02/01/2006
Passim
« Il fallait donc quelquefois, quand la coupe des Tartuffes était pleine, sortir ses griffes : on imagine combien cela était pénible : Gilles-le-démon qui avait défié les fauves les plus redoutables de la philosophie (parmi lesquels Kant, Hegel, Heidegger...) devait se colleter avec du bétail subsidiaire lesté de catégories-besaces aussi subtiles que la Loi, le Mal, le Droit, le Pouvoir, etc. Avec Félix Guattari, il était sans pitié pour toutes les supérettes du post et du repentir : post-industriel, post-moderne, post-philosophe (très improprement appelé nouvelle philosophie), post-empirique, post-gauchiste, post-neuronal et bien d’autres qui aimeraient impliquer toute la pensée dans leurs propres petits naufrages... Il savait très bien que toutes ces supérettes sont pleines d’avenir, destinées à assouvir la plèbe et ses insolences de pacotille. » (Chatelet)
« D'épreuve en épreuve, la philosophie affronterait des rivaux de plus en plus insolents, de plus en plus calamiteux, que Platon lui-même n'aurait pas imaginés dans ses moments les plus comiques. Enfin le fond de la honte fut atteint quand l'informatique, le marketing, le design, la publicité, toutes les disciplines de la communication, s'emparèrent du concept lui-même, et dirent : c'est notre affaire, c'est nous les créatifs, nous sommes les concepteurs ! [...] Le marketing a retenu l'idée d'un certain rapport entre le concept et l'événement ; mais voilà que le concept est devenu l'ensemble des présentations d'un produit (historique, scientifique, artistique, sexuel, pragmatique...) et l'événement, l'exposition qui met en scène des présentations diverses et l' "échange d'idées" auquel elle est censée donner lieu. Les seuls événements sont des expositions, et les seuls concepts, des produits qu'on peut vendre. Le mouvement général qui a remplacé la Critique par la promotion commerciale n'a pas manqué d'affecter la philosophie. Le simulacre, la simulation d'un paquet de nouilles est devenu le vrai concept, et le présentateur-exposant du produit, marchandise ou oeuvre d'art, est devenu le philosophe, le personnage conceptuel ou l'artiste. [...] Mais plus la philosophie se heurte à des rivaux impudents et niais, plus elle les rencontre en son propre sein, plus elle se sent d'entrain pour remplir la tâche, créer des concepts, qui sont des aérolithes plutôt que des marchandises. Elle a des fous rires qui emportent ses larmes.» (Deleuze & Guattari)
« D'épreuve en épreuve, la philosophie affronterait des rivaux de plus en plus insolents, de plus en plus calamiteux, que Platon lui-même n'aurait pas imaginés dans ses moments les plus comiques. Enfin le fond de la honte fut atteint quand l'informatique, le marketing, le design, la publicité, toutes les disciplines de la communication, s'emparèrent du concept lui-même, et dirent : c'est notre affaire, c'est nous les créatifs, nous sommes les concepteurs ! [...] Le marketing a retenu l'idée d'un certain rapport entre le concept et l'événement ; mais voilà que le concept est devenu l'ensemble des présentations d'un produit (historique, scientifique, artistique, sexuel, pragmatique...) et l'événement, l'exposition qui met en scène des présentations diverses et l' "échange d'idées" auquel elle est censée donner lieu. Les seuls événements sont des expositions, et les seuls concepts, des produits qu'on peut vendre. Le mouvement général qui a remplacé la Critique par la promotion commerciale n'a pas manqué d'affecter la philosophie. Le simulacre, la simulation d'un paquet de nouilles est devenu le vrai concept, et le présentateur-exposant du produit, marchandise ou oeuvre d'art, est devenu le philosophe, le personnage conceptuel ou l'artiste. [...] Mais plus la philosophie se heurte à des rivaux impudents et niais, plus elle les rencontre en son propre sein, plus elle se sent d'entrain pour remplir la tâche, créer des concepts, qui sont des aérolithes plutôt que des marchandises. Elle a des fous rires qui emportent ses larmes.» (Deleuze & Guattari)
10:40 | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
L'autre jour, un jeune graphiste répondant à ma question « Que veux-tu faire une fois ton apprentissage terminé », me dit fièrement : « Je veux faire de l'art conceptuel ». Alors je suis un peu surpris, je m'enthousiasme, je lui parle de Joseph Kosuth, de Art & Language, tout ça… Que nenni ! L'art « conceptuel », asssure-t-il, consiste à élaborer des « univers graphiques » pour les jeux vidéos !
J'imagine que c'est à Baudrillard qu'il faudra s'en remettre.
