation takes hold
Is it something so good
Just can’t function no more?
When love, love will tear us apart again

(Joy Division)

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Shiny, shiny, shiny boots of leather
Whiplash girlchild in the dark
Clubs and bells, your servant, don’t forsake him
Strike, dear mistress, and cure his heart

Downy sins of streetlight fancies
Chase the costumes she shall wear
Ermine furs adorn the imperious
Severin, severin awaits you there

I am tired, I am weary
I could sleep for a thousand years
A thousand dreams that would awake me
Different colors made of tears

Kiss the boot of shiny, shiny leather
Shiny leather in the dark
Tongue of thongs, the belt that does await you
Strike, dear mistress, and cure his heart

Severin, severin, speak so slightly
Severin, down on your bended knee
Taste the whip, in love not given lightly
Taste the whip, now plead for me

I am tired, I am weary
I could sleep for a thousand years
A thousand dreams that would awake me
Different colors made of tears

Shiny, shiny, shiny boots of leather
Whiplash girlchild in the dark
Severin, your servant comes in bells, please don’t forsake him
Strike, dear mistress, and cure his heart

(Velvet Underground)

 

 

 

21/05/2005

Distinction

« On ne demande pas, l'oeil fixe, son identité au Maître. Celui-ci sait devenir un temps étranger à lui-même et, pour déjouer la simulation sophistique, dissimuler son origine. Le Trop parlant n'a pas bien entendu le Silencieux. Dans sa fureur de tout engloutir, ses crocs se sont refermés sur... Personne. » (Mattéi)

 

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La grossièreté, la vilenie, c'est la populace parlant à la populace car n'est pas extraite pas la pure forme. Charisme ? Elle charrie plutôt du contenu, des signes ambigus qui flottent et fluctuent dans une logorrhée indistincte puisque Parole prétendant et valoir pour tous et exprimer ce que chacun "pense", c'est-à-dire doit penser. Elle n'a pour destination que l'universel égout de l'équivocité du commun. Avoir sa place, quelle qu'elle soit : hiérarchie infernale et domination par l'immonde dêmos, "maillage de tyranneaux" et gémonies, promiscuité de l'impudique géhenne bien éloignée des espaces de la sèche étincelle qui initie et déchaîne l'affirmation foudroyante de la puissance singulière.

En effet, l’aristocratisme est, quant à lui, l’attention à la pure actualisation de la puissance. Car dès lors que l’éthique s’avère philosophie première, elle devient l’esthétique. Le style, ou même ce qu'on a pu appeler le grand style. A l'inverse de la grasse suffisance de l'orateur de la plèbe, seul l’exemple de la joie, de l'augmentation de puissance et de la sérénité rationnelle a quelque efficace : la grâce. Car le grand style est, selon un premier aspect, un infini processus de singularisation. Il n'est pas cette adhérence organique au fleuve limoneux de sa propre pose. L'on n'est que ce que l'on devient : auto-synthèse, auto-compréhension, c'est-à-dire survol à vitesse infinie de ses propres composantes. Tel est le concept. C'est lui qui accède à la présence réelle et à la réalité de la présence puisqu'il est puissance en acte et intellection de leur (non-)rapport. Le préalable minimal est toutefois d'appréhender que c'est de ce qu'il faut bien nommer le soi, ce silence peuplé, que naît et meurt le langage, antique fleuve circulaire, irrémédiablement serf de la double consistance de ses rives hétérogènes, actives et mouvantes. C'est que le langage ne cèle rien, il est sublime nef, docile instrument mais certainement pas instrument de la docilité. Se tenir, non s'oublier : voilà ce qui distingue le Logos du Maître de ses simulacres émétiques et lotophages.

 

18/05/2005

Anomalies sauvages

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« Les théories ne sont faites que pour mourir dans la guerre du temps » car « c'est l'événement réalisé qui est le garant de la théorie. »

L'ontologie est d'essence stratégique puisque, comme le sait tout philosophe et même - ce qui n'est pas peu dire - tout historien de la philosophie, il n'y a d'ontologies que stratégiques. Bien plus, l'ontologie, c'est la stratégie.

