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30/04/2007

Vox dei

« Le charme de la déconstruction ou du poststructuralisme, qui ont dominé les années 1960 et 1970 - ce que j'ai appelé la "pensée 68" - c'est qu'il s'agit de philosophies avant-gardistes, réservées à une élite, autour de Deleuze, Derrida, Foucault. » (Luc Ferry) 

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« L'homme est une invention dont l'archéologie de notre pensée montre aisément la date récente. Et peut-être la fin prochaine. » (Michel Foucault)

 

 

23/04/2007

Fata morgana

« On avait l’impression que tout le monde s’attendait à quelque chose, mais semblait en même temps résigné à ne s’attendre à rien. » (Rosset)

 

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« C’est un processus classique, voyez-vous, un jeu de miroirs qu’on peut compliquer à l’infini. D’ailleurs, non, rectifia-t-il scrupuleusement, pas tout à fait à l’infini. Il y a un moment où ça s’arrête. Mais ce serait trop long à expliquer. » (Echenoz)

 

12/04/2007

Vox populi

« Toute croyance ne se nourrit que d’une horreur à l’égard de sa propre lucidité, ne se soutient que d’un combat incessant contre l’évidence, - combat que son caractère désespéré à plus ou moins long terme contribue à rendre pitoyable et même héroïque. Les forces vives sont ici du côté de ceux qu’on désigne volontiers comme subissants et opprimés, alors qu’ils sont les véritables agissants et oppresseurs ; car dans ce combat l’Etat, l’Eglise, la police ne jouent qu’un rôle secondaire, comme le remarque Cioran : non pas provocateurs mais bien réceptionnistes de la vindicte générale, simples organisateurs de la haine. » (Rosset)
 
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« On trouvera peut-être nos idées un peu fortes : qu’est-ce que cela fait ? N’a-t-on pas acquis le droit de tout dire ? » (Sade)
« Tout ce qu’écrit Sade est humour » (Sollers)

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Nous tenterons ici d'avancer un paradoxe, c'est-à-dire un raisonnement argumenté qui s'écarte de la doxa, et auquel il est possible d’attribuer une valeur de vérité, c'est-à-dire, par exemple, le vrai ou le faux. Ajoutons qu'il est bien évident que cette innocente Gedankenexperiment ne prétend pas à la nouveauté.

Voici.

On a coutume de dire que la tolérance a pour limite l'intolérance, et que l'on pourrait ainsi tolérer toute opinion, à l'exclusion, toutefois, de celle(s) qui ne vous tolère(nt) pas, vous ou votre opinion. La liberté, de même, s'arrêterait là où commence celle des autres. De surcroît, il est à remarquer que ces vertus sont souvent considérées comme "démocratiques". 

Qu'est-ce à dire ?

Que c'est faux. Car si lesdites vertus sont posées comme légitimes, elles doivent être aussi déclarées universelles. Mais, évidemment, elles ne le sont pas. Pourquoi ? Simplement parce que la tolérance octroyée par le régime démocratique est isomorphe à celle du régime dictatorial. En effet, il est obvie que, à l'instar de la démocratie, la dictature tolère quiconque la tolère.  Serait-ce alors une divergence quant à la primauté du fait sur le droit ? Pas davantage. Car dans un système majoritaire, c'est le nombre qui fait loi, lois qui ne sont pas édictées en référence à des valeurs qui le dépasse (ce qui serait réputé dictorial), mais selon des valeurs démocratiques immanentes à son exercice. Mais ceci, c'est la définition même du fait. Ainsi, en démocratie, est-ce bien le fait majoritaire qui constitue le droit. Finalement, le droit y revient au fait. Car que fait une majorité si ce n’est dicter sa loi à une minorité ? Quelle légitimité a ici le grand nombre, sinon celle du fait ? Les normes qui résultent d’une décision majoritaire peuvent, en droit, être opposées à la vérité, car ce qui fait la vérité universelle du théorème de Pythagore, par exemple, n'est pas lié au caractère majoritaire du nombre de ceux qui en soutiennent la vérité. Notons que l'expérience enseigne bien plutôt que c’est d’ordinaire à l'inverse que l’on assiste.

