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06/06/2005

Soi et non-Soi

« D'intenses codages sont raccordés et parfois de sévères mathématiques requises puisque, et en effet, le prix de la victoire sur l'ombre d'un capitaine assoupi mais sempiternel, contre les boulets de cet hippocampe donc, s'avère éternité et absence de chaînes. Toutefois, à l'intention, et pour cause, des esprits chagrins qui la redoutent, rappelons qu'à l'auto-appartenance qui est liberté substantielle, à l'universel donc, nul n'est tenu. » (Apnée, note du 31 mai 2005)

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Toute philosophie de l'Un est une philosophie ancillaire. Pourquoi ? Parce que pour être en mesure de réciproquer l'Être à l'Un, elle ne peut qu'en différer, mais comme dérivée. Posons un préalable : Spinoza, selon la vulgate, est un philosophe de l'Un-Tout. On rétorquera pourtant que c'est vers l'épicurisme et l'atomisme que tend son système. Car c'est bien plutôt le néo-platonisme qui est philosophie de l'Un-Tout ; c'est la doctrine de l'émanation qui le caractérise en propre. Le Bien et le Mal y sont des principes autophages : l'Absolu s'y dévore lui-même. Psychose et transcendance. Tout différemment, le spinozisme est pure immanence. Le bon et le mauvais ne s'y disent que relativement, mais se distinguent absolument. Voici la différence : la joie n'a pas besoin de la tristesse. La joie comme augmentation de puissance se suffit à elle-même, tandis que la tristesse est servile, liée au manque, c'est-à-dire angoisse. Ainsi Spinoza retire-t-il avec une absolue souveraineté Dieu aux théologiens et à leur engeance, et en fait la pure multiplicité qui n'est multiple que de soi. Son oeuvre, et en particulier les polémiques scolies de l'Ethique, le montre clairement.

Non une bipolarité cannibale mais un seul axe : la joie aristocratique comme augmentation de puissance. Cronos émasculé. Qu'est-ce donc que le pouvoir ? Il n'est que le plus bas degré de la puissance, il est la séparation de la puissance d'avec elle-même, séparation d'avec soi et projection de cette séparation. Donc : l'Un est aliénation pure. Ainsi est-il cette instance qui permet aux autres de se relier en un tout. Il y a donc des uns. Ce qui se dit aussi : il n'y a un et autre que si Un occupe la fonction de l'Autre, c'est-à-dire l'Un en tant qu'aliéné. Or, ladite fonction de l'Autre, s'il s'agit de joie, devient celle de la négation. Point de dialectique. La négation de la négation ne donne pas l'identité. C'est l'identité qui se nie en niant. L'être n'est pas devenir, c'est le devenir qui crée l'être. Leur confusion ? C'est l'Ego. Le non-Soi est le lieu de la transcendance aliénée en perpétuelle négation mais, donc, et par suite, de soi-même, c'est-à-dire de son Moi qui est illusion et sa seule substance. Car l'Un est bien une différence pure quelconque, mais celle-ci est sans relation, et conséquemment, sans Soi. Image auto-suffisante. Or l'image, irrémédiablement, est trouée. C'est donc l'épiphanie du processus pervers à l'état pur : l'image identifiée à l'être, la terrible synecdoque. Non-séparation, dévoration, la mort fantasmatiquement niée, avalée. L'immortalité n'est promise aux pervers qu'en échange de leur aliénation absolue. Mais qui la nécessite ? En effet, tout autre est la joie, l'éternité hic et nunc, c'est-à-dire le pur Soi qui advient à la relation de pures différences. Mais, en l'occurrence, sachons nous taire, et laisser aux écrivains qui savent en parler avec grâce, la parole.

Mais, à ce qui ne vit que par l'inquisition et la question, il n'y a qu'une seule réponse à faire : "Annule-toi". En effet, cette instance a en réalité pour structure fondamentale un "donc ?" central, question secrète qui est comme le lieu même de la déliaison. Son repérage nécessite un art subtil et dangereux de l'expérimentation. Un art, à vrai dire, intuitif et sophistique. Oui, une maïeutique. Et, là encore, au-delà des fières figures de Lacan et de Socrate, c'est le brillantissime Hippias le maître. Car derrière ce "donc ?" muet comme être du problème, il y a un "qui ?" qu'il s'agissait de mettre au jour. Alors, mais alors seulement, il s'agit, pour les philosophies du multiple et du concept, d'opérer des jonctions logiques (connexions et déconnexions), c'est-à-dire, au sein de l'immanence conquise, de créer des liaisons signifiantes dans des systèmes de relations extérieures à leurs termes. Voilà comment la logique de l'éthique de l'être, en tant que mathématique des intensités, qui est logique de l'auto-appartenance, l'étho-onto-logique donc, peut devenir une pragmatique réelle, c'est-à-dire une philosophie constructiviste entre individus libres. Car, et c'est son honneur, quant à lui, « l'homme libre n'agit jamais par fourberie, mais toujours de bonne foi. » (Spinoza)

 

 

 

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