 

 

 

16/05/2005

Borborygmes

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Nous appelons "rhéteur" tout maître de la Parole, c’est-à-dire également le prophète et ses confrères. Remarquons que Quintilien se trompait et parlait en orateur : non, la philosophie ne peut se contrefaire. Il est vrai que l’éloquence non plus, mais c’est qu’elle a pour essence la contrefaçon. L’éloquence qui se contreferait serait donc la philosophie qui, quant à elle, n’est éloquente que secondairement (kata sumbebêkos).

Badiou erre. La mathématique n’est pas l’ontologie. Car la mathématique a pour contenu sa propre forme. Sauf à se définir, dialectiquement, contre la Parole, c’est-à-dire en la restaurant, en en gardant son noyau central qu’est la transcendance, on ne peut avaliser une telle ontologie. En fait, d’une manière fort différente de Frege ou de Russell, nous posons que la logique est plus générale que la mathématique. Celle-ci est en effet un langage parmi d’autres, "un formidable argot" ; ce qui ne veut évidemment pas dire – nous rejetons ainsi tout réductionnisme au profit d’un émergentisme s’autorisant, quant à lui, non de fantasmes mais des faits – que la mathématique ne crée rien d’irréductible à la logique. C’est une logique. Car la logique est également une logique en ceci que ce "la" signifie un type général, singulier et concret mais non abstrait ou fictif ("êtres de raison"). Certes, mais pas n'importe laquelle : celle qui émerge, non celle qui se décrète. La méthode n'est pas propédeutique, elle est "ce qui vient après".

Rappelons que le langage est torsions de torsions, "pli selon pli" ou, à la manière de Saussure, système purement différentiel. A la suite de Deleuze, nous ajouterons : en constant déséquilibre, en équilibre instable. Venons-en à Wittgenstein. Son désir de thérapeutique par éclaircissement du langage va plus loin. Mais, comme le decipit du Tractatus le signifie à ceux qui savent l’entendre, il était incapable de parler du Mystique. Il n’était pas le seul mais, lui, le savait ; c’est d’ailleurs pourquoi il a écrit cela. Au moins, du silence… Ceux qui s’autoproclament ses héritiers, c’est-à-dire sa postérité analytique, sont donc des ratiocineurs sans substance, puisqu’il n’y a plus rien à éclaircir si la question du Mystique est évacuée. Ce en quoi ils régressent grandement, s’inféodant derechef à la Parole. Car ils ont pris ledit decipit pour un Commandement du Maître. Pouvoir imaginer Wittgenstein comme un maître suffit d’ailleurs à s’auto-réfuter. Donc : "retour à" l’antique argument d’autorité. Transcendance. Eglises. Ce qui n’est pas sans rapprocher cette "école" de son ennemie – du même âge presque – nommément la psychanalyse. Mais au moins cette dernière est-elle plus lucide quant à sa nature sectaire (mais on n’est pas, tels ses zélateurs lacaniens, contraint de penser que c’est un argument de plus en sa faveur). Car avec ces "philosophes analytiques" c’est de Sade, mais ici d’un Sade aveuglé, qu’il s’agit. La monotonie de leurs opérations, cette pulsion de la répétition, consacrent en effet leur impuissance à annihiler la "Nature première".

Que font donc ces plats et brumeux philosophes du "langage ordinaire" ? Ils tentent de détruire ce qui les traumatisa, les traumatise encore : ce "bain de langage" qui les sépara du Soi. Paix dans les pensées ? Paix à l’âme ? Si, encore une fois, le Soi n’est pas le Moi puisque c’est le Soi-même (au cours du temps) qui est le Moi, quoi qu’ils fassent en fait, il n’est pas sûr qu’ils ne doivent pas fréquenter un quelconque lieu de culte, ce qui ne signifie d'ailleurs pas qu’ils ne doivent pas s’allonger sur le divan. Leurs continuelles proclamations de rigueur rationnelle, leur suivisme fort comique à l’endroit de la science, ne laissent pas de faire penser à une monumentale dénégation ou du moins à une pure et simple incantation.

La Parole n'est pas le Logos. Il faut être esclave pour les confondre.

