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30/01/2005

Le maître du soupçon

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Avec Marx et Freud, Nietzsche compte parmi ceux qui furent nommés "philosophes du soupçon" par la vulgate universitaire.

Que recouvre une telle terminologie ? En quoi le "soupçon" se distingue-t-il de la critique telle qu'elle fut initiée par Spinoza et dont la rigueur prussienne d'un Kant en fixa le canon?

Le critique aborde les textes de front. Il débusque les contradictions de l'auteur, traque les déformations qu'il a pu faire subir aux sources, exhibe l'inconsistance des notions construites.

Le maître du soupçon, lui, ne s'engage pas si allègrement dans les méandres du texte auquel il s'attache. Loin de s'installer d'emblée dans l'universel, il reste à la surface, interroge les mots mêmes. Pourquoi l'auteur utilise-t-il tel terme plutôt qu'un autre ? Des précisions sont réclamées sur ce qui va de soi. Au lieu de multiplier les chicanes théoriques sur la pertinence des concepts mis en jeu, il sonde la nature des champs sémantiques. C'est un travail de philologue, non d'herméneute.

Aussi, à la différence du critique en quête d'une idéologie sous-jacente, celui qui soupçonne se donne-t-il pour tâche de découvrir quel filtre, quelle grille interprétative, sont à l'oeuvre dans le texte. Plus que les ruses et détours d'une rhétorique spécifique, ce qui est visé ici est la mise au jour d'un mode d'évaluation vital, d'une axiologie inconsciente ; le factum derrière le dictum.

D' émane la nominationen tant que telle ? Voilà ce que demande le maître du soupçon.

 

 

 

28/01/2005

La diagonale de Cantor

Georg Cantor (1845-1918) fut l'un de ces mathématiciens géniaux qui achevèrent leur vie dans une clinique psychiatrique. Il est le créateur de la théorie des ensembles et des nombres transfinis.

Cantor prouva en particulier que l'ensemble des nombres irrationnels est plus grand que celui des entiers naturels ou que celui des rationnels (fractions).

La démonstration est simple quoique très ingénieuse.

Imaginons les nombres irrationnels inscrits sur une colonne unique :

0,176432496...
0,984190345...
0,610938004...
0,546201937...

etc.

On apparie ensuite chaque nombre irrationnel à un nombre entier :

1 0,176432496...
2 0,984190345...
3 0,610938004...
4 0,546201937...

etc.

Un tel appariement est-il possible ?
Non, il ne l'est pas.
En effet, il existe toujours un nombre irrationnel qui ne fait pas partie de cette liste infinie.

1 0,176432496...
2 0,984190345...
3 0,61938004...
4 0,54621937...

etc.

Prenons la première décimale du premier nombre irrationnel suivie de la deuxième du deuxième nombre irrationnel etc. On obtient en l'espèce le nombre 0,1802... On ajoute arbitrairement 1 à chacune des décimales pour construire le nombre dit "diagonal", ici : 0,2913...

C'est le coup de génie de la démonstration.

En effet, ce nombre diagonal n'est pas sur la liste puisqu'il diffère du premier par la première décimale, du deuxième par la deuxième, etc.
Il s'agit donc d'un nombre irrationnel différent de chaque irrationnel apparié avec un entier.
Il ne sert à rien d'ajouter ce nombre ainsi construit à la liste et de l'apparier avec un autre entier puisqu'on pourra à chaque fois, en réitérant l'opération, construire un tel nombre diagonal.

Il est ainsi démontré qu'il existe plus de nombres irrationnels que de nombres entiers.

Si l'on disposait de l'infinité du temps, il serait possible de compter un à un les nombres entiers. Ceci se dit : l'ensemble des entiers naturels est dénombrable.

En revanche, ce titanesque comptage serait impossible à réaliser avec les irrationnels puisqu'il y en a toujours plus que d'entiers, c'est-à-dire toujours plus qu'on en peut compter.

L'ensemble des entiers naturels et celui des irrationnels sont infinis, mais d'une infinitude différente. Les irrationnels sont, au sens propre, innombrables ; ce qui est, à la lettre, inimaginable.

27/01/2005

D'une sortie spinoziste de la Caverne

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Il est tout simplement impossible de nier son essence.

On peut bien s’aveugler, se bercer d’illusions. Mais l’essence singulière subsiste néanmoins, et cette part obscure irradie partout sa non-effectuation et donc le manque-à-être.

Chacun possède un certain seuil d’intensité maximale variable certes selon les individus. Mais refuser d’atteindre ce seuil personnel, c’est se condamner. On ne sait pas d’avance de quoi l’on est capable.