On pourra toujours dire : les normes ne sont pas vraies ou fausses, elles n'impliquent pas la vérité de ce qu'elles affirment, mais seulement le caractère permis ou interdit, autorisé ou prohibé, des cas qui tombent sous les lois particulières. Il est clair que deux lois consécutives, relatives à une même question, ne peuvent que se contredire.  Sauf à dire, en effet, que ce qui était vrai est devenu faux, et donc que ce qui est vrai actuellement ne l'est que relativement, adverbe indiquant que, a minima, existe au moins un énoncé vrai, celui qui affirme la variabilité de la valeur de vérité des propositions. Il est bien connu que le relativiste déclare tous les jugements relatifs, à l'exception, au moins, de celui consistant à dire que tous les jugements sont relatifs. En se proférant, ce jugement érige une vérité, celle du relativisme, ce qui suffit à impliquer qu'il y a un sens à déclarer vraie ou fausse quelque assertion. En conséquence, le relativisme n'existe pas, et ce que l'on nomme ainsi se révèle être un absolutisme, qui donc prétend être, ou avoir, une valeur suréminente, transcendant tous les autres jugements. On peut bien en inférer, comme corollaire, que la raison revient à celui qui a parlé le dernier. En démocratie, donc, les lois sont par-delà le vrai et le faux, arbitraires donc. Sont-elles pour autant par-delà le bien et le mal ?

Voyons. Prima facie, il semble qu'il faille en conclure que les normes peuvent être, si ce n'est vraies ou fausses en tant que telles - puisque l'on choisit de réserver ce type de qualification à leur énonciation - du moins bonnes ou mauvaises, relativement. Relativement à une valeur qui puisse trancher entre elles, quelle qu'elle soit d'ailleurs, et qui incarnera le bien.

On s'aperçoit par conséquent que ce n'est pas de dire ce qui est bien mais de dire le bien qui est mal. En démocratie. Il y faut donc que la valeur qui permet de trancher entre ce qui est bien et ce qui mal ne soit pas révélée, soit tue, soit, encore, déguisée. C'est bon et vrai pour soi, pas en soi, donc il faut que tu sois comme moi, sinon tu n'es pas démocrate et je ne puis donc te tolérer. En pratiquant un autre raisonnement que ce dernier, on serait censé sombrer dans la dictature, ou du moins dans un désir dictatorial. Mais on serait tenté de se dire que celui qui profère cette accusation y est tombé avant soi.

Il suffirait donc de proclamer que la démocratie s'oppose à la dictature, qu'elle est la garante de la liberté, pour être démocrate, et ce, même si, en fait, celle-ci est semblable à la dictature. Il suffirait tout bonnement d'abandonner le principe de non-contradiction. Soyons rassurés : le plus grand nombre ne l'a jamais adopté.

Car la démocratie, loin d'incarner l'intérêt général, promeut l'intérêt particulier, et en l'espèce, celui, théoriquement, de la majorité. La démocratie, loin d'être opposée à dictature, n'en est finalement qu'un type, à savoir, précisément, la dictature de la majorité. Une légitimité entée à une majorité relève de l'opinion, c'est-à-dire ne peut être vraie que par hasard. Il suffirait donc de penser comme le plus grand nombre pour que votre volonté soit faite. Il s'agit clairement là d'une incitation à être n'importe qui, id est à le devenir ou à le rester. Pur conformisme donc, même dans le désir de différence, à condition que ce soit celle de tous. En démocratie, il n'y que le suffrage qui soit universel en droit, pas son produit. Celui-ci n'est que l'institutionnalisation de la domination aveugle, celle du pur rapport numérique, auquel, pour faire bonne mesure, on adjoint son déni. Bref, le fait brut y est souverain, et ce, d'autant plus que le langage y perd sa consistance. On a bien entendu affaire à un fantasme car, si l'union fait la force, le nombre n'est pas une condition nécessaire de celle-ci.