 

 

 

11/05/2005

Logique de l'auto-appartenance

« Je parle évidemment de la philosophie et des philosophes, de ceux qui s’efforcent de voir, de connaître, d’éprouver le plus possible de choses au cours de leur existence. » (Chestov)

 

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"Être dans l’Être", c’est être l’Être selon le mode qui correspond à sa propre essence singulière. On choisit ce terme "Être" par commodité pour sa neutralité, ce qui ne préjuge donc pas des éventuels différents noms de l’Être. On verra que le baptême de l’Être est l’activité suprême de l’ontologie qui ne peut être philosophie première pour cette raison, et ce, contrairement à la position d’Aristote et de la scolastique subséquente. Cette position diffère pourtant de celle de Lévinas. La seule modalité de l’Être est la nécessité ; la liberté est donc l’effectuation de sa nécessité propre. Comme dit Spinoza, la liberté ne s’oppose pas à la nécessité mais à la contrainte. Cette effectuation correspond à ce que l’on nomme communément la grâce ou l’état de grâce. Chaque instant est le bon puisqu’il ne se justifie que par lui-même. Ce processus est en fait création d’Être c’est-à-dire Devenir. Il s’agit de l’expression du Mystique, de cette zone mentale (en tant que première détermination) non langagière, mais purement intensive. Cette expression ou logique du Mystique est appelée mathématique des intensités. Car l’inconscient est une véritable topographie physique (particulière à chaque singularité) dont chaque cote correspond à une zone d’intensité. Mille plateaux.

La mise en œuvre intégrale de la mathématique des intensités requiert un préalable : la conquête de l’inconscient par tous les moyens. En effet l’inconscient est d’abord dans les fers, en état de servitude. Il est sous l’empire et l’influence de diverses instances du Socius dont le Pouvoir qui, par la médiation de la Loi, sépare l’individu de ce qu’il peut, c’est-à-dire de sa Puissance, c’est-à-dire de son essence singulière. Ces instances sont regroupées sous l’égide unifiante du Surmoi qui le systématise sous la forme du Moi. Il s’agit de l’imposition d’un filtre codant sur le relief singulier de l’inconscient, filtre qui n’autorise que certains passages entre certains points de son territoire. Le reste demeure dans l’ombre et c’est donc étymologiquement à bon droit qu’on peut le nommer inconscient. L’inconscient est parlé, l’inconscient parle. Car si "l’inconscient est structuré comme un langage" (Lacan), "un langage est structuré comme l’inconscient" (Laplanche). Ça parle. Chaque attaque contre un bastion (ce recours à la métaphore est adéquat à ce premier type d'inconscient comme l'a montré Lacan) du filtre codant se manifeste par un phénomène émotionnel particulier : l’angoisse. C’est d’ailleurs à ce signe qu’on reconnaît qu’il s’agit bien d’un bastion en activité. Chaque bastion conquis est une étape vers l’annihilation du filtre. L’obsession est un phénomène intermédiaire, dans ce cas le bastion est non pas anéanti mais assiégé.

Un tel inconscient parasité, colonisé, qui s'avère donc un théâtre, présente deux centres de gravité. L’un est virtuel ; il s’agit du centre de gravité correspondant à l’essence de la singularité. Il est virtualisé par le second centre de gravité imposé de façon continue par l’effet structurel de transcendance qu’est le Socius. Ce centre est nommé Surmoi s’il n’est pas identifié par la conscience. Dans ce cas, l'inconscient est maître, le maître est inconscient. Il est appelé sinon tyran ou monstre intérieur, être composite, lorsqu’il est détecté. Ladite détection entraîne corrélativement la localisation du centre de gravité propre de la singularité et la distinction quasi-complète entre le Soi et le non-Soi. Le concept lacanien d’Autre symbolique est donc détrôné au profit de celui, interne à la logique mathématique (et non à la dialectique de type hégélien), de négation. C’est un corollaire de la destitution du Moi au profit du Soi. A ce stade, celui-ci n’en reste pas moins virtuel. Son actualisation passe par la localisation précise du tyran ou monstre intérieur et la destruction de sa citadelle (qui n’est pas la plus puissante mais la mieux stratégiquement située) qui permet la métamorphose du Moi en individu. Le centre de gravité de l’individu est le moi qui est le point de compression informationnelle de(s) précédentes configurations de l’inconscient ; il est donc en perpétuel devenir et en mouvement incessant au sein de l’inconscient. Le moi, l’inconscient et leurs diverses configurations forment le Soi.