L'univers est infini. Il est en fait absolument infini. Il est composé de particules infiniment (d'un infini actuel, non potentiel) petites. Elles composent donc des essences ou singularités qui sont individualisées par un rapport différentiel de vitesse entre particules. A l’infini, une singularité est donc à la fois composée de singularités et composante de singularités. Elle est vague de vagues. La substance absolument infinie s'avère être la singularité infiniment grande.

Nous ne connaissons que deux attributs de la substance, la pensée et l’étendue, puisque nous sommes un complexe de modes des attributs pensée et étendue. Ainsi, la singularité que nous sommes est-elle un composé de corps et d’âme et chaque idée dans la pensée est celle d’une partie du corps. Ce concept d’idée à une forte extension. En effet, les modes de l’attribut pensée, les idées, sont les sensations, les sentiments, les imaginations, les intellections...

A un instant donné, une singularité possède une configuration particulière, ses parties infiniment petites ont entre elles des rapports définis de vitesses différentielles, c’est-à-dire de mouvement et de repos relatifs. Cette coupe instantanée définit parallèlement un état d’affection de la singularité. Celle-ci a une certaine valeur différente de celle qu’elle avait lors de l’instant immédiatement précédent ; c’est même grâce à cela qu’on sent le temps passer. C'est dans ce passage atemporel, situé entre deux états infiniment proches d’une singularité donnée, que surgit l’affect qui se définit comme le passage d’une affection à une autre : l’affect peut être de croissance ou diminution, de joie ou de tristesse.

Ne pas savoir ce que nous pouvons, ne pas connaître à l’avance les affects que nous sommes susceptibles d’éprouver implique par conséquent d'adopter une attitude très spéciale.

Si nous renonçons à exprimer notre essence, c’est-à-dire à créer des joies actives, c’est l’essence d’autres singularités qui affectera la nôtre. En effet, toute singularité en rencontre d’autres puisque la substance est unique, c'est-à-dire qu’il n’existe qu’un seul plan de réalité. Mais comme elle est absolument infinie, elle ne les rencontrera pas toutes. Il est fatal que toute singularité soit d’abord soumise au hasard des chocs, qu’elle subisse des passions. Ces compositions pourront respecter notre essence et former un tout supérieur avec elle, nous éprouverons dans ce cas une joie passive. Mais il se peut au contraire que les deux singularités disconviennent et qu’une de nos parties soit détruite, alors nous serons affectés de tristesse.

Toujours, nous serons le jouet de déterminismes externes. Cependant, puisqu'il est inévitable que nos premiers affects soient passifs, il importe de sélectionner les joies passives. Ainsi acquérons-nous assez de force pour commencer à former des notions communes, des concepts qui pourront nous permettre d’exprimer notre essence, d’avoir des affects actifs. Notre essence commencera à se remplir, et notre puissance, notre capacité d’intensité, augmentera peu à peu : nous pourrons atteindre l’entrée dans le troisième genre de connaissance, le domaine du percept, peut-être même du "mystique".

Quel est ce sentiment qui exprime l'atteinte du seuil singulier d’intensité maximale, qui indique que notre essence est intégralement effectuée ? L'état de grâce.

 

 

 

26/01/2005

Habemus ideam veram

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Selon Spinoza, l'esprit est l'aptitude qui consiste à discerner le vrai d'avec le faux. Si, sans exteriorité préalable, la pensée peut établir la concaténation des connaissances adéquates, c'est qu'elle a pour point de départ l'idée vraie : habemus ideam veram.

Quant à la méthode, celle-ci est bien incapable de nous faire obtenir une idée vraie. En effet, elle n'est que l'idée vraie réfléchie.

L'esprit est l'instance qui produit ses concepts propres. Naturellement, ceux-ci se déploient en système.

Le vrai ne nécessite, en ce sens, aucun criterion extrinsèque. Il porte en soi sa propre affirmation : verum index sui.

De même, c'est intrinsèquement que le vrai se distingue du faux. Nul besoin de référence externe : la lumière naturelle ne se prévaut d'aucun autre garant qu'elle-même et atteint d'emblée l'essence : idem est certitudo et essentia objectiva.

Souverainement, la philosophie spinoziste n'est pas la recherche de la vérité mais dans la vérité.

 

 

 

25/01/2005

Le Dominateur

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Il s'agit du nom de l'argument donné par le Grec Diodore Kronos qui débouche sur une aporie célèbre concernant les conditions de possibilité de l'acte libre, nommément : le paradoxe des futurs contingents.

A priori, chacune des assertions suivantes peut être acceptée comme vraie. Cependant, celles-ci ne peuvent constituer un système logique consistant et l'on est donc conduit à exclure au moins l'un de ces axiomes.

