31/12/2005
Sine domino
« J'aurais voulu me lever, poser mes mains sur ses hanches, la tenir ainsi et prononcer des mots très simples, très sincères, comme il convient entre deux êtres humains. » (Miller)
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28/12/2005
Habeas corpus
Identité de l'identité et de la différence, la contradiction est ce qui manifeste l'unité de l'intérieur et de l'extérieur. Ainsi, au sein de la totalité, l'altérité est-elle garantie par le néant. Celui-ci est en effet ce qui fonde l'indétermination de l'être, l'identité de son surgissement et de sa disparition. Que le néant soit quelque chose relève en fait d'un argument méontologique. L'être n'est pas saisi en tant qu'être, mais comme chaos. C'est dire qu'il est d'emblée qualifié.
Mais la substance spinoziste - l'être - se définit comme « ce qui est en soi et est conçu par soi, c’est-à-dire ce dont l’idée n’a besoin de l’idée d’aucune autre chose ». Or, le néant, quant à lui, nécessite l'idée d'être et celle de négation ; la méontolongie est donc une métaontologie, non une ontologie. Bref, a minima, soyons cartésiens : pour douter, il faut être.
La circularité du système hegelien en signe certes la cohérence mais aussi l'échec radical. Le paradoxe y est vulgarisé ; il n'est pas pensé comme Witz. Révolution ? Non. La contradiction n'est moteur que de l'encyclopédie, pas de l'histoire réelle. Le post-hegelianisme s'épuisera d'ailleurs à tenter de sursumer la sursomption.
Voilà donc l'opération dialectique : le nihilisme actif en tant que volonté de néant devient nihilisme passif c'est-à-dire néant de volonté. Le chaos est absence de consistance, c'est-à-dire de projet. L'être est donc non seulement qualifié mais la vie jugée. Le futur est condamné à l'aune du passé tandis que le réel s'éloigne dans la représentation ; l'icône s'y dégrade en idole. Oui, la référence abolie, les simulacres dansent.
La dialectique n'est pas la logique de la logique, car le paradoxe est effet de réel et c'est décision qu'il implique. Corrigeons donc Hegel : toute contradiction est signe de quelque chose.
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26/12/2005
Corpus certum
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20/12/2005
Ad patres
Le transfert est délire car la pensée n'est pensée de personne, fulgurant, universelle, les corps singuliers. En effet, le miroir réfléchit la lumière ; il ne peut fixer des images, ni, subséquemment, des matières. Non pas un quelconque miroitement mais une duplication impaire et tournoyante. Oui, deux miroirs face à face ne produisent point un tableau, même idyllique, mais déclosent l'infini.
Pourtant, sans cesse aux aguets, à l’affût d’un animal inconnu, ils redoutent ce qu'ils aperçurent jadis près de la pierre noire d’obsidienne. Là, permission fut faite, sans trop de périls intellectuels ni de surprises émotionnelles, de fantasmer leur identité. Aucun événement n'en troublerait plus la fixité brillante et fantomatique, nervure égophore, chiffre de leur place stratégique au sein du Socius.
Mais une identité de ce type est ce qui, par excellence, n'existe pas ; l'idole n'est pas même iconique. Puisque l'être de ce qui n'existe pas est le fantasme, cela équivaut, sous une matière formalisée, à s'arborer tel un scribe anticipatif et atropique du motif d'un trajet vital. Mais cette acceptation létale est intériorisation de la transcendance normative d'un Socius qui barre l'accès au Soi et ne subsiste que de se propager. Même si son tout, indûment, se prétend plus que la somme des parties, n'existe en fait que les individus réels, hic et nunc.
C'est bien dans les chairs que l'Idée s'actualise, non sur une neutre surface d'inscription virtuelle ni même en quelque enregistrement holographique de Morel.
Il est bien évident que toute oligarchie n'est pas aristocratique. Sachons donc garder intact un certain esprit de sérieux adéquat aux tourments infernaux de cette majorité qui acquitte ses quotidiennes livres de chair pour les fantasmes narcissiques d’une infime minorité.
