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30/10/2005

Conscientia mille testes

« On doit être un logicien ou un grammairien rigoureux, et être en même temps plein de fantaisie et de musique. » (Hesse, Le jeu des perles de verre)



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Selon Hegel, l'esprit subsume l'entendement qui divise et la raison qui unifie. Ce sont deux des modalités du négatif. La négation produit d'abord les différences par l'opération, non de l'esprit, mais de l'entendement sain. Ensuite, la négation seconde est réalisée par la raison qui détruit les déterminations de l'entendement. Cette raison est dite dialectique.

Ainsi, pour Hegel, c'est la double négation qui est positive, et qui peut donc être dite raison spéculative. Générant l'Aufhebung, elle produit la singularité elle-même en tant qu'auto-mouvement du contenu. Car c'est bien au contenu lui-même qu'il appartient de se développer selon son intelligibilité propre.

Néanmoins, on a pu affirmer que c'est parce qu'elles avaient un contenu que les mathématiques n'étaient pas engendrées par la conscience. Sans tomber dans un logicisme réducteur, il est clair que la dialectique ne retient pas ici les mathématiques dans sa logique. En effet, ce qui s'affirme en niant est ce qui a pour essence le néant. C'est bien la définition même de la conscience.

Son auto-mouvement n'est-il pas, à l'instar de celui des miroitants paradoxes éléatiques, qu'une hallucination ? Oui, cette double négation, comme le dénonce Deleuze, est un fantôme d'affirmation. La conscience serait-elle donc double stérile, noeud d'absurde, case vide qui creuse l'absolu, musique qui, telle la contradiction, circule, irréalisante et inertielle, sur la surface du sens ?

 

 

 

26/10/2005

Post festum

« La grandeur de l'art ne commence à paraître qu'à la retombée de la vie. » (Debord)

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« L’homme est un irréversible incarné : tout son "être" consiste à devenir (c’est-à-dire à être en n’étant pas), et par surcroît il devient (advient, survient, quelquefois se souvient), mais ne revient jamais : car s’il pouvait revenir, l’aller et le retour feraient de son "être" une chose. » (Jankélévitch)

23/10/2005

Ride, si sapis

« L'important n'est pas de démolir la conscience - nous ne cherchons pas ici à faire de grandes dégringolades de vitres. » (Lacan, S. II)

 

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Pour Bergson, c'est l'intensité de la conscience qui est la mesure du degré de liberté. Celle-ci est pensée selon le mode de la concentration d'une série temporelle. Il s'agit en fait de ce qu'on pourrait appeler la polarisation d'une durée ouverte sur l'action à venir. Par conséquent, la conscience est choix. Et, si l'identité est mémoire, la conscience est donc une mémoire accompagnée d'une liberté. Ainsi, la liberté ne se manifeste-t-elle purement que dans le cas de l'advenue de la nouveauté. Or la nouveauté est hapax.

 

Corollaire : l'habitude est inconscience, ou bien l'inconscient est l'ensemble des habitus, c'est-à-dire machinisme automatique. Bergson l'appelle mécanique. Celui-ci, bien qu'éminemment interne, semble insensible et, pour tout dire, externe. Il n'est pas vécu. Au contraire, la nouveauté, rompant le schème sensori-moteur, exhausse la conscience et permet, au sein de la situation, que l'individu se choisisse. C'est donc dans le choix du choix (qui n'est pas isomorphe à "la volonté de volonté") que réside l'incarnation, non dans le non-choix qui n'est choix que de lui-même, c'est-à-dire identification.

 

 

22/10/2005

Mea culpa

« C'est la dissymétrie qui crée le phénomène. » (Pierre Curie)

 

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La culpabilité est liée à l'orgueil, donc à l'Ego, c'est-à-dire à la bêtise, entretenue ou non.

 

Pour qui te prends-tu pour te croire coupable ?

 

Le Mal est une conception puérile, et le Bien, une fadaise pédagogique destinée à maintenir l'humain dans l'enfance.

 

Néanmoins, malgré le spectacle abject de ces infantiles orgueilleux, aux visages empourprés, il faut se garder d'éprouver de la pitié. Car elle-même est bêtise. En effet, celle-ci revient à postuler un sujet sain et virtuel, coexistant parallèlement dans quelque arrière-monde. Cette pitié n'est qu'indulgence effrénée envers soi-même dans ce miroir déformé. Ce qui est indigne et disgracieux.

