29/05/2008
Summa divisio
« Jamais la philosophie n'avait paru plus fragile, plus précieuse et plus passionnante qu'à cet instant où un bâillement faisait évanouir dans la bouche de Bergson l'existence de Dieu. » (Blanchot)
« L'intervention de chaque philosophie [...] est bel et bien le rien philosophique dont nous avons constaté l'insistance, puisqu'effectivement une ligne de démarcation n'est rien, n'est même pas une ligne, pas même un tracé, mais le simple fait de se démarquer, donc le vide d'une distance prise. » (Althusser)
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26/05/2008
Ens supremum
« Ils seront délivrés de toutes ces misères et mèneront une vie plus heureuse que la vie bienheureuse des vainqueurs Olympiques. » (Platon)
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23/05/2008
Ratione valoris
« L'existence est si je puis dire insolite par nature, - ou elle n'est pas. Une boutade, doublée d'un paradoxe, résume son statut : d'être la seule chose au monde à laquelle on ne puisse jamais s'habituer. » (Rosset)
« Comme s'il n'y avait, comme s'il ne pouvait y avoir de vérité surréaliste, tout au plus une vitesse à tenir qui serait garante de la tenue de la pensée. » (Le Brun)
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19/05/2008
Non sequitur
« Pour une chose dont c’est l’essence de devenir à tout moment autre qu’elle n’était, la nécessité de demeurer semblable à elle-même ne se peut réaliser qu’au moyen d’une fiction : l’identité est une fiction ; or on voit que la formation de cette fiction est la condition est le principe de toute vie individuelle et distincte. D’autre part le fait que tout ce qui vit est modifié par un changement incessant et continu suppose que rien de ce qui vit n’est simple. Toutes les choses vivantes sont donc composées de parties et c’est dans le composé que se réalise la fiction de l’identique. » (Jules de Gaultier, La Fiction Universelle)
« Le besoin d’une foi puissante n’est pas la preuve d’une foi puissante, c’est plutôt le contraire. Quand on l’a, on peut se payer le luxe du scepticisme – on est assez sûr, assez ferme, assez solide, assez engagé pour cela. » (Friedrich Nietzsche, Le crépuscule des idoles)
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18/05/2008
Palam et publice (II)
Avant de refermer cette parenthèse, et puisque décidément ce printemps s'avère fécond, voici deux autres créations éminemment dignes d'attention.
Le dernier ouvrage d'Alina Reyes, La Dameuse, vient de paraître chez Zulma. « La neige a bu le sang et exige réparation ». Cette histoire captivante de viol et de vengeance, de vie et de mort, est portée par une écriture limpide. Voir en particulier ici et là.
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Pour ceux qui passeraient par l'Iran, Kristen Alvanson expose à partir du 23 mai à la Galerie Azad de Téhéran son nouveau travail artistique : Nonad. Plus de détails ici.
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07/05/2008
Palam et publice
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04/05/2008
Intuitu rei
« La raison n’est rien qu’une détermination générale et calme des passions fondée sur une vue distante ou sur la réflexion » (Hume)
Passons donc à la réponse de Quentin Meillassoux à Ray Brassier qui critiquait l'utilisation du concept d’ « intuition intellectuelle » dans Après la finitude. Je précise qu’il ne s’agit toutefois ici que d’un point particulier de l’intervention de Meillassoux lors du colloque Speculative realism de 2007 (transcrit dans l'appendice de Collapse volume III).
Si je mentionne cet usage spécifique du syntagme « intuition intellectuelle », c’est parce que cette notion sépare Kant à la fois de Spinoza et des postkantiens immédiats (Schelling, Hegel, Fichte, Schopenhauer). Ainsi, au-delà de sa position particulière dans l’économie de la démonstration de Meillassoux, son importance gnoséologique et épistémologique est-elle philosophiquement cruciale. La question générale est la suivante : l’accès au « réel » lui-même (et pas simplement au « corrélat ») peut-il être de l’ordre de la connaissance ?
Evidemment, le concept d’intuition intellectuelle a une connotation idéaliste. Pour Kant en effet, l’intuition intellectuelle, contrairement à l’intuition sensible, crée activement son objet. Et seul un intellect divin, sans aucune médiation sensible, aurait ce privilège. Aussi, dans cette perspective, le rapport de la pensée d'un être fini à son objet serait-il seulement synthèse de concept et d’intuition.
Toutefois, pour Meillassoux, « intuition intellectuelle » désigne plutôt l’accès intellectuel à la facticité considérée comme un absolu. C’est pourquoi il en fait le synonyme de l’oxymore suivant : « intuition dianoétique ». L’intuition de la facticité, via la démonstration (dianoia), devient intuition d’une extériorité radicale. La facticité, au lieu d’être signe de finitude et symptôme de notre propre subjectivité limitée, s’avère être en réalité relation avec le Grand Dehors.
Cette intuition intellectuelle, en un sens non kantien, est donc selon Meillassoux un nous révélé par une dianoia, à savoir une intuition révélée par une démonstration (procédure intellectuelle). Chez Laruelle (dont Brassier s'inspire) au contraire, le Réel, puisque posé d'emblée, ne peut résister au corrélationisme.
Que cette intuition intellectuelle en tant qu'intuition dianoétique suffise ou non à remplir le rôle que Meillassoux lui assigne dans Après la finitude (et réponde vraiment aux critiques, corrélationistes ou non) est, bien entendu, une autre question.
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