Désormais, l’inconscient est productif, c’est-à-dire capable de création continue. A ce stade, il est possible de conserver le terme d’inconscient grâce à un artifice étymologique : in-conscient. En effet, l’inconscient libéré n’est pas conscient au sens de re-présenté réflexivement dans la conscience mais au sens de présenté intensivement en elle.

Ainsi la mathématique des intensités est-elle d’abord une géographie, un relevé cartographique de l’inconscient. Mais dans un second temps, elle s’avère une pure pragmatique. En effet, grâce au noûs, à l'intellect, s’effectue un comput automatique qui mobilise, au sein de l’intégralité des intensités, celles qui sont adéquates aux sollicitations du non-Soi, qu’il s’agisse de connexions ou de déconnexions, c’est-à-dire de compositions ou de décompositions de relations, de rapports. Le maniement de cette res physicae nommée "lalangue" (Lacan), est une facette dudit comput. Peut donc surgir le domaine du Nous.

La mathématique des intensités est l'éthique réelle de l'événement, la science pratique des manières d’Être, c’est-à-dire empirisme supérieur (Schelling), empirisme radical (W. James), donc transcendantal (Deleuze). Elle est savoir du désir puisque "le désir est l’essence même de l’homme". Si l’on connecte ce théorème à un autre théorème spinoziste, à savoir "l’essence est Puissance", on en déduit immédiatement que la puissance de l’homme est le désir. L’Être étant produit du Devenir, l’ontologie, la science de l’Être en tant qu’Être, est logiquement seconde. Ainsi l’ étho-onto-logique est-elle à même de se substituer à l’antique onto-théo-logie puisque la cohérence (le Logos en acte, l’actualisation du Logos), qui diffère de la non-contradiction de la logique classique, n’est plus celle du Moi ou de Dieu mais celle de la Puissance du désir. Héraclite, les Stoïciens, Montaigne, Spinoza, Hume, Nietzsche, W. James et Deleuze (et peut-être même Wittgenstein) étaient déjà plus proches de l’étho-onto-logique. Mais ils conceptualisaient une onto-étho-logie sans la nommer telle. La nommer ainsi prouve qu’ils enseignaient en fait le double inversé de ce qu’ils faisaient, c’est-à-dire une étho-onto-logique en acte. Ils étaient des individus mais désignaient l’individualité sans la conceptualiser. C’est pour cette raison que l’Ethique de Spinoza est écrite à l’envers (navette incessante, miroirs face à face, figures de lumière) : la substance tourne autour des modes et non l’inverse.

Ainsi le nom de l’Être est-il celui que, logiquement, lui donne le Devenir au sein de l’immanence.

Igitur.

10/05/2005

Quod erat demonstrandum

« Or il n'est qu'une façon de s'imposer par une autorité qui n'emprunte rien au dehors, il n'est qu'un mode d'affirmation inconditionnelle, la démonstration. » (Cavaillès)

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« Seigneur Renart, venez me voir souvent, et je vous prendrai comme ami de coeur ; allez, dans mes bras et embrassez-moi ! [...] Ces propos remplissent Renart d'une joie profonde ; il s'avance et se hâte de l'embrasser ; dame Hersent la louve a levé la cuisse, car ce manège lui plaît fort. [...] Elle dit, pendant qu'il la besogne : "Renart, vous me forcez, eh bien ! je cède à la force !" » (Le Roman de Renart, Branche IX)

 

 

 

09/05/2005

Numéro de Magistral (clone blanc)