 

 

21/10/2005

Intermède automatique (4)

« La doctrine du mathème, pour nouvelle qu'elle soit, se révèle alors reposer sur une caractéristique commune à l'ensemble des emprunts, nombreux et variés, que Lacan fait aux lettres mathématiques. Lacan retient dans ces lettres ce qu'elles articulent de suspensif, c'est-à-dire d'impossible : l'infini comme inaccessible, la théorie du nombre comme traversée de la faille incessante du zéro, la topologie comme théorie d'un "n'espace", arrachant la géométrie à toute esthétique transcendantale.

En sommant ces emprunts et en les réduisant à leur caractère commun, on obtient la définition de la mathématique comme science du réel, en tant que le réel dénomme la fonction de l'impossible (S. XX, p. 118). Bien évidemment, le théorème de Gödel sera souvent cité à cet égard, mais on remarquera que Lacan n'en fait pas un usage original. Il se borne à y rapporter ce que tout honnête homme y lit : la démonstration rigoureuse qu'il existe des propositions indécidables en arithmétique. Sensiblement plus structurale, la référence à l'intuitionnisme. Dans la nécessité de n'admettre en mathématique que ce qui se laisse intuitionner comme produit d'une construction positive, Lacan retient moins la doctrine de l'intuition que le rejet de toute démonstration apagogique. L'enjeu est de taille, puisque les philosophes de la mathématique, et notamment le plus récent d'entre eux, ont pu soutenir que la légitimité du raisonnement apagogique touchait à l'essence de la déduction mathématique elle-même. Mais le rejet de Lacan s'explique aisément : l'apagogique repose crucialement sur l'enchaînement des raisons, or un tel enchaînement est le propre de l'imaginaire.

La mathématique disjointe de la déduction et de l'apagogique, réduite à ses seules lettres, voilà ce qui fonctionne de fait dans les références dispersées et multiples à la mathématique ; voilà ce que le mathème donne à lire de manière entièrement explicite ; voilà de plus ce qui semble bien constituer, aux yeux de Lacan, la pertinence de la mathématique à l'égard de la science moderne.» (Milner, L'oeuvre claire)

20/10/2005

Intermède automatique (3)

« Cette confrontation du philosophe "honnête homme" et du philosophe "scélérat" remonte à Platon. Le philosophe honnête homme se prévaut du fait de penser comme de la seule activité valable de son être. Le scélérat qui philosophe n'accorde à la pensée d'autre valeur que de favoriser l'activité de la passion la plus forte ; laquelle aux yeux de l'honnête homme n'est jamais qu'un manque d'être. Mais si la plus grande scélératesse consiste à déguiser sa passion en pensée, le scélérat ne voit jamais dans la pensée de l'honnête homme que le déguisement d'une passion impuissante.

Si l'on veut rendre justice à Sade, il faut prendre au sérieux cette "philosophie scélérate". Car telle que celle-ci se prodigue dans une oeuvre immense, elle trace un sinistre point d'interrogation sur le parti de penser et de décrire un acte, au lieu de le commettre.

Parti pris qui ne tranche pas pour autant le dilemme : comment rendre compte d'un fond de sensibilité irréductible autrement que par les actes qui la trahissent ? Irréductible fond qui ne se peut réfléchir ni ressaisir jamais que dans ces actes exécutés à l'extérieur de la pensée - irréfléchis et insaisissables. » (Klossowski, Le philosophe scélérat)

19/10/2005

Intermède automatique (2)

« La logique n'est jamais, depuis Aristote, que le chiffrage des catégories, le triomphe de la propriété contre l'impropriété. Il faudrait dégager de l'univocité deleuzienne une autre logique ; une logique où, au regard des distributions catégorielles, nous ne pouvons nous contenter des connexions usuelles. Le "et et", le "ou bien ou bien", le "ni ni" : tout cela exténue, dilapide, la puissante neutralité de l'être. Il faudrait penser une surimposition mouvante du et, du ou et du ni, parce qu'on pourrait alors dire : l'être est neutre, de ce que toute conjonction est une disjonction, et de ce que toute négation est une affirmation.

Ce connecteur de neutralité, ce "et-ou-ni", Deleuze l'a nommé synthèse disjonctive. Et il faut dire : l'être, comme puissance neutre, mérite le nom de "vie" parce qu'il est, en tant que relation, le "et-ou-ni", la synthèse disjonctive. Ou encore, aussi bien, l'analyse conjonctive, le "ou-et-ni". La vie est en effet spécifiante et individuante, elle sépare et délie ; mais tout autant elle incorpore, virtualise et conjoint. La vie est le nom de l'être-neutre selon sa logique divergente, selon le "et-ou-ni". Elle est la neutralité créatrice qui se tient au milieu de la synthèse disjonctive et de l'analyse conjonctive.