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18/12/2005
Aures serva
Le langage assaille, veut détruire l’infans, le délier de l'aliénation du reflet, c'est-à-dire du mirage de l'Autre. En fait, ceci revient à dissocier langue et parole. Car l'un, le simple, n'est pas posé par l'imagination, il est événement du noûs, c'est-à-dire présence du Dehors.
Le divin est simplement une réflexivité parfaite. Condition de toute réciprocité, il s'avère donc absolument relatif.
On meurt à vouloir l’impossible ; on survit en voulant le possible ; on vit en désirant le nécessaire.
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14/12/2005
Aliquid stat pro aliquo
« On n’oublie jamais rien, les mots et les visages flottent joyeusement jusqu’au dernier rivage. » (Houellebecq)
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12/12/2005
Tuam nescis
« Voilà la grande erreur de toujours : s'imaginer que les êtres pensent ce qu'ils disent. » (Lacan)
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08/12/2005
Sine cortice nare
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04/12/2005
Alter et ego
« Je comprends qu’on soit l’ami d’un pauvre animal, d’un cheval ou d’un âne condamné aux plus durs labeurs, sans défense, muet. Je ne comprends pas qu’on puisse être, à notre époque, l’ami du Peuple.
Qu’est-ce que le Peuple ? C’est cette partie de l’espèce humaine toujours respectueuse des conventions sociales, qui n’est pas libre, pourrait l’être et ne veut pas l’être ; qui vit opprimée, avec des douleurs imbéciles ; ou en opprimant, avec des joies idiotes. C’est la presque totalité des pauvres et des riches, c’est le troupeau des moutons avec le troupeau des bergers. » (Darien)
Dans certains systèmes logiques, q (p => (non-p => q)) est un théorème. Ce qui se dit aussi : si p est démontrable, alors non-p l'est aussi, ce qui implique que toute proposition q est démontrable dans ledit système. En effet, dans un tel système, toute proposition est un théorème. On peut démontrer tout et son contraire, c'est-à-dire qu'on ne peut rien démontrer. Ces systèmes sont dits inconsistants; il est impossible d'y raisonner, c'est-à-dire d'individualiser et d'assumer.
Pourquoi certains élisent-ils ces systèmes comme leurs ? Réfléchissons. Il appert qu'il s'agit pour eux d'éviter des systèmes incomplets. En effet, dans un système incomplet, on ne peut pas trouver toutes les propriétés des objets, ce qui, cependant, n'empêche pas de raisonner. Mais la phobie des systèmes incomplets est caractéristique des individu-egos. L'imaginaire y est souverain. L'incomplétude est pour eux génératrice d'angoisse. Le manque ne peut pas être géré ; il est donc décrété inexistant. Pour cela, il s'agit de se rabattre sur un système inconsistant. Tout ce qui est autorisé par la syntaxe est un théorème. Rien n'y est pensable. C'est la rançon relative à la conservation du fantasme du tout. C'est la condition pour que le rien puisse être dit quelque chose. C'est la dialectique du Moi, du Moi comme tout. Car le Moi est prisonnier de l'imaginaire. Par peur de la séparation, le Moi forclôt le symbolique. En effet, il échappe au Moi que la séparation est la condition nécessaire de la connection. Dans les faits, pourtant, le Moi préfère l'exclusion à la connection. La relation n'est que relation de Moi à Moi. Pur narcissisme. Certes, le Moi connaît la négation ; cela est hors de doute. Le non-Moi, pour le Moi, c'est l'Autre, pas le Soi. Le Moi ne prend pas sa substance hors de lui. Non, pour le Moi, c'est le non-Moi qui prend sa substance dans le Moi. Et, fatalement, le non-Moi a pour essence la confusion entre Soi et non-Soi. Bref, une dimension manque : celle de l'endo-consistance.
