18/11/2005
Tu quoque, fili mi
« Notre sentence n'est pas sévère. On grave simplement à l'aide de la herse le paragraphe violé dans la peau du coupable. On va écrire par exemple sur le corps de ce condamné [...] Respecte ton supérieur. » (Kafka, La colonie pénitentiaire)
« L'oedipianisation, cette mise en pouponnière de l'inconscient, n'est peut-être déjà que l'effet d'une répression sociale qui défigure et recouvre la vraie vie de l'inconscient. Se peut-il que l'inconscient soit orphelin par nature, et que parmi toutes ses ignorances, il est une ignorance sublime des parents ? [...] Dis que c'est Oedipe, sinon t'auras une claque [...] Au lieu de participer à une entreprise de libération effective, la psychanalyse prend part à l'oeuvre de répression la plus générale, celle qui a consisté à maintenir l'humanité européenne sous le joug papa-maman, et à ne pas en finir avec ce problème-là. » (Deleuze, revue L'Arc n°43)
« L'oedipianisation, cette mise en pouponnière de l'inconscient, n'est peut-être déjà que l'effet d'une répression sociale qui défigure et recouvre la vraie vie de l'inconscient. Se peut-il que l'inconscient soit orphelin par nature, et que parmi toutes ses ignorances, il est une ignorance sublime des parents ? [...] Dis que c'est Oedipe, sinon t'auras une claque [...] Au lieu de participer à une entreprise de libération effective, la psychanalyse prend part à l'oeuvre de répression la plus générale, celle qui a consisté à maintenir l'humanité européenne sous le joug papa-maman, et à ne pas en finir avec ce problème-là. » (Deleuze, revue L'Arc n°43)
20:00 | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
"Les constatations du psychanalyste et de l'ethnologue concordent. L'attachement apporte au tout petit (à condition toutefois d'ajouter : s'il fait l'objet d'expériences agréables) le sentiment de protection, de sécurité dans son corps et dans sa vie, base sur laquelle peut se manifester ce que le psychanalyste français Luquet a appelé l'élan intégratif du moi et se faire alors les acquisitions sensori-motrices, puis cognitives et sociales." Anzieu, "Créer Détruire". Deleuze n'a pas eu assez de peau.
Écrit par : Saphyre | 18/11/2005
Oedipe, "pied enflé" d'avoir été attaché. Ne libèrera Thèbes de la peste qu'en se crevant les yeux, c'est-à-dire en voyant au-delà de son histoire.
Encore une histoire de faute. La faute à Oedipe. Quid de la faute de ses quatre parents ?
Laïos qu'il tua, petit-fils de Lambdakos, l'inventeur de l'alphabet.
Avec son père, Oedipe se disputa les faveurs du jeune Chrysippos, et c'est pourquoi il le tua, dit une autre version du mythe. Avec son père se disputa la jeunesse. Au carrefour, même histoire : le père ne veut pas céder la place.
"Ils ne savent pas que nous leur apportons la peste", dit Freud à Jung en arrivant à New-York. Oui, sans doute le complexe d'Oedipe, figé par la psychanalyse dans le seul sens d'un problème de fils indéfiniment répété et assené par la vulgarisation, est une peste.
C'est peut-être paradoxal mais c'est ainsi : la psychanalyse peut être culpabilisante et paralysante. Comme une religion. La sentence de la névrose s'imprime dans le corps comme celle du péché. Et joue le rôle d'un déterminisme indépassable : puisque c'est ainsi, puisque je ne peux guérir, qu'il en soit ainsi. Amen.
"Ce n'est pas de ta faute", dit la psychanalyse, mais son discours secret, celui que la psyché entend, dit au contraire ("sinon t'auras une claque") : c'est de ta faute, et c'est pourquoi tu es condamné.
Écrit par : Alina | 19/11/2005
"Notre sentence n'est pas sévère", Franz Kafka,
mais
"Oui, l'heure nouvelle est au moins très-sévère"
Arthur Rimbaud
Écrit par : Alina | 20/11/2005
Merci de vos passages.
"Quand je vivais à la Nouvelle-Orléans, tout le monde parlait de Freud, mais je ne l'ai jamais lu. Shakespeare ne l'a pas lu, lui non plus. Je doute fort que Melville l'ait lu et je suis certain que Moby Dick ne l'a pas fait." (Faulkner).
Bien à vous.
Écrit par : Anaximandrake | 20/11/2005
Freud, Lacan et tutti quanti, c'est pas si important au fond. Ils se sont tous arrêtés au "pourquoi". Mais le "pourquoi" c'est pas si important qu'on voudrait nous le faire croire. Et puis après? Des raisons, on peut en trouver mille et aucune. Qu'est-ce qu'on fait avec les causes, les raisons du pourquoi? Ce qui compte, à mon avis, c'est le "so what?". C'est là que commence la vie, la vraie.
Écrit par : Kate | 21/11/2005
Bien dit, Kate. À force de regarder en arrière, on ne revient pas de l'enfer.
Écrit par : Alina | 21/11/2005
so what... paradis !
http://www.milesdavis.com/MP3/so_what.mp3
Écrit par : Alina | 21/11/2005
Selon Houellebecq: "agressive, arrogante, incapable d'aimer, voilà le portrait de la femme analysée".
Écrit par : Kate | 21/11/2005
Jolie musique et sages paroles.
Écrit par : Anaximandrake | 22/11/2005
Anaximandrake, je vous embrasse, parce que j'aime bien les images de femmes que vous nous offrez, elles ont l'air de répondre à so what, ça me fait plaisir !
Écrit par : Alina | 22/11/2005
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