C'est pourquoi Deleuze est celui qui effectue la plus profonde pensée d'une idée capitale de Nietzsche. Nietzsche souligne que la vie est productrice des écarts de valeur, elle est puissance évaluante et divergence active. Mais, en elle-même, elle est inévaluable et neutre. La valeur de la vie, dit Nietzsche, ne peut être évaluée. Ce qui signifie tout aussi bien : il n'y a pas de vie de la vie ; car ce n'est que d'une point de vue d'une vie que quelque étant est évaluable. C'est cela, l'univocité : il n'y a pas d'être de l'être. Et si le mot "vie" convient comme nom de cette univocité, c'est à partir de cette évidence qu'il ne saurait y avoir de vie de la vie. Il n'y en a que le mouvement, lui-même pensable comme entre-deux des mouvements de l'actualisation et de la virtualisation. C'est pourquoi la puissance de l'être, qui est l'être lui-même, est neutre, impersonnelle, inassignable, indiscernable. Et c'est à ces im-propriétés rassemblées que convient le nom de "vie". » (Badiou, Court traité d'ontologie transitoire)

18/10/2005

Intermède automatique (1)

« La limite, comme non-être, est le cesser du quelque-chose. Mais, en tant qu'elle est essentiellement le cesser de l'autre, alors le quelque-chose est en même temps par sa limite. - L'autre est également non-être du quelque-chose, mais si la limite n'était que que ce non-être, alors quelque-chose cesserait absolument dans sa limite ; mais cette limite n'est non-être du quelque-chose qu'en étant en même temps non-être de l'autre, donc être du quelque-chose.

Maintenant, dans la mesure où quelque-chose, dans sa limite, est et n'est pas, et où ces moments sont pris d'abord en état-de-différenciation immédiat, alors le non-être-là et l'être-là du quelque-chose tombent l'un en dehors de l'autre. Quelque-chose a son être-là en dehors de sa limite ; mais pareillement l'autre aussi, parce qu'il est quelque-chose, est à l'extérieur de cette limite. Elle est le moyen terme des deux, dans lequel ils cessent. Ils ont l'être-là au-delà de l'un et de l'autre et au-delà de leur limite ; la limite, comme le non-être d'un chacun, est l'autre ; chacun a ainsi son être-là en dehors de son non-être. » (Hegel, Science de la logique)

13/10/2005

Face

« Ainsi donc, je suis né virtuellement ruiné. Je n’ai pas à proprement parler ignoré que je ne devais pas attendre d’héritage, et finalement je n’en ai pas eu. » (Debord, Panégyrique)

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« Muad'Dib fut déshérité et il parla pour les déshérités de tous les temps. » (Herbert)

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« Replicants are like any other machine - they're either a benefit or a hazard. If they're a benefit, it's not my problem. » (Dick)

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« D'intenses codages sont raccordés et parfois de sévères mathématiques requises puisque, et en effet, le prix de la victoire sur l'ombre d'un capitaine assoupi mais sempiternel, contre les boulets de cet hippocampe donc, s'avère éternité et absence de chaînes. Toutefois, à l'intention, et pour cause, des esprits chagrins qui la redoutent, rappelons qu'à l'auto-appartenance qui est liberté substantielle, à l'universel donc, nul n'est tenu.» (Anaximandrake, Apnée, note du 31 mai 2005)

 

 

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« Toute philosophie de l'Un est une philosophie ancillaire. Pourquoi ? Parce que pour être en mesure de réciproquer l'Être à l'Un, elle ne peut qu'en différer, mais comme dérivée. Posons un préalable : Spinoza, selon la vulgate, est un philosophe de l'Un-Tout. On rétorquera pourtant que c'est vers l'épicurisme et l'atomisme que tend son système. Car c'est bien plutôt le néo-platonisme qui est philosophie de l'Un-Tout ; c'est la doctrine de l'émanation qui le caractérise en propre. Le Bien et le Mal y sont des principes autophages : l'Absolu s'y dévore lui-même. Psychose et transcendance. Tout différemment, le spinozisme est pure immanence. Le bon et le mauvais ne s'y disent que relativement, mais se distinguent absolument. Voici la différence : la joie n'a pas besoin de la tristesse. La joie comme augmentation de puissance se suffit à elle-même, tandis que la tristesse est servile, liée au manque, c'est-à-dire angoisse. Ainsi Spinoza retire-t-il avec une absolue souveraineté Dieu aux théologiens et à leur engeance, et en fait la pure multiplicité qui n'est multiple que de soi. Son oeuvre, et en particulier les polémiques scolies de l'Ethique, le montre clairement.

