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17/03/2007

A priori

Après le paradoxe de Hempel et celui de Goodman, relatifs à l'induction, voici deux extraits de textes classiques de Hume qui sapent les bases mêmes de ce principe, c'est-à-dire qui désignent le caractère irrationnel de la causalité.

 

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    « On paraîtrait ridicule si l’on disait qu’il est seulement probable que le soleil se lèvera demain ou que tous les hommes doivent mourir ; il est pourtant clair que nous n’avons d’autre certitudes de ces faits que celle que nous apporte l’expérience. […]
    L’idée de causalité est tirée de l’expérience qui, en nous présentant en conjonction constante certains objets, produit une telle habitude de les considérer dans cette relation que nous ne pouvons les considérer dans une autre sans nous faire sensiblement violence. »
(Hume, Traité de la nature humaine, trad. A. Leroy, t. I, section XI, Aubier-Montaigne 1968, pp. 205-206)
 
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    « […] Il faut que nous recherchions comment nous arrivons à la connaissance de la cause et de l’effet.
    J’oserai affirmer, comme une proposition générale qui n’admet pas d’exception, que la connaissance de cette relation ne s’obtient, en aucun cas, par des raisonnements a priori : mais qu’elle naît entièrement de l’expérience quand nous trouvons que des objets particuliers sont en conjonction constante l’un avec l’autre […].
    L’esprit ne peut sans doute jamais trouver l’effet dans la cause supposée par l’analyse et l’examen les plus précis. Car l’effet est totalement différent de la cause, et, par suite, on ne peut jamais l’y découvrir. Le mouvement de la seconde bille de billard est un événement distinct du mouvement de la première ; il n’y a rien dans l’un qui suggère la plus petite indication sur l’autre. Une pierre ou un morceau de métal élevés en l’air et laissés sans support tombent immédiatement ; mais, à considérer la question a priori, découvrons-nous rien dans cette situation qui puisse engendrer l’idée d’une chute, plutôt que d’une élévation ou de tout autre mouvement, dans la pierre ou le morceau de métal ? […] De causes qui paraissent semblables, nous attendons des effets semblables […]. Car, toutes les fois que la répétition d’une opération ou d’un acte particulier produit une tendance à renouveler le même acte ou la même opération sans l’impulsion d’aucun raisonnement ou progrès de l’entendement, nous disons toujours que cette tendance est effet de l’accoutumance. En employant ce mot, nous ne prétendons pas que nous avons donné la raison dernière d’une telle tendance. Nous désignons seulement un principe de la nature humaine, universellement reconnu et bien connu par ses effets. Peut-être pouvons-nous ne pas pousser plus loin nos recherches, ni prétendre donner la cause de cette cause ; mais il faut que nous nous en contentions comme du principe dernier que nous puissions assigner pour nos conclusions tirées de l’expérience. […] : pourquoi tirons-nous de mille cas une conclusion que nous étions incapables de tirer d’un seul cas, qui ne diffère à aucun égard des précédents ? La raison est incapable de varier de pareille manière. Les conclusions qu’elle tire de la considération d’un cercle sont les mêmes que celles qu’elles formerait à l’examen de tous les cercles de l’univers. Mais si l’on n’a vu qu’un seul corps se mouvoir sur l’impulsion d’un autre, personne n’inférerait que tout autre corps se mouvra sous une impulsion analogue. Toutes les conclusions tirées de l’expérience sont donc des effets de l’accoutumance et non des effets du raisonnement. »
(Hume, Enquête sur l’entendement humain, sections IV et V, trad. A. Leroy, Aubier-Montaigne, pp. 72-74)
 
 
 
 

 

Commentaires

De nos jours, les physiciens parlent de causalité rétrograde (backward causation) — i.e. qui remonte le cours du temps — pour expliquer certains phénomènes quantiques. La causalité existe toujours mais elle ne s'accorde plus avec le sens commun.

Écrit par : Sébastien | 19/03/2007

(Toute ?) les conclusions "effets de l'accoutumance" et non "effets du raisonnement"...hahaha, bah y'a (vous n'avez) plus qu'à le crier sur tous les toîts alors...à priori...

Écrit par : pessah | 12/04/2007

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