08/02/2007
Horresco referens
« Toutes les sensations sont vraies, il convient de les comprendre » (Épicure)
« Mais le plus difficile à concevoir reste probablement ceci : la chronologie est seconde. Elle n'est que la marque de la finitude de la singularité, le déploiement de sa limitation dans l'éternité. » (Anaximandrake, Barycentrisme aigu)
Il n'y a pas d'issue ; c'est entendu. Mais pourquoi devrait-il y en avoir une ?
20:30 | Lien permanent | Commentaires (9)
Commentaires
Oui, pourquoi ?
Juste espérer qu'il n'y ait nulle issue et ne jamais se lasser de pousser les plus redoutables portes.
Écrit par : Eurydice | 09/02/2007
« On se pénètre de la conviction absolue que son existence n'est en quelque sorte qu'une déviation, un film, un miroir par rapport à la vie »
Et "on" a la mauvaise foi de le déplorer !
Écrit par : . | 09/02/2007
Ce film semble faire clivage !!!
Il est vrai que toute chronologie est seconde, que la question de l'issue n'en est pas une ( Godard est passé par là), reste cependant la question de l'arbitraire.
Écrit par : Tlön | 09/02/2007
"On se pénètre de la conviction absolue que son existence n'est en quelque sorte qu'une déviation [...] un miroir par rapport à la vie". Et au-delà: peut-être est-ce à travers le miroir (comme dans le tableau de Magritte) que la vie se vit.
Écrit par : Kate | 09/02/2007
La question de l'arbitraire est en effet ici une question capitale. Bien entendu, il faut en l'espèce se garder de l'assimiler à l'hasardeux. Ainsi pouvons-nous relier ce problème à celui du style et conséquemment - ô étymologie - au final cut (celui du director). Il s’agit d’un pur arbitraire en effet, mais qui, loin d'être hasardeux, s'avère le choix doté de la cohérence la plus forte, nommément, celle du style, ce fil du désir du cinéaste. Car si toute chronologie est seconde, toute cohérence ne la suppose pas. Ainsi, la cohérence fictionnelle classique est-elle d'ordre narratif ; si la chronologie peut y être dite seconde, ce n'est que secondairement. Car la chronologie y reste, malgré toutes les prolepses, ellipses etc., l'opérateur absolu de cohérence. Or ce film est parfaitement cohérent, et ce, malgré l'absence de chronologie (absence présentée explicitement comme clef, comme argument du film), et donc sans aucun plan de référence univoquement repérable, plan qui permet le repérage classique suspendu au fil fédérateur du temps chronologique. Celui-ci, d'ailleurs, offre toujours une issue (même chez Godard), car il suffit de le suivre pour avoir un point de fuite. Dans ce film, la cohérence est plus structurale, c’est-à-dire à la fois plus abstraite et plus viscérale, et les éléments qui le composent sont bien sûr connectés de manière onirique, donc inconsciente : condensation, déplacement, métonymie, métaphore et tutti quanti. Pas de hasard, de l’inconscient. Il ne s’agit pas de trouver la bonne interprétation, mais d’expérimenter - y compris les interprétations. On sait que Deleuze espérait que le cinéma produise un analogon de cerveau, une sorte d’automate spirituel. Il serait doublement ravi car en voici un, et, qui plus est, ‘schizé’ : un cerveau-schizo, car sans chronologie, sans moi-histoire, donc sans mémoire, ni donc identité personnelle. Un cerveau donc, sans centre unificateur, livré à l'inconscient, aux résonances, qui, s'il ignore le temps et la contradiction, est pourtant pleinement cohérent. On a là une sorte de ‘je t'aime je t'aime’ sans les facilités (relatives, tout de même) du montage, ni surtout les possibilités d'identification. Car, oui, il y a clivage ; on entre véritablement dans une machine d'expérimentation schizophrénique, où les identifications personnelles sont impossibles, où sont déjouées les illusions transférentielles, pour mieux en conserver les intensités. Ce sont les intensités qui s'individuent, et les corps qui sont les suppôts d'affects impersonnels, transversaux aux bribes des histoires traversées. Le réel est forclos et en voici les effets réels (c'est-à-dire intensifs) en territoire intérieur, rendu auto-référentiel par cette forclusion même. Ce film est, à proprement parler, un tout, c’est-à-dire qu’il inclut son propre reflet en excluant le temps chronologique, id est psychologique. Disons qu’il opère par images et sons ce que ‘Logique du sens’ ou ‘l'Anti-Œdipe’ opérait par concepts. Alors, si l'arbitraire en question est l'expression du fait que ce film déroge à certains canons, il s'agit, afin d'échapper à l'arbitraire, ne serait-ce que de les nommer, ou mieux, d'en justifier le primat. Car le jugement de goût, lui, se sait tel, et n'invoque pas d'autre autorité que son propre exercice. Bref, que le cinéma se doive d’être toujours isomorphe à la narration classique – id est chronologique et hétéro-référentielle en dernier ressort - ceci est loin d'être évident. Ce n’est, à tout prendre, qu’une question morale. Notons que puisque l'imaginaire ne se réduit pas à la narration, restent ouvertes les questions purement esthétiques (DV, traitement des thèmes, etc.) qui, elles, sont ici certainement bien plus problématiques.
Écrit par : Anaximandrake | 09/02/2007
Je me permets de mettre un lien qui pointe vers ton texte.
Écrit par : Tlön | 10/02/2007
Vous parlez d'INLAND EMPIRE ?
Écrit par : coco | 10/02/2007
Je me permets de faire de même, et pointe vers le tien par un lien dans ta signature.
Oui, coco.
Écrit par : Anaximandrake | 10/02/2007
l'utilisation de la camera dv implique un autre rapport au tps que celui present dans les films classique du fait du dispositif de captation: ondes lumineuses converties en ondes electroniques... . d'autre part la dv comme utilisee dans l'art contemporain (pierre huygue...) permet d'etablir avec le cinema une certaine distance critique. voir le livre video: un art contemporain si interesse.
Écrit par : arnaud | 19/02/2007
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