25/03/2006
Animae dimidium meae
« Le goût est la qualité fondamentale qui résume toutes les autres qualités. C’est le nec plus ultra de l’intelligence. Ce n’est que par lui que le génie est la santé suprême et l’équilibre de toutes les facultés. » (Lautréamont)
« [C]e dandy banal et discret, génie absolu que rien ne destinait à sortir de l’austère et hautain anonymat où le maintenait la plus haute exigence de l’esprit. » (Valéry)
20:45 | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
D'ailleurs, qui est cet ombrageux jarryesque estampillé "RF" dans le diaporama ?
Écrit par : sk†ns | 25/03/2006
Sans doute l'ombre dorée d'orages de Clyde...
Écrit par : Bonnie | 25/03/2006
" Celui qui voudrait tout comprendre devrait aussi tout attaquer chez les hommes . Mais j'ai les mains trop propres pour cela "
Écrit par : Nietzsche | 26/03/2006
"En mil neuf cent cinquante et un les deux choses les plus subversives qui peuvent arriver à un ex-surréaliste sont deux: première, devenir mystique et seconde, savoir dessiner; ces deux formes de vigueur viennent de m'arriver ensemble et en même temps à moi. La Catalogne compte trois grands génies, à savoir Raymond de Sebonde, auteur de la Théologie naturelle, Gaudi, créateur du Gothique méditerranéen, et Salvador Dali, inventeur de la nouvelle mystique paranoïa-critique et sauveur comme son nom l'indique, de la peinture moderne.La crise paroxique du mysticisme dalinien s'appuie basiquement sur les progrès des sciences particulières de notre époque, spécialement sur la spiritualité métaphysique de la substantialité de la physique des quanta; et sur un plan de simulacres moins substantiels, sur les aboutissements les plus ignomineusement supergélatineux et leurs propres coefficients de viscosité monarchique de la morphologie générale toute entière. Les principes daliniens sur lesquels s'appuient et reposent les socles bramantiens de l'âme esthétique de son activité paranoïaque-critique sont en résumé les suivants: la forme est une réaction de la matière sous coercition inquisionelle "de tous côtés" de "l'espace dur" et inexorable. La beauté est toujours l'ultime spasme d'un long et rigoureux procesus inquisitorial. La liberté est l'informe. Chaque rose pousse dans une prison.Les plus belles archiectures de l'âme humaine sont le Tempietto de San Pietro in Montorio du divin Bramante à Rome, et le monastère de l' Escorial en Espagne: les deux ont été pétris dans le même "moule incorruptible: l'extase". "L'extase est le moule incorruptible" en opposition à l'académisme, qui est le moule corruptible(...)
La décadence de la peinture moderne vient du scepticisme et du manque de croyance, conséquence du rationalisme, positivisme, progressivisme, et aussi du matérialisme mécaniste ou dialectique. Tout les deux aussi anachroniques, et le tout ayant origine le primaire, désolant et sentimental genre "ris donc paillasse"des très refoulés encyclopédistes.Voilà les bons, pour ton gouvernement: Pythagore"Héraclite l'obscure", aujourd'hui avec l'unité de l'univers confirmé, claire comme l'esthétique de Luca Pacioli ou de Vitruvius, et Saint Jean de La Croix le maximum d'exposé poétique du mysticisme militant espagnol que Dali réactualise. (...)
En esthétique c'est aux mystiques et seulement à eux de résoudre les nouvelles "sections d'or" de l'âme de notre temps; si une puissante renaissance de la peinture mystique n'a pas encore commencé, c'est que les artistes, cette fois-ci en très grand retard par rapport aux progrès scientifiques de nos jours, végètent encore dans les pâturages abominables des dernières conséquences du plus sordide matérialisme, c'est par ce qu'ils n'ont rien à peindre, que les peintres d'aujourd'hui ne peignent rien, c'est-à-dire non-figuratif, non-objectif, non-expressif, non non non non non non non.
NON!
Fini de nier et de rétrograder, finis le malaise surréaliste et l'angoisse existentialiste, le mysticisme et le paroxysme de la joie dans l'affirmation ultra-individualiste de toutes les tendances hétérogènes de l'homme sur l'unité absolue de l'extase. Je veux que mon prochain Christ soit le tableau contenant le plus beauté et de joie de tout ce que l'on aura peint jusqu'à aujourd'hui.Je veux peindre le Christ qui soit le contraire en tout de celui matérialiste et sauvagement antimystique de Grünewald!...
Picasso merci! Avec ton génie ibérique anarchique intégral tu as tué la laideur de la peinture moderne: sans toi, avec la prudence et la mesure qui caractérisent et font l'honneur de l' art français, on risquait d'avoir cent ans de peinture de plus en plus laide, jusqu'à arriver progressivement à tes sublimes "Esperantos abateslos"de la série Dora Mar. Toi, d'un seul coup d'épée catégorique tu as abattu le taureau de l'ignominie, et surtout celui encore plus noir du matérialisme tout entier. Maintenant la nouvelle époque de la peinture mystique commence avec moi."
