Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/06/2006

Fama

« Le transfert est délire » (Anaximandrake)
 
 
*
 
 
« Mais vous commencez à m'emmerder » (Deleuze)

 

medium_lounge_1_absolut.jpg

La diffamation ne prouve qu'une chose : celui qui la commet révère la fama. Finalement, l'on n'a affaire, quoi qu'il puisse être proclamé, qu'à un plat relativisme adéquat à l'ochlocratie. Celui-ci s'offusque que le théorème de Thalès reste vrai quelle que soit l'opinion du dêmos, au sein duquel le nom est une marchandise, et réciproquement. Mais l'honneur, en tant que respect de soi par soi, est respect d'autrui donc de Soi. Bref, le flot limoneux de l'insulte (anonyme ou dissimulée par des fausses identités*) est tout au plus un phénomène sociologique, banal et régulier. L'usage symbolique du langage (par exemple l'argumentation rationnelle) y est banni à cause d'une affectivité rudimentaire et incomprise. La tristesse y est  préférée à la joie pour cause de servitude intériorisée. La misère en somme. Notons que la logique des affects en jeu dans les transferts haine-amour est parfaitement articulée dans la partie III de l'Ethique de Spinoza. Ainsi, est-il toujours amusant de voir comment un contexte affectif circonstanciel et personnel (...) peut transformer la louange en blâme. Mais dans les deux cas, comme il ne s'agit toujours que d'opinions et non de concepts, on ne sort pas de la bêtise crasse.

 

En réalité, c'est bien la méconnaissance de la distinction entre le Soi et le Moi qui conduit le "narcissiste" à croire qu'il s'agit de se contempler dans un miroir et non de spéculer. En effet, ce type de face à face avec le miroir est la mort de toute réflexion et devient conséquemment le support de la projection fantasmatique. Celle-ci se révèle dans une logorrhée impuissante qui est symptôme de la séparation d'avec la puissance et l'acte réels. La "critique"** se substitue à la création, c'est-à-dire que n'est possible pour lui que la réaction, non l'action. Oui, on a bien affaire à cet "homme du ressentiment" analysé par Nietzsche, à celui qui croit que le néant est quelque chose, ou qui professe, hypocritement et pour son propre profit, l'antériorité du Verbe. Bref : à un tribun de la plèbe voulant propager sa propre servitude et son propre malheur.  
 
 
 
 
 
Car « le fou n'a pas de foi » et le bâtard est bien celui qui a été exclu du symbolique. Il est donc bien clair qu'il ne peut qu'en rester à la puérile alternative Bien-Mal (et donc à la perversion qui est arrêt infantile du développement psychique) puisqu'il n'a pas accès à la sphère transcendantale des principes, donc à la liberté et à la foi en tant que telles. Autrement dit : à l'Absolu, donc à l'être. Et l'Absolu, il ne peut le concevoir non seulemement que formalisé, mais, bien plus, formalisé par une transcendance qu'il désire incarner, en s'identifiant. Oedipe ! Oedipe ! Oui, le paralogisme est obvie. Mais cet aveuglement ne peut être - ne l'oublions pas - que le fait d'une victime. Ainsi, cette inaptitude à l'assomption du Soi et du symbolique, faut-il la désigner comme castration.
 
 
 
 
 
Bref, il veut être « reconnu ». Aussi, le miroir piège-t-il évidemment le Moi qui ne croit qu'en l'image (id est l'inconscient-serf) et donc méprise le langage en en faisant une dépendance du réel, instance qui n'est pourtant, avec le symbolique et l'imaginaire, que l'une des dimensions de l'être.
 
 
 
 
 
A observer certains transferts, et en attendant la disparition de ses*** conditions de possibilités ataviques, il semble malheureusement que la psychiatrie et les spiritueux aient encore de l'avenir. En tous cas et malgré la pression zygomatique, rallions-nous, pour conclure, à la profession de foi de Spinoza (fondateur, rappelons-le, de la critique scientifique au XVIIème siècle) : Non ridere, non lugere, neque detestari, sed intelligere.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
* subsumées, bien sûr, sous 85.168.222.255 dont les "commentaires" sont désormais effacés. Mais ses conseils de suicide (indubitablement projectifs) qui notamment s'y trouvaient, même si (comme les autres) nous ne craignons guère qu'il se les applique à lui-même, nous incitent tout de même à remercier d'avance ses proches éventuels de veiller sur lui. Les proclamations isomorphes à la fameuse Viva la muerte ! nous ont en effet toujours paru des cris de détresse, des hurlements de faibles.
 
 
 
** si, en l'espèce, ce terme a un sens. On ne lit en effet qu'un rapprochement arbitraire puisque sans argumentation ni recours au texte "critiqué". Un nom est associé au fantasme que le "critique" a de la personnalité de l'auteur, et ce, sans l'appui de ses textes, ni de ses concepts. En effet, ce serait difficile puisqu'est considéré comme le point de vue de l'auteur l'opposé de ce qu'il soutient. On assiste au rejet et de l'esprit et de la lettre : tout le contraire de la probité philologique. Bref, la critique comme diffamation et puérile vengeance privée. Mais celle-ci a au moins le mérite de ne pouvoir convaincre. C'est la vertu paradoxale de la rhétorique sophistique : elle se dissout devant les faits, et en l'occurrence, devant les textes (certainement criticables - comme tout texte - mais absolument pas critiqués par notre malhabile faussaire). 
 
 
 
*** Oui, "ses", donc, ici, "conditions de possibilités" à lui, en ayant garde en outre de rappeler à ce "lecteur" que le pronom remplace le nom.
 
 
 
 

Les commentaires sont fermés.