Les voici :

1. Seul un événement futur peut être qualifié de possible puisque le passé est frappé d'irrévocabilité.

2. Du possible on ne peut déduire logiquement de l'impossible.

3. Que ce soit dans le présent ou dans le futur, il existe un possible qui n'est pas passé à l'existence.

4. Au moment où quelque chose est, il est nécessairement.


Sous forme de concaténation, l'argument peut se formuler ainsi :

Considérer comme vrai que "la bataille navale peut avoir lieu demain" c'est affirmer actuellement que "la bataille peut ne pas avoir lieu demain" puisque sinon il faudrait asserter que "la bataille navale doit avoir lieu demain". Or, si la bataille a lieu le lendemain, on doit conclure que la proposition "la bataille navale peut ne pas avoir lieu demain", qui est vraie, est devenue fausse. Le passé en tant qu'"avoir eu lieu" n'est donc pas toujours vrai. Ainsi, la possibilité vraie du passé a-t-elle donné lieu à de l'impossible id est que la bataille navale n'aie pas lieu dès lors qu'elle s'est produite.


De nombreuses objections furent faites et notamment celle-ci : il y aurait ici confusion entre nécessité de fait et nécessité de droit.

Qu'un événement passé soit irrévocable ne signifie pas qu'il est nécessaire puisqu'il peut s'être actualisé aléatoirement. "Un coup de dés jamais n'abolira le hasard".

De même, Aristote insiste sur la subreption qui porterait sur l'identification abusive et partielle entre le logique et le réel.

Non convaincu par le Philosophe, Leibniz, quant à lui, utilise le Dominateur pour le dépasser et forger sa grandiose théorie des compossibles ainsi que son palais virtuel aux chambres innombrables.

Fang, le bifurquant meurtrier (?), saura d'ailleurs s'en souvenir, quantiquement en quelque sorte.

Quoi qu'il en soit, il appert que vérité et temps ne sont pas des concepts aisément connectables.

 

 

 

24/01/2005

Le style et le Styx

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A quoi se confrontent les génies philosophiques ou littéraires ?

On serait naïvement tenté de dire : à la mort comme telle.

Mais il ne s'agit évidemment pas d'une entreprise nihiliste. En effet même chez les grands pessimistes (Schopenhauer ou Cioran), c'est la vie même qui flue sans mesure de cette rencontre avec le chaos ou l'abîme. Tout vrai lecteur est là pour en témoigner.

Si l'on voulait métaphoriser, on pourrait affirmer que l'objet de leur activité est d'approcher asymptotiquement l'horizon d'un trou noir sans franchir la limite au-delà de laquelle l'effondrement se produit. Une tension mentale extrême, inimaginable pour le vulgaire, est nécessaire afin d'éviter la chute dans le puits sans fond de l'astre noir.

Bien entendu, l'exercice est périlleux ; ces contrées sont sauvages et non balisées. Nombreux sont ceux qui, à l'instar de Nietzsche ou de Hölderlin, furent engloutis.

L'absolu étant d'une certaine manière l'ultime Aufhebung, s'y confronter est l'épreuve de la crucifixion, de la perte de l'identité, du déchirement de la contradiction. Il est néanmoins le seul étalon de la cohérence rationnelle et le seul diapason des résonances de l'âme. Dans ces zones sans boussole, là où les forces gravitationnelles sont si intenses qu'elles déchirent les âmes tièdes, se trouvent aussi les forces de vie les plus splendides.

Cet horizon est ceint par un Styx, un Achéron qui sont aussi bien un anti-Léthé, ou plus exactement le Léthé traversé à nouveau, mais à l’envers : l’épreuve solitaire par excellence mais aussi l'unique creuset du style.

 

 

 

22/01/2005

L'Anti-Epiménide

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Le mercure, le vif-argent des alchimistes, est bien connu en tant que symbole de la pensée vive, créatrice, versatile et mouvante ; c’est un attribut d’Hermès. Mais on ignore injustement le calomel, un dérivé du mercure employé comme purgatif. Certains hérésiarques affirment qu’Epiménide mourut comme un chien, lapidé au pied des murailles du palais de Cnossos pour avoir méconnu ce remède.



Il est fréquent de rencontrer les multiples incarnations d'Epiménide là où « la vie n’atteint que son stade le plus bas, le plus mesquin, le plus pauvre, le plus rudimentaire, en tant que celle-ci ne peut éviter de se prendre elle-même pour fin et mesure de toute chose, ce qui la détermine, au nom de sa conservation sournoise, mesquine, inlassable, de passer à l’émiettement et à la mise en question de ce qui la dépasse en hauteur, en grandeur, en richesse... ». On ne peut que se ranger à cette affirmation zoroastrienne.

