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12/10/2010

Arte mira mortalium temperat horas

 

« [S]oi disant pour quelques minutes, de fait pour l’éternité. » (Echenoz)

 

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En 1949, paraissait un article capital de Gödel intitulé A Remark about the Relationship between Relativity Theory and Idealistic Philosophy, et qui examine en particulier la question de l'éventuelle irréalité du temps. En voici notre traduction.

 

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Une Remarque au sujet de la Relation entre la Théorie de la Relativité et la Philosophie Idéaliste

Par Kurt Gödel

 

L’un des aspects les plus intéressants de la théorie de la relativité pour les esprits philosophiques consiste en ce qu’elle a apporté des idées nouvelles et surprenantes sur la nature du temps, cet être mystérieux et apparemment auto-contradictoire qui, par ailleurs, paraît former le fondement de notre existence et de celle du monde. Le point de départ même de la théorie de la relativité restreinte consiste dans la découverte d’une nouvelle propriété du temps très étonnante, à savoir la relativité de la simultanéité, qui dans une large mesure implique celle de la succession. L’affirmation selon laquelle les événements A et B sont simultanés (et, pour une large classe de paires d’événements, également l’affirmation selon laquelle A se produit avant B) perd son sens objectif, pour autant qu’un autre observateur, avec la même prétention à l’exactitude, peut affirmer que A et B ne sont pas simultanés (ou que B s’est produit avant A).

 

En suivant dans ses conséquences cette étrange situation, l’on est conduit à des conclusions relatives à la nature du temps qui s’avèrent en effet d’une grande profondeur. En résumé, il semble que l’on obtienne une preuve sans équivoque de la thèse de ces philosophes qui, tels Parménide, Kant, et les idéalistes modernes, nient l’objectivité du changement et considèrent celui-ci comme étant une illusion ou une apparence due à notre mode de perception spécifique . L’argument procède ainsi : le changement n’est possible que par le biais du passage du temps. L’existence d’un passage objectif du temps, toutefois, signifie (ou, du moins, est équivalent au fait) que la réalité consiste en une infinité de couches de « maintenant » qui viennent successivement à l’existence. Mais, si la simultanéité est quelque chose de relatif au sens que l’on vient d’expliquer, la réalité ne peut pas être séparée en de telles couches d’une manière objectivement déterminée. Chaque observateur a son propre ensemble de « maintenant », et aucun de ces différents systèmes de couches ne peut prétendre représenter le passage objectif du temps.

 

Cette inférence n'a été remarquée que par quelques très rares philosophes, mais elle n'en a pas moins été remise en question [...]

 

L'intégralité, ici, en .pdf.

 

 

Commentaires

Je découvre seulement votre site. Je n'en ai pas fini de ses richesses mais je voulais infiniment vous remercier pour ce que vous partagez ainsi avec vos lecteurs.

Écrit par : Nicolas H. | 16/10/2010

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