 

Non une bipolarité cannibale mais un seul axe : la joie aristocratique comme augmentation de puissance. Cronos émasculé. Qu'est-ce donc que le pouvoir ? Il n'est que le plus bas degré de la puissance, il est la séparation de la puissance d'avec elle-même, séparation d'avec soi et projection de cette séparation. Donc : l'Un est aliénation pure. Ainsi est-il cette instance qui permet aux autres de se relier en un tout. Il y a donc des uns. Ce qui se dit aussi : il n'y a un et autre que si Un occupe la fonction de l'Autre, c'est-à-dire l'Un en tant qu'aliéné. Or, ladite fonction de l'Autre, s'il s'agit de joie, devient celle de la négation. Point de dialectique. La négation de la négation ne donne pas l'identité. C'est l'identité qui se nie en niant. L'être n'est pas devenir, c'est le devenir qui crée l'être. Leur confusion ? C'est l'Ego. Le non-Soi est le lieu de la transcendance aliénée en perpétuelle négation mais, donc, et par suite, de soi-même, c'est-à-dire de son Moi qui est illusion et sa seule substance. Car l'Un est bien une différence pure quelconque, mais celle-ci est sans relation, et conséquemment, sans Soi. Image auto-suffisante. Or l'image, irrémédiablement, est trouée. C'est donc l'épiphanie du processus pervers à l'état pur : l'image identifiée à l'être, la terrible synecdoque. Non-séparation, dévoration, la mort fantasmatiquement niée, avalée. L'immortalité n'est promise aux pervers qu'en échange de leur aliénation absolue. Mais qui la nécessite ? En effet, tout autre est la joie, l'éternité hic et nunc, c'est-à-dire le pur Soi qui advient à la relation de pures différences. Mais, en l'occurrence, sachons nous taire, et laisser aux écrivains qui savent en parler avec grâce, la parole.

 

Mais, à ce qui ne vit que par l'inquisition et la question, il n'y a qu'une seule réponse à faire : "Annule-toi". En effet, cette instance a en réalité pour structure fondamentale un "donc ?" central, question secrète qui est comme le lieu même de la déliaison. Son repérage nécessite un art subtil et dangereux de l'expérimentation. Un art, à vrai dire, intuitif et sophistique. Oui, une maïeutique. Et, là encore, au-delà des fières figures de Lacan et de Socrate, c'est le brillantissime Hippias le maître. Car derrière ce "donc ?" muet comme être du problème, il y a un "qui ?" qu'il s'agissait de mettre au jour. Alors, mais alors seulement, il s'agit, pour les philosophies du multiple et du concept, d'opérer des jonctions logiques (connexions et déconnexions), c'est-à-dire, au sein de l'immanence conquise, de créer des liaisons signifiantes dans des systèmes de relations extérieures à leurs termes. Voilà comment la logique de l'éthique de l'être, en tant que mathématique des intensités, qui est logique de l'auto-appartenance, l'étho-onto-logique donc, peut devenir une pragmatique réelle, c'est-à-dire une philosophie constructiviste entre individus libres. Car, et c'est son honneur, quant à lui, "l'homme libre n'agit jamais par fourberie, mais toujours de bonne foi." (Spinoza) »

 

(Anaximandrake, Soi et non-Soi, note du 6 juin 2005)

 

 

 

12/10/2005

...

« C’était une dérive à grandes journées, où rien ne ressemblait à la veille et qui ne s’arrêtait jamais.

[...]

Mais qu’importe ! Les naufrageurs n’écrivent leur nom que sur l’eau.

[...]

Il n’y aura pour moi ni retour ni réconciliation. La sagesse ne viendra jamais. »

(Debord)

08/10/2005

Eventum tantum

« Je suis exclu de la pureté, parce que je veux posséder celle qui est pure. Je ne puis ne pas désirer la pureté, mais du même coup je suis impur parce que je veux jouir de l'injouissable pureté » (Klossowski, Sade mon prochain

 

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Selon Badiou, la mathématique est l'ontologie. Evidemment, cette thèse est une thèse non sur l'être mais sur le discours. En aucune manière, et notamment celle des pythagoriciens, l'être n'est mathématique. Non, simplement, pour Badiou, ce qui est dicible de l'être est mathématique, c'est-à-dire relève d'une « fidélité déductive sans aura ». Cette fidélité est donc aussi bien une fidélité ontologique qui a pour caractéristique d'être dogmatique, spontanéiste et générique. En ceci, elle peut être dite « paradigme de toute fidélité ».

