02/05/2006
Palinodicisme aigu ?
« L’effort pour comprendre, caractéristique de la raison, est foncièrement identique à l’effort pour persévérer dans son être. » (Spinoza)
Pour tout lecteur de L'être et l'événement, il peut paraître étrange que Logiques des mondes se passe, finalement, d'un sujet fondateur (même s'il devient fondé), qui - Badiou le reconnaît lui-même - était, pour lui et précédemment, pétition de principe.
S'aventurant ainsi dans ce qu'il nomme les "nuances", et virilement muni son quadriparti personnel (modification, fait, singularité et événement), Badiou ne fait-il pas une cryptique mais honorable amende à Deleuze, c'est-à-dire à une philosophie du devenir ?
Il appartient aux lecteurs responsables de le déterminer.
Il semble en effet que la théorie de la discontinuité, chez Badiou (et même d'ailleurs, tout autrement, chez Negri), reste clairement (aveuglément ?) inaboutie.
Il appartient aux lecteurs responsables de déterminer s'il s'agit d'un rigorisme théorique ou d'une lâcheté pratique.
08:00 | Lien permanent | Commentaires (11)
Commentaires
Anubis-répétita : La mort cueillera un fruit en décomposition pré mortem !
http://anaximandrake.blogspirit.com/images/medium_14e-troyes-ms898-fol97.jpg
Écrit par : Danielle | 02/05/2006
Peut-être la discontinuité de Badiou est-elle intellectuelle avant d'être objet. Pas de théorie donc puisque c'est la perspicacité même de Badiou qui est discontinue et intermittente... Gâcher tant de courage et d'intelligence dans tant de folie, quel dommage.
Écrit par : nicolas | 03/05/2006
Si l'ensemble des vérités éternelles créées a permis qu'aujourd'hui la pensée et ses corps soient tels qu'on n'y puisse consentir, ne devons-nous pas, malgré les vérités, juger que le SUJET (appelant FIDELITE à l'événement) n'est peut-être qu'un ECHEC FIDELE - ou alors que le monde du "matérialisme démocratique" n'est pas soustrait aux régimes de vérité dont Badiou prétend qu'il les occulte? Soit Badiou doit constater que ce monde n'est pas non-vrai, infidèle, relativiste et nihiliste, soit que les vérités de sujet décidées pour l'éternité, même soumises à la fidélité, ne suffisent à rien. Hamlet, a faithful failure? Cela n'enlève cependant rien à la dignité de cet héroïsme du LOCAL, ni même peut-être rien à sa vérité, mais cela contraint à consentir à un défaite GLOBALE. "Et s'il existe une poétique de la défaite, il n'en existe pas une philosophie", nous dit Badiou dans la préface à LOGIQUES DES MONDES. Certes, mais cela ne soustrait pas la philosophie à consentir réellement à ses échecs, quand bien même ceux-ci ne peuvent être des vérités organisées par une philosophie.
Pardonnez cette attaque - respectueuse - je dois poursuivre ma lecture et je ne cherche qu'à mieux comprendre. Seulement, je crois justement plus à une POETIQUE de l'héroïsme et à une PHILOSOPHIE de la défaite que l'inverse... mais cela n'engage que des échecs fidèles comme moi!
Écrit par : nicolas | 04/05/2006
ce blog est-il mort?
Écrit par : nicolas | 08/05/2006
A propos de "unien". Un neant que je ne puis penser n'est tout au plus qu'un inconnu.
Écrit par : koan | 09/05/2006
le silence est toujours a la fois toutes les questions et toutes les réponses, d'ailleurs poour qui (comme moi mêm) souffre d'acouphène le silence est une sirène
Écrit par : cheval blanc | 19/05/2006
http://www.educationsansfrontieres.org/article.php3?id_article=24
Écrit par : aa | 21/05/2006
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/vendredis/fiche.php?diffusion_id=40951
Écrit par : waltzinblack | 30/05/2006
Rien n'empêche, koan, qu'un inconnu puisse être un inexistant sinon même un inessentiel.
Nicolas, votre interversion entre poétique et philosophie est très pertinente. Néanmoins, sauf à supposer un arrière-monde ou une transcendance particulière, il s'agit de déterminer ceci : échec ou réussite (locaux ou non) certes, mais par rapport à quoi ?
Écrit par : Anaximandrake | 03/06/2006
échec par rapport à aujourd'hui. D'où vient un monde contestable sinon de son impossibilité intrinsèque à n'avoir pu être autre que contestable? D'où vient les vérités ne suffisent à rien? Je trouve simplement décevants l'appareil monstrueux déployé par Badiou et le prestige des vérités par rapport à ce qu'on est bien obligé de constater : le matérialisme démocratique.
Écrit par : nicolas | 05/06/2006
La nécessité de l'arbitraire d'un monde est le corrélat de l'inexistence du Tout. Celle-ci implique pourtant une zone où hasard et nécessité sont en coalescence, insdiscernables. Ainsi, engendrer penser dans la pensée, est-ce jeter les dés, c'est-à-dire décider. La dialectique ne peut donc être hégélienne, être une logique supérieure, c'est-à-dire s'avérer automatique. Le Tout y est présupposé comme entéléchie, donc jamais atteint puisqu'inatteignable par principe. Infâme diplopie auto-dénégatrice, ou, plus simplement, "faux mouvement" comme dirait un Deleuze qui promeut un Tout en tant que rapport paradoxal, éclair. Car le devenir deleuzien, son continuisme "bergsonien", malgré les apparences superficielles, est finalement nettement plus ferme et affirmateur que le mathématisme ontologique badiousien.
Proposons donc ces paroles de Mao au Badiou réformé, celui qui adoucit en sus sa césure entre être et événement grâce à sa virtuose phénoménologie quadripartie : "La tâche centrale et la forme suprême de la révolution, c'est la conquête du pouvoir par la lutte armée, c'est résoudre le problème par la guerre."
Concluons : il n'est pas certain que le matérialisme ne soit pas la philosophie spontanée du dêmos. Qu'il soit dialectique ou démocratique, n'y changerait en fait rien. Disons plutôt que la souveraineté est individuelle et toute vérité, seconde (et non ontologique), c'est-à-dire, celle d'un sujet.
Écrit par : Anaximandrake | 05/06/2006
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