Avec de tels systèmes logiques, on a affaire à une angoisse panique. Une angoisse territoriale. On refuse de penser. Le Moi se décrète propriétaire de son point de vue. Comment peut-on en arriver là ? Refuser le symbolique, c'est-à-dire le Soi, signe une structure incapable de saisir que son identité est hors langage. Elle préfèrera s'autistiser, se solipsiser, donner foi - comme dans la schizophrénie - à des voix dans la tête, plutôt que de donner voix à autrui dans le langage. Pour ce genre de structure, Il est Toi qui est Moi. L'angoisse conduit d'abord à considérer autrui comme un ennemi puis finit par le nier. Pour elle, il n'y a qu'un individu dont la structure est le monde. Voilà le délire du Moi. Puisque l'inconsistance est ce qui caractérise le système logique du Moi, celui-ci doit donc trouver une cohérence hors de soi. Il est dépendance pure. Oui, un Moi ne peut tenir debout que grâce à l'image. Sa cohérence est hors de soi et revendiquée comme telle. Il est servile par nature. En effet, autrui étant nié, il surgit dans le réel sous l'espèce de l'Autre. L'autonomie est manquée. Oedipe, Oedipe...
Les tenants d'un tel système logique sont bien loin de Blanchot commentant Mallarmé : « La parole seule se parle. » Car ici, Blanchot parle en auteur. Il est capable de mettre le langage à distance, de, symboliquement, s'en séparer, c'est-à-dire d'activer sa fonction symbolique. L'auteur est tout sauf un être de langage. Ce qui est se dit aussi : il est capable d'oeuvre. En revanche, le Moi ne peut se distinguer de ses oeuvres, c'est-à-dire donc qu'il en diffère absolument. Il ne peut que produire. Pour être apte à l'oeuvre, il lui faudrait avoir son principe de cohérence en soi, donc être apte à le transmettre.
« Pourquoi » ? « Pourquoi » ? Régression à l'infini. Définition de la définition. Recherche de la référence absolue. Voilà les conséquences et symptômes de l'inconsistance. On attend d'autrui qu'il fournisse la preuve de la preuve. On forclôt ainsi l'épreuve de l'altérité, c'est-à-dire l'expérience du Soi. Celui-ci, en effet, n'advient qu'à la relation comme troisième terme. De plus, un nom propre y est requis pour toute chose ; ce qui est mépris de toute pensée. Il faut être tout car si autrui n'est pas rien, il pourrait menacer la cohérence imaginaire du Moi. On s'approprie alors le langage commun pour n'en conserver que l'usage conjuratoire (on croit que le mot remplace la chose) et l'usage fasciste. Oui, « ça boucle ». Et pour cause : il n'y a plus qu'un unique sujet grammatical possible. Autrui n'a pas de place ; le symbolique comme requisit conjonctif a disparu. Inceste et dévoration. Sans symbolique l'altérité ne peut être que menaçante. Hypostasier l'absolu en Moi, voilà le paralogisme de l'esclave. L'imaginaire qui est possession fantasmatique d'un point de vue devient donc souverain. L'angoisse s'incarne comme implication de l'inconsistance. Transfert d'angoisse sur un point de consistance. On conserve son tout fantasmé par la médiation d'autrui considéré comme rien. C'est bien une forme de servitude volontaire.
Néanmoins, passer du Moi au Soi requiert la capacité permutative, c'est-à-dire l'aptitude à dépasser l'angoisse fusionnelle et l'illusion subséquente de la propriété d'un point de vue. L'accession au domaine du transcendantal est d'abord assomption de sa liberté. Mais l'imaginaire, on l'a vu, a sa cohérence hors de soi. On comprend pourquoi Oedipe est convoqué comme paradigme fondamental, comme structure indépassable. Il faut que le symbole, encore, soit une image. Oui, c'est bien la "névrose de base" décrite par Bergler. L'esclave, par nature, crée le maître.
Moi = Moi. Voici ce que, selon la logique classique, profère l'hystérique . Donc tu n'es rien, répond l'obsessionnel, le petit juge, inféodé à la vérification, c'est-à-dire exclusivement aux choses. Mais l'aphasie de l'obsessionnel est adéquate au désir bavard et projectif de l'hystérique.
Quoi qu'il en soit, on ne sort pas du classique aveuglement selon lequel la négation de la négation est affirmation. Ultimi barbarorum : avec de la méfiance, on prétend aboutir à de la confiance. Autrui ne serait admissible que s'il était servile, c'est-à-dire si le symbolique était homogène à l'imaginaire. Voilà ce que prône l'adversaire de l'intuitionnisme.
Mais, non, la survie n'est pas une vie.
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