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26/06/2007

Pareatis

 

« Le fondement de toute explication est le dressage. » (Wittgenstein)

 

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« Il est vrai que le platonisme représente déjà la subordination de la différence aux puissances de l’Un, de l’Analogue, du Semblable et même du Négatif. C’est comme l’animal en train d’être dompté, dont les mouvements, dans une dernière crise, témoignent mieux qu’à l’état de liberté d’une nature bientôt perdue : le monde héraclitéen gronde dans le platonisme. Avec Platon, l’issue est encore douteuse ; la médiation n’a pas trouvé son mouvement tout fait. L’Idée n’est pas encore un concept d’objet qui soumet le monde aux exigences de la représentation, mais bien plutôt une présence brute qui ne peut être évoquée dans le monde qu’en fonction de ce qui n’est pas "représentable" dans les choses. » (Deleuze)

 

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« Platon, je crois, était malade » (Platon)

 

 

18/06/2007

Urbi et orbi

 

« [D]e fait, le Tout n’étant jamais susceptible d’une inscription expérimentale, la cosmologie est liée à l’idéalisme du modèle. » (Badiou)

« J’aime bien le mot ontologie. » (Guattari) 

 

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Lorsque nous employons le terme de réalité, de quoi parlons-nous ? Il est en effet crucial de bien distinguer le domaine de l'être, intotalisable, de la sphère de la réalité naturelle. Celle-ci est ce dont traite, non pas la science en général, si l'on admet que la mathématique est science de l'être, mais bien la physique. L'univers tel que le décrit l'astrophysique est donc un tout, pas le Tout.

 

Ce qui est réel étant a fortiori possible, l'univers s’avère donc être d’abord un monde possible. Mais il n'est peut-être qu'un monde réel parmi d’autres mondes « réels » et ce, même si les autres dimensions du multivers ainsi défini ne sont pas empiriquement testables, et donc n'existent pas pour la science expérimentale. Notons que celle-ci doit pourtant se garder de les décréter inexistants en soi si elle veut rester scientifique.

 

Il apparaît de même que la cosmologie ne peut pas être dite « science » stricto sensu puisque l'univers y est conçu comme le Tout et non pas comme un objet dont se distinguerait un observateur. Cette récursivité rend d'ailleurs trivial le principe anthropique puisque l'univers visible n'est qu'un des mondes possibles. Il n'y a en effet rien de miraculeux à son existence, le raisonnement probabilitaire étant, comme l'a montré Meillassoux, inapplicable compte tenu du caractère transfini de la dissémination de l'être. Ce qui se dit aussi, sous forme d’évidence : le monde dans lequel nous sommes requiert qu'il soit un monde dans lequel il est possible que nous soyons.

 

Car admettre qu'il n'y a qu'un nombre fini de mondes où nous puissions vivre, c'est-à-dire qu'il n'y a qu'un nombre fini de mondes possibles qui puissent être réels (au sens scientifique, c’est-à-dire empirique), n'implique de toute façon pas que les autres mondes ne peuvent pas exister ni même n'existent pas en dehors de notre capacité de perception (donc : ni même n'existeront pas dans le futur), mais simplement que l'on ne pourrait ou ne pouvons pas les percevoir. Ce n'est qu'au sein d'un univers déterminé (par exemple, le nôtre) que le principe de raison a un sens. Pas au-delà. Par conséquent, la facticité du caractère tel ou tel des lois naturelles a pour raison ultime notre propre facticité. Mais la raison ne s'y limite pas.

 

Affirmer le contraire relèverait du corrélationisme dont la naturalisation de l'épistémologie est une tendance. En ce sens, l'argument de l'archifossile (qui est fossile à l’intérieur d'un monde déterminé, le nôtre) implique aussi comme corollaire qu’il est nécessaire que puissent exister des mondes possibles. Il suffit que ceux-ci soient non-contradictoires (réquisit de l'apparaître pour nous), id est pensables sans nous, c’est-à-dire sans la contrainte de notre existence factuelle et des lois naturelles corrélatives. Il n’est cependant pas moins possible qu’existent en acte des univers imperceptibles pour nous.

 

Ainsi, en plus de l’infinité intotalisable des mondes possibles, notre univers s’avère être, en droit, élément d’un multivers constitué d’une infinité inclôturable de mondes ou d’univers en acte, parallèles ou successifs, même si, en fait, le nombre d'éléments de ce multivers peut, sans raison aucune, se révéler être égal à 1. En effet, Dieu, ici, est sans avocat.

 

Or, que ce nombre soit égal à 1 (et quelles qu’en soient pour lui les raisons éventuelles : principe anthropique etc.) est l’unique possibilité pensable selon le physicien et donc aussi la seule qu’il retienne. N’appert-il donc pas que la connaissance du réaliste spéculatif lui est supérieure, de même qu’elle l’est à celle du kantien, qui la considère comme l’unique connaissable, si ce n’est la seule pensable ?

 

Bref, le domaine ontique est distinct de celui de l'ontologie ; l'univers physique n'est pas l'être-en-tant-qu'être. Et ce n’est pas disqualifier la science que de le rappeler, ni même quitter le devenir. Il s’agit plutôt d’une humilité anthropologique puisque l’on n'absolutise plus, par le biais du principe de raison suffisante, la facticité des lois naturelles.

 

Contrairement à l’astrophysique, la cosmologie qui confond un tout avec le Tout, c’est-à-dire méconnaît Cantor et les cardinaux transfinis, n’est-elle donc qu’une doctrine métaphysique, un dogmatisme dépassé usant de modèles abusivement hypostasiés, voire une pseudo-science ou même un discours de type religieux ? Finalement, la physique comme telle serait-elle incohérente à parler, sous le vocable de « Big Bang » par exemple, de création ex nihilo ?

 

11/06/2007

De dialectica

 

« [L]a force matérielle doit être renversée par une force matérielle » (Marx)

 

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« Qu'est-ce que cette dialectique, qu'il faut enseigner aussi au musicien et à l'amant ? [...] Elle arrête nos errements à travers les choses sensibles, en se fixant dans l'intelligible, et c'est là qu'elle borne son activité ; elle éloigne le mensonge et nourrit notre âme, selon le mot de Platon, dans la plaine de la vérité ; elle use de la méthode platonicienne de division pour discerner les espèces d'un genre, pour définir, et pour arriver aux genres premiers ; par la pensée, elle fait, de ces genres, des combinaisons complexes, jusqu'à ce qu'elle ait achevé de parcourir le domaine intelligible ; puis, par une marche inverse, celle de l'analyse, elle revient au principe. À ce moment, elle est en repos et reste en repos tant qu'elle est dans le monde intelligible ; elle ne fait plus de recherche curieuse ; elle se ramasse en une unité ; de là-haut, elle considère la logique qui traite des propositions et des syllogismes, et les lui laisse comme on laisse à d'autres l'art d'apprendre à écrire. Parmi les formes de ces raisonnements, certaines s'imposent nécessairement et avant toute éducation technique. La dialectique soumet à son examen ces formes naturelles ainsi que les autres, et elle estime que les unes sont utiles, tandis que les autres sont superflues et ne sont bonnes que dans les traités techniques qui s'occupent de ces questions. » (Plotin)