Écrit par : sk†ns | 02/01/2006
C'est à craindre. Samedi dernier, dans l'émission précédant celle de ton ami Finkie, il psalmodiait, las mais flatté, sa distinction favorite "réel / non réel" (http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/1erpouvoir/index.php?emission_id=45060158). On évite certes la migraine mais pas l'ennui. Baudrillard n'a pas fait de philosophie depuis bien longtemps. Il est d'ailleurs à noter qu'il fut intronisé 'pataphysicien très jeune.
Écrit par : Anaximandrake | 03/01/2006
Oui, je m'étais arrêté assez vite au cours de la première partie. Ce qui est étonnant, c'est ce ton de l'évidence qu'il affecte.
Écrit par : sk†ns | 04/01/2006
Quelque soit ton chemin, viens faire un mot-tour sur http://hirsute.hautetfort.com
Écrit par : Andy Verol | 04/01/2006
Merci pour la photographie. Vraiment.
Écrit par : ...(Y)... | 04/01/2006
« Nine Inch Nails » : http://www.nin.com/
Écrit par : sk†ns | 04/01/2006
Je vous en prie, cher ...(Y)...
Cher sk†ns, à ce sujet, voir aussi : http://anaximandrake.blogspirit.com/archive/2005/03/31/les-ongles-de-gilles.html
Écrit par : Anaximandrake | 06/01/2006
Oui oui, je me souviens très bien des ongles de Gilles.
L'autre jour, j'ai consulté « Qu'est-ce que la philosophie » à la librairie, ça m'a rappelé ma jeunesse (1991).
Écrit par : sk†ns | 07/01/2006
Ô Jeunesse ! (http://www.freshtheorie.fr/deleuze.jpg)
Écrit par : Anaximandrake | 08/01/2006
Je lis... depuis quelques jours je lis... Voilà que j`écris. ( j`ai crie? )... Je dirais plutôt que les mots... Vos mots semblent avoir en moi, fait un cri... L`Art... Créer... Tout est créé... Même ce qui pour certain est "laid heure"... Tout est relié... Tout est dans le Tout!
Tous jours il nous faut revenir aux sources à « l`essence ciel »… la simplicité… Une œuvre est belle quant ont peut y percevoir, ressentir jusque dans nos fonds, l`Âme de son créateur… Une Âme ne se pare jamais de froufrous! Sinon ce n`est pas un artiste qui créer… Mais un ego à la recherche de paraître…
Tous les goûts sont dans la Nature pour chacune de nos natures... Heureusement! Puisque nous de pouvons plaire à tous! C`est ce qui est merveilleux! La Vie est bien faite, puisque pour tous il y a une place qui lui est destiné, dans laquelle elle peut grandir et s`épanouir à sa juste valeur... Le jour ou j`ai eut pour la première fois devant moi, une superbe toile de Picasso j`en ai été presque foudroyé de voir, sentir autant de génie! Pourtant plusieurs et longtemps ont crié horreur de ses créations?... Une sculpture peut n`avoir aucun effet sur nous et un jour nous émouvoir au plus profond de notre Être... Nous évoluons... Notre compréhension du monde change...
Trop souvent ceux qui se sentent les plus grands de ce monde de par leur culture, statue sociale, ou autres... Sont infiniment plus petits que celui qui est regardé du haut de leurs jugements meurtrier... Nous pouvons faire beaucoup de tord en condamnant et en jetant aux "Vies d`Anges" le « pot en ciel » d`Êtres qui ne commencent peut-être qu`à fleurir...
Un Kébec, nous avons eut la visite du « PrinceTemps, » elle fût brève, mais assez spectaculaire! J`ai depuis, un paysage digne du plus grand Artiste qui soit sous mes yeux!
Majestueuse, neige... Terre, épines et boiseries givrés... mélèzes jaunis... rivière montante... encore suis-je en rêve... au première vue de la journée... déjà coeur réjouit... Vie, pleine abondante... Nature pure cortège... en tout instant mon Âme comblée... songe à l`infini... des plus charmante... combien immensité n`ai je...
La neige semble froide, mais elle est comme les Êtres qui ont toujours froid, la Nature les a pourvues de cette température corporelle pour calmer la flamme qui brûle en permanence en leur intérieur… De plus, ne faut-il pas toujours ce méfier des apparences? Il y a un temps d` allouer pour un contact « neige et peau »… Si non, elle en vient à brûler… Ont dis que les Êtres les plus frileux sont les plus « Art dans »… Le contact du froid et du chaud fait monter de belles vapeurs… Tant, qu`on dirait que le monde en est un de Rêve… Jusqu`à ce que le froid morde et en choc le sens… du touché…
« Nine Inch Nails » D`eux j`ai été inspiré un jour… il en est né un beau paravent que j`ai offert à mon fils qui les apprécie beaucoup !
Ô jeux naissent ! À tout âge…
Le plus beau voyage est celui que l`ont fait vers l`autre …(de qui est-ce déjà ?)
Écrit par : deneb | 22/01/2006
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