"Apothéose dalinienne hier soir dans le temple du Savoir devant une foule fascinée.A peine arrivé dans ma Rolls bourée de choux-fleurs, salué par des milliers de flashes de photographes, j'ai pris la parole dans le grands amphithéâtre de la Sorbonne. L' assistance frémissante attendait des paroles décisives. Elle les a eues. J'avais décidé de faire connaître la communication la plus délirante de ma vie à Paris parce que la France est le pays le plus intelligent du monde, le pays le plus rationnel du monde. Tandis que moi,Salvador Dali, je viens de l' Espagne qui est le pays le plus irrationnel et le plus mystique du monde... Des applaudissements frénétiques ont accueilli ces premiers mots, personne n'étant plus sensible que les français aux compliments. L'intelligence, ai-je dit, ne nous fait déboucher que dans le brouillard des nuances du scepticisme, qu'elle a pour principal effet de réduire pour nous à des coefficients d'une incertitude gastronomique et supergélatineuse, proustienne et faisandée.C'est pour ces raisons qu'il est bon et nécessaire que, de temps en temps, des Espagnols comme Picasso et moi, nous venions à Paris pour mettre sous les yeux des français un morceau cru et saignant de vérité. Ici, il y a eu des remous divers comme je les attendais. J'avais gagné! Alors j'ai dit tout d'une traite: un des derniers plus important peintre moderne a été Henri Matisse mais Matisse représente exactement les dernières conséquences de la Révolution française, c'est-à-dire le triomphe de la bourgeoisie et du goût bourgeois.Tonnerre d'applaudissements!!!!!! J'ai continué: les conséquences de l' art moderne contemporain, c'est qu'on est arrivé à un maximum de rationalisation et au maximum de scepticisme. Aujourd'hui les jeunes peintres modernes ne croient à RIEN. Il est tout à fait normal que quand on ne croit à rien, on finisse par peindre à peu près rien, ce qui est le cas de toute la peinture moderne y compris la peinture abstraite esthéticienne, académique..." (Salvador Dali)
Écrit par : Ph(Y)dias. | 26/03/2006
"Le dandysme s'avère un foyer important d'interrogations sur l'identité masculine. Sa logique fétichiste aboutit à l'aveu que la différence se situe à l'intérieur d'un héros dont l'ennui revêt tous les symptômes d'un désordre féminin."
Écrit par : Des Esseintes | 27/03/2006
"Les héros shakespeariens ont opéré une subversion en profondeur de l'attention religieuse : ils cherchent le respectable du côté de l'imprévisible et le durable du côté du changeant : c'est là leur manière de vivre, et de célébrer la vie. Tels apparaîtront plus tard les dandys à Barbey d'Aurevilly : "Ils attestent la magnifique variété de l'oeuvre divine : ils sont éternels comme le caprice"". (Rosset)
Écrit par : nicolas | 28/03/2006
Pauvre Canada...
Écrit par : Baudelaire | 28/03/2006
pauvre Canada? je sens pointer l'allusion, je vois ployer l'argument qui de ne pas être évidemment s'écroule
Écrit par : nicolas | 28/03/2006
"-Et n’oubliez pas de les faire assister à une messe, parce que c’est en Italie qu’il faut en entendre une. C’est très beau. Peut-être aller à San Sebastiano, c’est-à-dire là où vous avez Véronèse. Ces gens sont extraordinaires. On leur a donné des églises, ils en ont fait leur boudoir. C’est la théologie dans le boudoir. Lacan rentrait toujours d’Italie, si je me souviens bien, dans un état bizarre. Est-ce que je rêve ?
- Je suis souvent allé à Venise avec lui, en famille.
- Il me semble qu’il était débordé par l’obscénité présente dans les églises.
- Il voulait surtout faire ouvrir les églises fermées. Il tambourinait sur les portes, et il parvenait parfois à faire descendre le sacristain.
- Voici quelque chose que j’ai raconté en 1985. Là aussi, personne ne m’a cru. Le brave Jean-Paul II arrive à Venise, quatre ans après ses deux balles dans le ventre, alors que j’étais avec une amie charmante, heureusement très élégante, pendant que je traînais encore une vieille veste achetée à Shanghai.
- Vous n’avez jamais été tellement soucieux de votre habillement.
- Non.
- Pas dandy.
- À moins que...
- À votre façon.
- Être dandy comme les dandys, ce n’est déjà plus être dandy.
- Ah ! ça se discute. Il y a des normes tout de même, le dandy suit ou impose des normes.
- Il y a une historicité du dandy, et il y a un je m’enfoutisme singulier.
- Un je m’enfoutisme singulier, mais vous ne mettez pas en évidence tel trait qui serait imitable, alors que le dandy le fait. (Sollers brandit son fume-cigarettes.) Oui, le fume-cigarettes, d’accord."
Écrit par : Je m'enfoutiste singulier | 28/03/2006
Pauvre Canada? Oui, sans doute les Canadiens sont-ils encore ces pauvres cousins européens, pas encore dégrossés, mal équarris. Au moins y parviennent de temps à autre d'assez bons ouvrages. Mais je suppose que peu importe sa nationalité, l'auteur se reconnaît à son oeuvre, non?
Incidemment, dans sa thèse sur le dandyisme (mise en lien plus haut), Tacium cite l'oeuvre de l'un de vos collègues, Clément Rosset: "Rosset soutient que la pratique de la litote fait partie de la grandiloquence, le rapide et le bref étant tout autant sinon plus le propre du sublime que l'abondant et le verbeux. Le grand secret de la litote, qui n'en est pas un, c'est tout simplement le statut singulier du sujet qu'elle représente."
Le dandy prône l'irréductibilité de l'individu...
Écrit par : Kate | 28/03/2006
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