 

Mais au-delà de l'être, il y a, non l'Un, qui n'est pas, mais l'événement, qui n'est pas non plus. L'événement s'avère fondamentalement rare. En effet, l'événement est forclos de l'ontologie puisqu'il est assignable à « ce qui n'est pas l'être ». Comme dans l'économie de l'inconscient, l'événement « fait retour » dans l'ontologie sous forme de symptôme : l'indécidable. Nonobstant, ce dernier s'oppose à la véridicité qui est critère du savoir, mais pas à la vérité. Car le véridique n'est prédicable que de ce qui peut s'articuler à l'encyclopédie. Sa dissociation d'avec la vérité n'est par conséquent concevable que par le recours à l'indiscernable. De même, elle modélise l'articulation entre représentation et présentation qui est multiple pur sans Un. L'indiscernable consiste, c'est-à-dire qu'il est pur multiple. Bref, il a pour propriété d'être. Voilà le nerf de l'argument ontologique badiousien.

 

Il appert donc que la philosophie, au sein d'un tel dispositif, devient une métaontologie. En fait, Badiou diffère d'un « méta » de Deleuze qui, pour sa part et à la suite de Duns Scot, réciproque philosophie et ontologie. C'est donc tout bonnement dans le « méta » de « métaontologie » que réside la transcendance badiousienne. Sa métaontologie est administration non de la preuve, mais de la vérité. Elle n'est donc pas une logique mais une dialectique. En effet, le générique y est automotion et les principes s'indiscernent des prémisses. Disons-le, Badiou est un peu notre Hegel, mais un Hegel réconcilié avec les mathématiques dans un métaboulisme conforme à l'historial heideggerien.

 

Non, l'événement n'est ni savoir de l'événement ni événement du savoir. Il n'y a pas non plus de vérité de l'événement car une vérité qui n'est pas savoir est d'ordre religieux. En réalité, la fidélité à l'événement est son essence même qui est d'advenir : « éclair du tout », eventum tantum.

 

 

 

Conatus statique

« Il n'y a pas un autre monde. Il n'y a même pas ce monde-ci. [...] Incapable de vivre dans l'instant, seulement dans l'avenir et le passé, dans l'anxiété et le regret ! Or, les théologiens sont formels, c'est cela la condition et la définition même du pécheur. Un homme sans présent. » (Cioran, Ecartèlement)

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« Mars venant se coucher à l'Orient indique un grand Désir de s'engager dans une Occupation quelconque, et pourtant pas. » (Beckett, Murphy)

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« Ça devrait aller, mais non. » (Beckett, L'Innommable)

 

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« L'expérience-limite est celle qui attend cet homme ultime, capable une dernière fois de ne pas s'arrêter à cette suffisance qu'il atteint ; elle est le désir de l'homme sans désir, l'insatisfaction de l'homme qui est satisfait "en tout", le pur défaut, là où il y a cependant accomplissement d'être. » (Blanchot, L'entretien infini)

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« Lorsque la politique a atteint un certain stade de développement où elle n’est plus capable de se développer par elle-même, il éclate une guerre pour lever les obstacles apparus sur le chemin de la politique. » (Mao)

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« Encore faut-il comprendre que ce qui est interdit peut être aussi impossible. Interdire l'impossible, cela peut d'ailleurs désigner ce qu'il en est de la perversion. Car, la levée de l'interdit ne donne pas nécessairement la puissance, elle permet juste à celle-ci de se déployer. Mais pour que celle-ci puisse se déployer, il est aussi nécessaire qu'elle existe. » (Anaximandrake)

 

 

 

05/10/2005

Antimétabolisme aigu

« La métaphoricité est la contamination de la logique et la logique de la contamination. » (Derrida, De la dissémination, Paris, Seuil, 1972, p. 172)

« La philosophie, comme théorie de la métaphore, aura d'abord été une métaphore de la théorie. » (Derrida, Marges, Paris, Minuit, 1972, p. 303)

« Et dans cette fiction de la vérité, Amérique serait le titre d'un nouveau roman pour la déconstruction de l'histoire et l'histoire de la déconstruction. » (Derrida, Mémoires pour Paul de Man, Paris, Galilée, 1988, p. 41)

« Je vous remercie encore de votre patience. » (Derrida, La langue de l'étranger)

 
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« Beaucoup de créatures naquirent avec des faces et des poitrines regardant en différentes directions. » (Empédocle)

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« Socrate je n’ai rien à dire. » (Platon, Criton)