Selon François Fédier, « Hannah Arendt a raison : avec Heidegger, il s’agit bien d’un maître. Mais pas du tout de ce que nous, français, appelons un "maître à penser", quelqu’un chez qui l’on va chercher une doctrine toute faite pour enfin (espère-t-on) pouvoir s’orienter au milieu des difficultés inextricables de la vie. Avec Heidegger, pas de doctrine. C’est un maître au sens du maître d’école – de l’instituteur – celui chez qui l’on apprend les rudiments qui servent à apprendre tout le reste. Heidegger est un maître dans l’art d’apprendre, soi-même, à se poser les vraies questions : celles qui ne peuvent recevoir de réponse au sens habituel du mot, parce que les vraies questions vous ramènent à l’ultime précarité, où l’existence ne vous laisse plus comme issue que de déployer, quelle qu’elle soit, votre carrure. En cela il est effectivement maître – au vieux sens latin du magister, le symétrique inverse du minister. Autant ce que fait ce dernier est minime, de simple administration, autant le magister s’occupe d’accroître, d’augmenter. »

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De fait, Heidegger écrivait dans "la Métaphysique de Nietzsche" : « C'est seulement là où la subjectivité inconditionnée de la volonté de puissance devient vérité de l'étant en entier qu'est possible, et donc métaphysiquement nécessaire, le principe sur lequel s'instaure un élevage racial (non la simple formation de races qui croissent à partir d'elles-mêmes) : la pensée de la race qui se sait elle-même. »

 

 

 

08/05/2005

Donation (portrait phénoméno-logique)

« Je méprise la poussière qui me compose et qui vous parle ; on pourra la persécuter et faire mourir cette poussière ! Mais je défie qu’on m’arrache cette vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux. » (Saint-Just)

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« Jamais quelqu'un n'est supérieur ni extérieur à ce dont il profite : le tyran institutionnalise la bêtise, mais il est le premier servant de son système et le premier institué, c'est toujours un esclave qui commande aux esclaves. Et là encore, comment le concept d'erreur rendrait-il compte de cette unité de bêtise et de cruauté, de grotesque et de terrifiant qui double le cours du monde ?» (Deleuze)

 

 

 

06/05/2005

Archie(s)

« [...] vers quoi regarde le nomothète quand il institue les noms ? [...] c'est en regardant vers cela même qu'est le nom qu'il doit produire et instituer tous les noms. » (Platon, Cratyle)

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Les dialecticiens, affirme Socrate, savent interroger et répondre. Comme le montre le Livre VII de La République, les mathématiciens ne le peuvent pas. Ceux-ci rêvent d'une intelligibilité si absolument rationnelle qu'elle n'aurait pas à rendre raison. Ce songe de pureté et de transparence les empêche de s'interroger sur la cause de l'intelligibilité de l'être intelligible. Leurs hypothèses dérivent d'une hypothèse première qu'ils sont incapables de mettre en mouvement. Ils n'atteignent pas à l'anhypothétique, à la question des principes : la cohérence est manquée. Sont-ils différents des élèves de l'Institut Benjamenta de Walser et des frères Quay ? Maintenus dans leur rêve, ils sont conduits à d' « infantiles arguties » sur qu'ils croient être un scandale, une monstrueuse contradiction : que l'un est multiple et que le multiple un.

Que fait le dialecticien ? Il se libère des déterminations et de l'axiologie dictées par la doxa, donc par la koinè. Il rassemble le multiple et divise l'un, mais cette unification et cette multiplication ne passe pas par ce que le langage institue. Elle lui est inassignable. Ainsi, le mathématicien est-il rangé par Socrate du côté des « chasseurs de cailles » et le général de celui des « tueurs de poux ». C'est par la rupture avec l'opinion que se manifeste la liberté du dialecticien, par le courage d'être paradoxal. Car l'intelligence ne se soumet à aucun impératif extérieur, elle n'est limitée que par elle-même, « à condition toutefois qu'elle soit une intelligence vraiment libre. »

Alors, cette source, cette intelligibilité de l'intelligible, faut-il dire que c'est le Bien ? Ce serait être platonicien. Mais être platonicien, n'est-ce pas plutôt créer un autre, d'autres concepts en rapport avec des problèmes qui ne sont plus platoniciens ?

 

 

 

04/05/2005

Fin de partie

« Si Dieu a quitté sa place dans le monde suprasensible, cette place, quoique vide, demeure. La région vacante du monde suprasensible et du monde idéal peut être maintenue. La place vide appelle même en quelque sorte à être occupée de nouveau, et à remplacer le Dieu disparu par autre chose. » (Heidegger)

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« Il faut réveiller en nous les enfants endormis. » (Leibniz)