 

Voici ce que nous livre un passage de l’aride scolastique médiévale : « Epiménide souffre de ce qu’il n’y a rien de plus impitoyable que la beauté. » Dépouillé de son formalisme aristotélicien et retranscrit en langue moderne, on trouve quelques lignes plus loin : « C’est un spectacle comique d’assister aux pantomimes d’un être incapable de se maîtriser pour briguer le mieux, ce spectacle est tragique lorsque cet être à la faculté de pouvoir reconnaître l’optimum. » La Renaissance fera définitivement pencher Epiménide vers le registre du burlesque. En effet, on le rencontre, dès les XV° et XVI° siècles, plutôt sur les scènes itinérantes de la Commedia dell’ Arte que dans les galeries de l’hiératique château d’Elseneur.

 

L’origine de ce type remonte à la plus haute Antiquité. Le pseudo-Plutarque mentionne en effet une tradition minoenne, dont malheureusement ne subsiste plus que l’ossature narrative, mais qui atteste l’âge avancé d’Epiménide en tant qu’élément d’une typologie. Dans ce récit, Epiménide le Crétois était l’ennemi mortel de Sysyphos, l’homme au goût le plus subtil. Epiménide passa sa vie à haïr Sysyphos tout en admirant et mimant secrètement ses manières. Ivre de symétrie, le Crétois, lorsque ses artifices rhétoriques furent convenablement ciselés, crut que l’heure du duel ultime était venue. Toutefois, il ignorait que Sysyphos vivait dans un monde où Epiménide et sa racaille n’étaient que fantômes et vapeurs rougeâtres de l’orgueil ; les manifestations fugaces des ces spectres épars ne formaient pas dans l’esprit de Sysyphos l’image d’individus... L’odieux poignard verbal d’Epiménide ne rencontra que du vide... On ne saurait rester insensible aux échos sémites et platoniciens pourtant chronologiquement postérieurs. Toujours est-il que le pseudo-Plutarque avance qu’Epiménide ne serait qu’un agrégat d’instincts délétères qui, par hasard, de temps à autres, coïncideraient. On trouve également cette hypothèse chez Pyrrhon d’Elis. Tertullien, quant à lui, lorsqu’il adhéra en 213 au Montanisme déclara solennellement : « Le démon de Socrate et Epiménide ne font qu’un. » On reste confondu devant tant de lucidité.

 

On attribue une approche originale de ce problème à Spinoza, le prince des philosophes, qui confie dans un manuscrit de maturité (jadis conservé à Saint-Denis après la guerre des Flandres puis détruit en l’an II) que c’est la figure d’Epiménide qui lui avait inspiré les traits serviles qu’il prête au peuple. Telles sont en effet les questions soulevées par son Traité théologico-politique : pourquoi le peuple est-il si profondément irrationnel ? pourquoi se fait-il honneur de son propre esclavage ?

 

Quant à Epiménide (et à Epiménide seulement), la Psychanalyse française est héritière de cette lignée intellectuelle. De même, un rapide coup d’œil à la nosologie psychiatrique suffit à nous conforter dans notre thèse qui postule l’omniprésence du type Epiménidien. Je rapporte ici de mémoire un extrait des archives du premier trimestre 1934 de l’hôpital Sainte-Anne : « Le sujet diabolise tout ce qui se trouve être antagoniste de la perception confuse de son moi éclaté. Sa technique de justification est basée sur la constitution, de nature éminemment compulsive, de cas abstraits qu’il présente comme généraux. Il ignore le doute ontologique bien qu’il nomme ainsi le ressentiment qu’il exprime envers tout l’univers. Il est intimement convaincu que chacun partage sa quête et son fondement ; son air pénétré lui attire d’ailleurs souvent l’animosité des autres psychotiques. En outre, son manque de structures, la faiblesse surprenante de sa volonté, rendent immodéré son goût pour la domination lorsqu’il se trouve en position de force (de tels cas, en raison de leur probabilité infime, sont bien entendu rarissimes.) En revanche, le rapport inverse, beaucoup plus fréquent, provoque chez le sujet une bouffée paranoïde aiguë qui réactive des pulsions de type sado-anal (le plus souvent problématiques) qu’il tente vainement de combler par un narcissisme mégalomane et incohérent. » En marge de ce précieux document, on peut déchiffrer une brève note manuscrite, très certainement lacunaire, qu’on a pris l’habitude d’attribuer au docteur Lacan : « L’Epiménidien s’avère indiscutablement piégé par le langage. » Ces paroles sibyllines n’occultent cependant pas le rapport passionnel de l’Epiménidien avec le chaos de son moi onto-théo-logique.

 

On peut remarquer qu’à la même époque, Jorge Luis Borges, dans son Histoire universelle de l’infamie (Buenos Aires, 1935) rapporte, dans un article consacré au projet des Institutions Républicaines de Saint-Just, ce fait insolite. L’Archange condamnait en effet au bannissement les hommes coupables d’ingratitude envers leurs amis. Il est dit que Robespierre aurait baptisé « Epiménidiennes » ces vastes et vertueuses émigrations, en souvenir du nom totémique qu’il donnait, avec cette tendresse particulière à la vénération, à son maître Jean-Jacques. Plus loin, Borges assure que la branche hassidique dissidente des illuminés de Vienne aurait appelé le golem imparfait et obscène (dont l’existence, on le sait, n’est que métaphorique) : Epimenidish-zahir-aleph, sans autres précisions. Cette créature grotesque et contrefaite aurait, dit-on, été animé par le souffle vicié d’une divinité hypostatique tuberculeuse.

