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08/11/2006

Error communis facit jus

« Il ne s'agit pas pour chacun de choisir les visages qui, autant qu'il peut en juger, sont réellement les plus jolis, ni même ceux que l'opinion moyenne considérera réellement tels. Au troisième degré où nous sommes déjà arrivés, on emploie ses facultés à découvrir l'idée que l'opinion moyenne se fera à l'avance de son propre jugement. Et il y a des personnes, croyons-nous, qui vont jusqu'au quatrième ou au cinquième degré, ou plus loin encore. » (Keynes)  

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« [...] accepterez-vous de considérer que la valeur que vous accordez aux oeuvres vocales d'Arvo Pärt puisse se transférer en unités de valeur éprouvées par votre voisin pour les pièces lyriques de Richard Wagner ? » (Giraud)

 

 

Commentaires

"[...] accepterez-vous de considérer que la valeur que vous accordez aux oeuvres vocales d'Arvo Pärt puisse se transférer en unités de valeurs éprouvées par votre voisin pour les pièces lyriques de Richard Wagner ? » (Giraud)

Cette question fait écho chez moi à ce que j'appelle « le Mystère de la larme qui coule » :

Y'a-t-il en musique (la question pourrait se poser pour le cinéma, l'écrit, ou la peinture, etc.) un ensemble fini d'émotions dont certains échantillons musicaux (ou à défaut des oeuvres musicales) seraient des interprétations, de sorte qu'à l'écoute « attentive » ou « initiée » de telle progression sonore, l'âme s'emplirait de l'une ou l'autre de ces émotions (ou d'un ensemble) et provoquerait dans le corps des frissons, peut-être des larmes dans les yeux et qui sait, une transe chez les plus sensibles ?

Si cette hypothèse est recevable, on pourrait peut-être en inférer qu'on pourrait mesurer la qualité d'une oeuvre musicale en comptant le nombre de percepts-émotions que celle-ci est susceptible de provoquer.
Le transfert dont il est question dans la citation de Giraud, supposerait par ailleurs, soit que l'on égalise les valeurs de chaque émotion, soit que l'on pondère la valeur de chaque émotion en fonction de sa rareté (statistique) ou tout autre critère esthétique ou moral.

Mais la question qui nous est posée est de savoir si nous serions prêts à accepter de nous représenter ainsi l'âme humaine (ou je ne sais quoi qui est sensible aux flux sonores) comme un automate émotionnel.

Pour ma part, j'ai du mal à l'accepter en raison de la singularité des éléments que je percois comme étant les causes de mes larmes musicales. Je crois pour ma part entrer en empathie avec les compositeurs et les interprètes, ou plus précisément, je perçois la fragilité de leur art: ces cordes, ces morceaux de métal, et ce ces douze notes que ces êtres humains s'évertuent avec patience à faire s'harmoniser. « Si les cathédrales ne sont pas la preuve que Dieu existe, elles sont au moins la preuve que des gens y ont cru très fort». Il est vrai que je peux m'imaginer cette même musique produite par une machine, mais je percevrais toujours dans l'oeuvre la singularité de son architecte à défaut de m'émouvoir de l'effort de ces artisans.

Comme je crois que d'autres ne pleurent pas pour les mêmes raisons, je crois aussi que les émotions sont à chaque fois singulières et donc seulement grossièrement identifiables.

Écrit par : Martin Seller | 08/11/2006

En quoi consiste les quatrièmes et cinquièmes degrés?

Écrit par : raskolnikov | 10/11/2006

Ils consistent en mises en abyme supplémentaires. On parle parfois aussi de méta-niveau d'intentionnalité.

Écrit par : Anaximandrake | 11/11/2006

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