La dictature non démocratique a ceci de supérieur à la démocratique que, d'une part, le langage y conserve son sens, et qu'en conséquence, on peut y tolérer en plus l'opinion de ceux qui, comme le démocrate, ne vous tolèrent pas. On se contente seulement, conformément à la nature assumée de la dictature, de l'écarter du pouvoir. On y adjoint même, libéralement, une raison : comment un être tel que le démocrate, qui est certes tout aussi dictatorial, mais s'avère en sus incohérent, pourrait-il être apte à gouverner ?

Dans toute dictature, qu'elle soit démocratique ou qu'elle ne le soit pas, c'est le fait qui prime. Dans le premier cas, on garde l'illusion qu'il ne s'agit pas d'une dictature en proclamant, par le biais du vote, que sa voix vaut n'importe quelle autre, et l'on ne conserve de l'universel que le fantasme, car seule la cessation de ces voix les constitue comme équivalentes, dans un silence d'urne. Ainsi, celui ou ceux qui, post festum, exerceront le pouvoir dictatorial démocratique parleront par principe de cette même voix qui est semblable à toute autre, qui sera donc celle de chacun, à défaut d'être celle de tous. Simplement, cette voix, on l'a vu, est incohérente, et équivaut logiquement à n'importe quelle autre, n'étant malheureusement pas muette, mais également contradictoire. Avoir un discours inconsistant en effet, cela revient à dire tout et son contraire, c'est-à-dire à n'avoir rien à dire, si ce n'est dicter des intérêts catégoriels (rien ne ressemble d'ailleurs plus au discours d'un partisan que celui d'un autre partisan). De l'incohérence à l'irresponsabilité, la conséquence est bonne ; une irresponsabilité qui s'accommode d'ailleurs de tous les déterminismes. Dans le second cas, même si le fait de la dictature fait le droit, le vrai comme tel peut être dit, c'est-à-dire avéré. Par exemple, on peut y asserter que le droit est une émanation du fait, et donc que la liberté du démocrate s'arrête en effet là où commence celle du dictateur (individu ou groupe). L'universel est préservé au moins dans la mesure où le sont le principe d'identité et celui de non-contradiction. Il appert donc que seule la dictature non démocratique est cohérente, et notamment en ceci qu'elle n'est pas celle de l'opinion. Notons que c'est une démonstration de ce genre qui valut un Nobel à Arrow.

Faut-il conclure, avec Barthes, que la langue est fasciste ? Ou alors s'aviser que c'est le fait même d'avoir quelque illusion sur les vertus démocratiques qui engendre la tyrannie (douce ou tranchante) en tant que dernier stade de l'ochlocratie ? Ou bien que c'est la dimension symbolique qui est dissoute par l'inconsistance de la langue, cet illogisme non dialectique qui s'égalerait au luxe d'avoir le moyens de pouvoir croire que la violence est avant tout symbolique ? Ou encore que c'est une violence intolérable que de se faire violence, c'est-à-dire d'accepter le symbolique, donc d'être son propre maître ? Ou que l'incapacité à se dominer pousse au désir de dominer et d'être dominé ? Ou devra-t-on admettre que la démocratie, puisque pure chimère, ne peut perdurer qu’à la condition de ne pas dire ce qu’elle est, ou plutôt en disant qu’elle n’est pas ce qu’elle est ? Ou bien asserter que, dans un triangle, la somme des angles est égale à deux droits, est une affirmation dictatoriale ? Ou alors ce paradoxe n'est-il qu'une absurdité, un paralogisme voire un paramoralisme ? Ou n'est-il qu'un paradoxe, c'est-à-dire qu'il n'est pas une opinion ? Que serait-il alors ? Pas quelque chose de faux en tous cas, s'il n'y a que des opinions... Ou bien ? Ou bien ? Ou bien, quoi ?

11/04/2007

Sic

 

« La perversion de la cité commence par la fraude des mots. » (Platon)

 

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  « L'action, c'est la passion de ma vie. » (Sarkozy) 

 

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« Il faut saisir les gens dans leur rapport à eux-mêmes, c'est-à-dire dans leur silence. » (Cartier-Bresson) 

 

 

 

04/04/2007

Verbatim

 
 
« Tout. » (Cioran)
 
 
« Mais ce n'est pas tout. » (Machiavel)