 

Cependant, l'une des épiphanies les plus récentes d’Epiménide est sans conteste celle d'un maître à penser de la tendance post-heideggerienne déconstructionniste des années 1970 parisiennes, encore teintées d’un lacanisme de bon aloi. Ce serait dans la béance entre le schème corporel et le schème spirituel que l’Epiménidien constituerait l’espace propice à l’illusoire valeur de son existence. On a coutume de rapprocher cette aberration d’un délire hallucinatoire voire d’un sévère syndrome onirique confusionnel. Ses rapports avec l’hystérie sont d’ailleurs l’objet de la thèse mémorable de J.-B. Pontalis. En effet, selon lui, l’Epiménidien serait comme « le point théorique de l’intersection des parallèles que figurent les déterminismes nombreux, contradictoires et résolument indépendants qui agitent son enveloppe corporelle d’un mouvement brownien voire épileptoïde. » Il conclut en avançant prudemment que les multiples visages qui peuplent la face molle et élastique de l’Epiménidien seraient comme « le point aveugle de la cure, la manifestation vacillante de l’insignifiance. »

 

Cette conception trouve son pendant surprenant dans certaines loges maçonniques du sud de l’Arizona, qui sont finalement parvenues (« parvenu » étant le mot qui convient) à intégrer, par un habile syncrétisme, les cercles infernaux de Dante et les subtiles cosmographies swendenborgiennes. Ces ateliers font d’Epiménide cet être au corps de chacal et à la tête de veau assoupi, symbole tératologique du libre-arbitre du faux initié. L’incantation rituelle qui lui correspond est la suivante :

 

Toi qui ignores même la dignité,

Toi qui, lorsque tu t’exaltes parles d’honneur,
Toi qui, misérablement, le confonds avec l’orgueil,
Toi qui, tel Hiram, finiras assassiné.



Rappelons, pour conclure, la très-classique et très-synthétique citation empruntée à l’Introduction au spinozisme joyeux, tirée du cours du professeur Misrahi, en Sorbonne : « Son activité erratique est délicieusement réfractaire à la liberté de l’âme, n’ayant d’ailleurs point d’âme, donc point de courage. »

 

 

 

21/01/2005

La flèche et le rasoir

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Le prix Nobel Kenneth J. Arrow a démontré qu’il est logiquement impossible d’additionner les choix des individus pour en faire un choix social clair, non seulement dans le cadre d’une constitution fondée sur la règle de majorité, mais dans toute constitution concevable, à l’exception de la dictature.

medium_9410d.jpgIl apparaît cependant que c'est en gravitant autour de la problématique du non-sens et de l'absurde que la mélancolie cèle son savoir spécifique.

Jadis, devant le miroir, l'illusionnisme de l'image n'a pas opéré ; le reflet s'est manifesté comme fallacieux.


Ce n'est qu'ultérieurement que le mélancolique en a intuitionné la létale vérité.

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« Quicquid aetatis retro est, mors tenet. » (Sénèque)

 

 

 

20/01/2005

Petite déduction iconoclaste

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Il faudra certes revenir sur le problème de l’identité.

Mais parler de l’identité c’est parler de l’image.

Ce qu'on peut nommer les "individus-egos" ont pour centre de gravité psychique... un ego.

C'est dire alors que l’ego est substantiel et donc qu’il a un contenu et qu'il est une image, du moins en un sens bergsonien.

Mais il est nécessaire de distinguer deux sens du mot image.

D'abord la représentation elle-même, id est ce qu’on voit en voyant une image, s'entend à la manière cartésienne comme une sorte de paysage, de portrait.

Mais il faut aussi comprendre ce terme tel qu'il est conçu par la mathématique. L’image d’un point est sa projection dans un autre lieu selon une règle déterminée qui à tout point associe une image et une seule. De même, par la médiation d’une fonction, un nombre a une image qui est un autre nombre. Prenons par exemple la fonction f(x)=2x. L’image du nombre 3 par la fonction f, ce qu’on nomme f(3), est égal à 6. Et f(5)=10, etc.

Qu’est-ce que cela signifie ? Quel que soit le nombre, sa transformation par la fonction est la même.

L’image est donc aussi une force de déformation constante et non seulement son résultat.

Il en résulte qu'il impossible de voir son image car elle est avant tout une forme qui n’a pas de contenus fixes mais qui, au contraire, transforme continûment ceux-ci.

