26/07/2005
Diversion
« L’empirisme ne voit pas que nous avons besoin de savoir ce que nous cherchons, sans quoi nous ne le chercherions pas ; et l’intellectualisme ne voit pas que nous avons besoin d’ignorer ce que nous cherchons, sans quoi de nouveau nous ne le chercherions pas. » (Merleau-Ponty)
« Remontons cette voie de douleurs et de félicités trompeuses. » (Nerval)
« Tout ce qui est séparable est discernable et tout ce qui est discernable est différent. [...] Car comment se pourrait-il que nous puissions séparer ce qui n’est pas discernable, ou distinguer ce qui n’est pas différent ? » (Hume)
19:45 | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
Si j'ai bien saisi, Richard III aurait donc dû lire Hume avant de déclamer «Un cheval ! Mon royaume pour un cheval !».
Écrit par : Lambert Saint-Paul | 26/07/2005
Hume, était-il atomiste ? Dans ce cas Richard III aurait mieux fait d'être un centaure.
Écrit par : antares | 27/07/2005
Le "vrai homme" enfile toujours sa protection.
Écrit par : sk†ns | 27/07/2005
"Tout ce qui est séparable est discernable"
Excepté Dieu. Mais Hume était athée.
Écrit par : Sébastien | 27/07/2005
« Toute chose a deux anses : l'une par où on peut la porter, l'autre par où on ne le peut pas. » (Epictète)
« Le monde rentre dans un sac » (Reverdy)
Écrit par : Lagan | 27/07/2005
Ce que ne voit pas Merleau-Ponty c'est que "l'empirisme" n'a jamais existé; du moins, jamais outre-manche. Il y a erreur sur la marchandise. Expérience n'équivaut jamais à sensation chez Hume. "L'expérience est un principe qui m'instruit des diverses conjonctions d'objets dans le passé". L'expérience est constituée d'idées de relations.
Nul ne fut "empiriste" avant le koenisbergeois.
Écrit par : K.B | 27/07/2005
l'empirisme du "koenigsbergois" n'est cependant pas ontologique, il se refère uniquement au monde des apparences. Et encore, que dans la mesure du cadre fixé par les catégories (non-empiriques) de la perception. Dans ce cas, sa position serait alors équivalente à l'"empirisme" de Hume ?! Où faudrait-il plutôt les jeter les deux dans le sac de Reverdy ?
Écrit par : antares | 27/07/2005
Oui, sk†ns, c'est forcé, puisque l'empirisme part de l'expérience d’une collection, d’une succession mouvementée de perceptions distinctes. Dixit Deleuze. Ricoeur, il faut bien l'avouer, nous serait d'une aide limitée. De même pour Simone Weil. En ce qui concerne Dieu, dans la vacuité duquel Maître Eckhart nous conseille aristocratiquement de plonger, il est forme suprême, et en ceci parfaitement individué, c'est-à-dire éminemment discernable. Ses voies, et c'est heureux, reste à ce jour impénétrées. Bien d'accord avec KB, citons, contre l'hanséatique : « Hume opère une inversion qui va porter l’empirisme à une puissance supérieure : si les idées ne contiennent rien d’autre et rien de plus que ce qu’il y a dans les impressions sensibles, c’est précisément parce que les relations sont extérieures et hétérogènes à leurs termes, impressions ou idées. La différence n’est donc pas entre idées et impressions, mais entre deux sortes d’impressions ou idées, les impressions ou idées de termes, et les impressions ou idées de relations. »
Écrit par : Anaximandrake | 27/07/2005
Cher antares, il est clair que, éthiquement parlant, la régulation nouménale sauve les apparences.
Écrit par : Anaximandrake | 27/07/2005
A ce Dieu éminemment discernable — c'est-à-dire plus clair, plus visible — dont vous parlez, je préfère le "deus absconditus" d'Isaïe, qu'aimait Pascal :
« Cet étrange secret dans lequel Dieu s'est retiré, impénétrable à la vue des hommes, est une grande leçon pour nous porter à la solitude loin de la vue des hommes. » (Lettre à Mlle de Roannez)
Un Dieu mystérieux est infiniment plus aimable qu'un Dieu précisément défini qui ne laisse pas le choix. Plus Dieu est éloigné, plus l’homme est libre. Nous connaissons Dieu par des signes et non par des définitions. Les pèlerins d’Emmaüs reconnaissent Jésus à la fraction de pain.
Écrit par : Sébastien | 29/07/2005
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