12/11/2006
Acumen intuitionis
« Tout comme Jakobson définit un phonème zéro qui ne possède aucune valeur phonétique déterminée, mais qui s'oppose à l'absence de phonème et non pas au phonème, de même le non-sens ne possède aucun sens particulier, mais s'oppose à l'absence de sens, et non pas au sens qu'il produit en excès, sans jamais entretenir avec son produit le rapport simple d'exclusion auquel on voudrait les ramener. Le non-sens est à la fois ce qui n'a pas de sens, mais qui, comme tel, s'oppose à l'absence de sens en opérant la donation de sens. » (Deleuze)
« Les vérités éternelles qui donnent un sens aux existences n'ont pas elles-mêmes de sens, mais c'est parce qu'elles sont elles-mêmes le sens lui-même : elles ne sont pas porteuses d'un sens reçu d'ailleurs, elles sont tout entières le sens, le sens se prêtant lui-même à ce qui peut n'en pas avoir. L'origine radicale du sens, elle, n'a pas de sens parce qu'elle n'est même pas le sens, parce qu'elle est absolument autre que le sens ; et encore qu'elle ne soit pas positivement insensée ni substantiellement absurde, la source de tout sens ici-bas peut littéralement être appelée non-sens ; elle ne se confère pas elle-même en tant que préexistante, subsistante et consistante, à quelque chose d'autre, mais elle est la pure inexistence et la pure inconsistance qui, créant la vérité des vérités, se retire de ces vérités dès qu'on les pense, - car ce qui fait qu'on pense ne peut être qu'impensable. » (Jankélévitch)
23:00 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Salve et pax...
Je lis les deux dernières dates et je vois un écho : sens/non-sens et choix/non-choix... Or ce matin je lisais ce proverbe soufi : "La liberté est l'absence de choix..."
Dommage que je n'aie pas le temps de venir ici plus souvent y glaner quelques occurences (trop attiré peut-être ailleurs par les jolis visages...)
Écrit par : Arsenal | 19/11/2006
Cher Luis, pourriez-vous préciser les références de cet aphorisme soufi ? J'y entends en effet l'écho de la nécessité.
Vade valeque.
Écrit par : Anaximandrake | 20/11/2006
« Nommer un objet, c'est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite de deviner peu à peu : le suggérer, voilà le rêve. C'est le parfait usage de ce mystère qui constitue le symbole » (Mallarmé)
Vases communicants un semblable silence... jouissive suggestion du vrai que voilà ! Chapeau-bas, Magicien.
Oniriquement vôtre,
Écrit par : Ellen Lenz | 22/11/2006
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