En conséquence, croire pouvoir découvrir son image en autrui est une illusion puisque l’autre n’est pas seulement une image-portrait mais aussi une image-fonction. Il s'agirait ici de faire d’autrui une pure matière que sa propre image-fonction structurerait. C’est cela le narcissisme.

L’ego est donc à la fois une force de transformation dont la règle s’exprime par les images projetées et cette force elle-même. L’ego réunit en une seule deux choses qui se distinguent : il opère donc une confusion. Bien plus, il est cette confusion même. Celle-ci est nommément une illusion d'optique : l'ego voit un ce qui est deux. C'est un cas d'inconscience.

Aussi le narcissisme est-il inassouvissable par essence.

L’égotiste, quant à lui, sait que l’Ego est double mais il est fasciné par son image-fonction et recherche sa propre incarnation en image-portrait qui devient chaque fois une illustration et un nouvel attribut de lui-même. C’est une pure dévoration.

Rappelons que Dieu a créé « l’homme à son image et à sa ressemblance ». Le péché originel a fait disparaître la ressemblance. Reste l’image-fonction sans la possibilité de voir l’image-portrait de Dieu.

On comprend pourquoi le péché originel est éminemment transmissible.

 

 

 

19/01/2005

Unheimlichkeit ?

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« C’est par le non-être que vous êtes devenu quelqu’un. » Mais, en prenant conscience de ce que nous sommes réellement, cette conscience individuelle disparaîtra, et nous nous trouverons identiques à l’être universel. Débarrassé de toute individualité, « vous ne dites plus de vous-mêmes : voilà quel je suis ; vous laisserez toutes limites pour devenir l’être universel. Et pourtant vous l’étiez dès l’abord ; mais, comme vous étiez quelque chose en outre, ce surplus vous amoindrissait ; car ce surplus ne venait pas de l’être, puisque l’on ajoute rien à l’être, mais du non-être. » (Plotin, Ennéades, VI, 5, 12)

 

 

 

18/01/2005

Le siècle est-il deleuzien ?

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Aujourd'hui, Gilles Deleuze aurait eu quatre-vingts ans.

C'est en novembre 1970, dans le numéro 282 de la revue Critique, que Foucault publiait son splendide article Theatrum philosophicum à l'occasion de la parution de Différence et Répétition et de Logique du sens. Dès l'incipit, il lançait ce fameux apophtegme : « Mais un jour, peut-être, le siècle sera deleuzien. »

C'était néanmoins avant la rencontre avec Pierre-Félix Guattari, lacanien renégat, avec lequel Deleuze co-signera (non deux auteurs mais deux "ruisseaux"...) l'Anti-Oedipe (1972) : pop' philosophie. Jusque là, Deleuze était connu pour ses virtuoses monographies d'histoire de la philosophie sur Hume, Kant, Bergson et surtout sur Nietzsche (son Nietzsche et la philosophie fait date). C'est justement par une paradoxale Aufhebung de l'anti-dialecticien briseur d'idoles que la synthèse freudo-marxiste, le Graal de la philosophie post-sartrienne, fut exhibée puis "sursumée" par la schizo-analyse.

Dès lors, sous la bannière des "machines désirantes", une faune bigarrée se réunit tous les mardi à Vincennes pour assister au séminaire de Deleuze qui devint une station intellectuelle aussi courue que celui de Lacan à la faculté de Droit jouxtant le Panthéon ou bien de Foucault au Collège de France.

Quant cette "mode", on ne peut se défendre d'une certaine gêne que Badiou, ce me semble, décrit adéquatement. En effet, la horde de « barbus soixante-huitards qui arboraient leur gras désir en bandoulière », manquait ceci : « contre toute norme égalitaire ou conviviale, (...) la conception deleuzienne de la pensée est profondément aristocratique. » L'arc-en-ciel des désirs tant vanté par des épigones spontanéistes sous L.S.D. et les brumes du consensus démocratique contemporains sont dissipés par cet axiome à l'oeuvre dans le geste deleuzien : « La pensée n'existe que dans un espace hiérarchisé. »

Badiou (nous y reviendrons quelque jour), dans son ambiguë tentative de diplomatie transcendantale post mortem avec Deleuze, a au moins le mérite de balayer ce malentendu. Tout comme Spinoza, le « Prince des philosophes », Deleuze n'est pas un philosophe populaire.

Il suffira de citer Deleuze lui-même :

« Tout philosophe s'enfuit quand il entend la phrase : on va discuter un peu. Les discussions sont bonnes pour les tables rondes, mais c'est sur une autre table que la philosophie jette ses dés chiffrés. (...) On se fait parfois de la philosophie l'idée d'une perpétuelle discussion comme "rationalité communicationnelle" ou comme "conversation démocratique universelle". Rien n'est moins exact, et, quand un philosophe en critique un autre, c'est à partir de problèmes et sur un plan qui n'étaient pas ceux de l'autre, et qui font fondre les anciens concepts comme on peut fondre un canon pour en tirer de nouvelles armes. (...) Ils sont animés par le ressentiment, tous ces discuteurs, ces communicateurs. Ils ne parlent que d'eux-mêmes en faisant s'affronter des généralités creuses. La philosophie a horreur des discussions. Elle a toujours autre chose à faire. Le débat lui est insupportable, non pas parce qu'elle est trop sûre d'elle : au contraire, ce sont ses incertitudes qui l'entraînent dans d'autres voies plus solitaires. Pourtant Socrate ne faisait-il pas de la philosophie une libre discussion entre amis ? N'est-ce pas le sommet de la sociabilité grecque comme conversation des hommes libres ? En fait, Socrate n'a pas cessé de rendre toute discussion impossible, aussi bien sous la forme courte d'un agôn des questions et réponses que sous la forme d'une rivalité des discours. Il a fait de l'ami l'ami du seul concept, et du concept l'impitoyable monologue qui élimine tour à tour les rivaux. » (Qu'est-ce que la philosophie ? , pp. 32-33, Minuit, coll. "Critique", 1991.)


A l'attention du siècle, le nôtre, voici une anecdote philosophique, rapportée par Tournier, digne de Diogène Laërce ou des Vies de Spinoza.

Un dimanche après-midi de 1943, lors d'une représentation des Mouches de Sartre au théâtre de la Cité, les sirènes se mettent à hurler, interrompant l'adresse de Jupiter à Oreste ; « Jeune homme, n'incriminez pas les dieux ! » Alors que les spectateurs se ruent vers les caves-abris, le jeune Deleuze et ses compagnons partent déambuler sur les quais déserts, sous un soleil radieux. Les bombes se mettent à pleuvoir et la DCA allemande riposte, parsemant la Seine d'éclats d'obus. Ce médiocre incident est superbement ignoré ; seuls comptent les démêlés d'Oreste et de Jupiter en proie aux "mouches". Au bout d'une demi-heure l'alerte prend fin et les jeunes gens retournent au théâtre. Le rideau se relève : « Jeune homme, n'incriminez pas les dieux ! »

 

 

 

17/01/2005

T.U.O.T. / T.O.U.T.

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Avant la commémoration de demain, voici une citation de Jean-François Mattéi extraite de l’Etranger et le simulacre (pp. 300-301, P.U.F, coll. Epiméthée, 1983) :


Il faut cependant se garder des pièges du miroir. Borges nous incite à la prudence dans sa nouvelle Tlön Uqbar Orbis Tertius, qui unit de manière indissoluble l’éléatisme du miroir de la Connaissance et le redoublement sophistique de l’Encyclopédie. Que proclame en effet l’hérésiarque d’Uqbar, dont l’existence de simulacre est révélée par les quatre pages additionnelles et fallacieuses de l’Anglo-American Cyclopoedia, tome XLVI ? « Les miroirs et la paternité sont abominables (mirrors and fatherhood are abominable) parce qu’ils (…) multiplient (l’univers) et le divulguent » (Fictions, p.36) A refuser la paternité, les êtres des miroirs n’hésitent pas à faire proliférer les filiations douteuses pour envahir l’autre côté et occuper la place des modèles. L’être pourtant se tait, aussi indifférent à leurs désirs ombreux que Socrate face à son double. Platon fait tenir sa défense à l’Autre, miroir lisse et translucide de la différence, si translucide d’ailleurs que l’on en vient à oublier son existence pour se pencher uniquement sur les reflets qu’il anime. Les simulacres d’Uqbar rêvent ainsi le monde illusoire de Tlön, où toutes choses se redoublent, mais que l’on ne peut appréhender qu’à travers la révision en langue anglaise d’Orbis Tertius qui répète les quarante volumes de la première Encyclopédie de Tlön. Les labyrinthes éléatiques de Tlön se redoublent alors à l’infini dans l’écriture d’Orbis Tertius qui ne tarde pas à désintégrer le monde réel, avec l’irrésistible envahissement de proliférations symétriques. Si Borges a judicieusement rapproché les miroirs et la paternité de Tlön, les simulations d’Uqbar et le redoublement encyclopédique d’Orbis Tertius, c’est sans doute pour laisser deviner comment l’absurde identification du Même multiplie, et jamais ne divulgue, la duplicité aveugle des fantasmes dans le renversement du T.O.U.T.

Il ne sert à rien de briser le miroir : cela ne peut qu’accroître encore la prolifération des simulacres qui guettent le modèle d’un abominable sourire brisé. Afin de dissiper à jamais les illusions du Même, Socrate laisse le miroir prendre la parole : seul l’Autre saura dire ce qu’il en est de l’être. Mais à l’être lui-même, toujours présent en son retrait, il n’est pas donné de parler.

Tout le reste, le Philosophe l’atteste, est silence.

 

 

 

16/01/2005

Nevertheless Empire

En voici un photogramme exclusif :

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J'ai pu voir récemment (malheureusement pas encore sur grand écran) la première version de ce court-métrage exceptionnel.



Donc, Nevertheless Empire a été tourné l'année dernière à Berlin-Est et a été réalisé par deux jeunes cinéastes extrêmement prometteuses : Clémentine Duzer et Laura Gozlan.



Ce film, très dense, est époustouflant, le cadre et la composition de l'image, parfaits. D'un style profondément original, on y perçoit les influences maîtrisées de Murnau, Lang, Buñuel ou Tarkovski. Quant au scénario, diaboliquement cohérent et subtilement littéraire, il a le souffle et la puissance implacables d'une tragédie antique alliée aux sautes d'humour des surréalistes. Entre la science-fiction cyberpunk et les rêveries des pessimistes de l'aire viennoise et germanique, celui-ci évoque entre autres d'étranges créatures, sortes d'animaux-golems asservis chirurgicalement à la technique.



Ce film devrait sans nul doute être présent dans les divers festivals de court-métrage dès que la post-production sera totalement terminée.



On attend donc avec impatience et les projections publiques de Nevertheless Empire et leur premier long métrage. Les producteurs, espérons-le, seront séduits par leur style baroque et brillant qui nous change des réalisations françaises actuelles, souvent nombrilistes, boboïdes et, c'est le moins qu'on puisse dire, esthétiquement inabouties.



Enfin du cinéma !

 

 

 

15/01/2005

Titan



« On se croirait sur Mars... mais la couleur est certainement très différente. »

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« Nous pensons qu'il ne s'agit probablement pas de roches contenant des silicates. »
« Elles évoquent des zones qui ont été inondées ou qui le sont actuellement. »
« Nous pouvons dire que nous avons enregistré cet après-midi un succès scientifique. »




« Ici des soleils seuls comblent le cercle,
Et, voile tissé des rayons de la lumière première,
Leur éclat s'étend par tout le ciel. Nul obscur globe
N'approche du regard destructeur du ciel. Fugitive et lointaine

Passe la Nature ennuagée. Là s'enfuient les Terres,
Petites, imperceptibles, comme, sous le pied du voyageur,
L'infime poussière, vermineuse, s'élève et retombe.
Par tout le ciel, il y a mille chemins ouverts,
Longs chemins, à perte de vue, environnés de soleils. »

Klopstock, La Messiade, chant I.

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13/01/2005

Mouvement

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Il faut, définitivement, vivre sa vie comme court un cheval. Pourquoi ? Parce qu' « il ne suffit pas de se plaindre ou de se féliciter de l'invasion de la pensée par l'audio-visuel ; il faut montrer comment la pensée opère avec les signes optiques et sonores de l'image-mouvement, et aussi d'une image-temps plus profonde, pour produire parfois de grandes oeuvres » (Gilles Deleuze).

 

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Ceci n'est pas un cheval, évidemment. C'est une oeuvre et elle n'est pas en mouvement.

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Trêve de billevesées. Ce film opère une présentation directe du temps qui lui, ne se meut pas. C'est bien plutôt un cheval fou, celui, si l'on veut, de l'extrême fin du film Saint-Cyr. Ce Resnais qui « opère une présentation directe du temps » (Anaximandrake) est en outre un chef-d'oeuvre absolu et méconnu, sorti lors des événements de 1968. Je me demande si Charlie Kauffmann à qui j'avais laissé le bénéfice du doute pour Adaptation (qui semblait tout de même s'être inspiré de Providence) ne commence pas à plagier véritablement et durablement Resnais. La scène récurrente de la plage de Eternal sunshine of the spotless mind est-elle un "hommage" à la minute de l'an passé (l'année dernière à la plage...) de Je t'aime je t'aime ? Je précise que ceci n'a bien entendu aucune importance sauf à dédoubler, à dupliquer davantage. Et ceci est crucial pour saisir le film.

 

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Eternal sunshine of the spotless mind
 
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Je t'aime je t'aime
 

Il ne s'agit pas ici de la minute de l'an dernier mais de la pénétration réciproque de deux présents et de deux passés.

Quel temps ? Quel temps ?

JE T'AIME JE T'AIME

 

NB :

Pour une présentation de l'Eternel retour nietzschéen (pas du Même mais du Différent afin qu'il advienne un "Revenir"), lire les classiques de Deleuze:

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Nietzsche et la Philosophie

 

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Différence et Répétition

 

 

 

Considérer le temps comme un flux est insuffisant : « ça aussi c'est un effet de la T5 ».